Dimanche 21 octobre 2007 à 19:49

Etant allée avec les prosélytes lyriques faire la queue du petit matin des fana d'opéra, je me suis dit que maintenant que j'avais compris, j'allais faire la maligne en proposant à des amis qui souhaitaient voir Casse-Noisette de venir avec moi faire la queue du petit matin des fana de ballet - que je supposais moins fadas que les fana d'opéra.

Rendez-vous est donc pris avec un seul des amis (pour 7 places à prendre) à 7h devant le 130 rue de Lyon. J'avais l'intention de faire ma grosse maligne comme je vous disais et d'arriver à 6h30 histoire d'avoir l'air plus sérieuse que mon élève-queuiste (?).
Or la veille au soir le baby-sitting prévu s'était terminé bien plus tard que j'aurai cru et je me suis donc couchée à 2h du matin après avoir passé la soirée à lutter contre le sommeil en regardant des trucs tous plus nases les uns que les autres à la télé (ils ont sûrement des dvd mais ils sont dans la chambre de la p'tite, c'est pas une idée ça ! Je vais faire une charte des baby-sitter tiens...) et j'ai réglé mon réveil sur 6h, ouh ! Rien que d'y penser c'est désagréable.

J'ai donc repris conscience après ma nuit, recroquevillée sous ma couette, mon portable dans les mains en train de me dire : il faut que j'attende qu'il sonne pour me lever, il faut que j'attende qu'il sonne pour me lever !
   Et puis une petite voix au fond m'a dit : il a déjà sonné, tu l'as éteint et tu as refermé les yeux en te donnant quelques minutes...
Il était 7h45 ... tacastrophe !
Je saute dans mes vêtements, attrape mon sac mon manteau dévale les escaliers en allumant le portable ; je prends un vélib ou pas ; nan ; 2 messages du copain sur le répondeur : il m'attend, il a froid. Oui c'est ça il est au bon endroit.
A 8h moins 2 je surgis du métro, m'effondre en excuses devant lui qui du coup s'amuse beaucoup de mon désarroi, le méchant !  

Je prends alors mon ticket, n°34, lui a le 27 en étant arrivé à 7h10 à peu près, c'est confirmé, ils sont moins fadas que pour l'opéra [petit rappel : pour Tosca, arrivée à 6h30 j'ai eu le n°48... mais le ticket était plus joli!]
Je repère Madame Abricot, toujours présente, avec ses abricots secs délicieux qu'elle nous offre gracieusement :o) Et puis la mère d'une amie qui vient prendre des places pour ses petites-filles...
Après l'appel de 8h on va prendre un petit-dèj rempli de programmation de concerts et d'idées de sorties, on revient pour 9h, appel, lui doit partir à 9h30 pour cause de cours à 10h, j'ai donc effrontément sollicité ma Môman pour assurer la fin de l'opération.
A 9h30 les gens sont en train de se mettre en place en ordre devant la porte, je me retrouve toute seule avec les 2 tickets et une furieuse envie d'aller au toilettes. Je vais donc au très chic "Les Grandes Marches" qui jouxte l'opéra et commande même un petit café au bar pour me donner bonne contenance et parce que la fatigue commence à se faire sentir

                            et c'est là que j'ai fait ma grosse erreur (maline que je suis donc)
                                 j'ai cru qu'ils nous faisaient rentrer à 10h.
Et non !
Ainsi quand je suis revenue de ma pause tout le monde était rentré et je me suis retrouvée avec le ticket officiel numéroté 84 ! ARGH

Là j'étais vraiment catastrophée pour le coup, j'étais censée prendre 7 places bien positionnées à 18euros et tout était sérieusement remis en cause...
Après avoir tourné en rond, demandé poliment un autre ticket au monsieur-des-tickets qui me l'a bien entendu refusé (mais faut pas demander m'a dit Madame Abricot ! Mon éducation me perdra), après m'être assuré que c'était bien limité à 4 places par personnes j'ai eu une première chance : 
   une dame a finalement quitté l'opéra et a donné son ticket au monsieur avec qui je discutais, que ça n'intéressais pas... bingo, je me retrouve avec le ticket 45. Déjà 4 places plus ou moins assurées. 
Madame Abricot passait dans les 1ers, elle prenait 3 places, elle voulait donc bien en demander au moins une de rab, et la mère de mon amie en prenait déjà 4 mais elle tentera quand même.
Elles partent toutes les deux dans le 1er lot, ma maman arrive avec qui je prend un 2ème café dans les thermos mis à notre disposition par l'opéra et mes deux salvatrices reviennent avec chacune 2 places au bon endroit au bon moment !
Sauvés  !

Ma maman peut repartir, je fais tranquillement la queue pour acheter les 3 places nécessaires, il ne me reste qu'à annoncer au copain qu'il est quasiment venu pour rien ; mais il ne sera pas faché, il s'est bien amusé ... :o)

Et pendant toute cette matinée d'attente et de lutte avec pour toute réserve mes 4 pauvres heures de sommeil j'ai trouvé : Chondre me fait penser à Daniel Craig , et Kozlika à Valérie Fayet

nan ça ne me vaut vraiment rien de me lever à des heures pareilles.

 

Samedi 6 octobre 2007 à 17:57


Vendredi 5
1ère de Roméo&Juliette à Bastille, opéra-ballet, nouvelle chorégaphie d'une nana connue - pas par moi bien sûr - sur une oeuvre de Berlioz, mmh, c'est tentant.
   Je n'ai pas de billet bien sûr, je me pointe à 18h pour faire la queue, y'a pas trop de monde, quelques personnes viennent revendre leur(s) billet(s) en trop, ça me passe sous le nez ; je comprends vite qu'en fait ça ne vaut pas le coup de faire la queue spécial étudiant, je change, et me retrouve à 19h avec une des dernières places à 20 euros.

   Un petit cookie du Starbuck de la rue de Faubourg St-Antoine pour tenir le coup - je sais c'est pas raisonnable, mais j'ai acheté un jus de fruit aussi... lol
Me voilà à ma place, au dernier rang assis, quand même raisonnablement au milieu de la salle en largeur, avec un mur à ma gauche pour m'affaler, ça c'est bien. J'échange quelques mots avec une étudiante brésilienne que j'ai vue faire la queue aussi, j'envoie un rapide texto pour prévenir la famille qu'ils m'attendent pas pour dîner, c'est parti.

 

Chef d'orchestre, ouverture, et tout de suite presque, déjà, les danseurs déboulent de tous les coins de la scène, tout le monde pieds nus, les uns en noir les autres en blanc, ça court dans tous les sens, ben c'est agité Vérone dis donc, ah ben oui ils se faisaient la guerre entre familles c'est vrai. Apparement y'en a même un qui est mort là, la famille noire est très triste, bon.
C'est joli à regarder quand même, c'est très fluide, se font et se défont des groupes de danseurs, ça tourne dans tous les sens, ça court encore, comment est-ce qu'ils se souviennent de tout ça ?
   Ah, une chanteuse, je sais plus ce qu'elle a raconté, ça danse toujours, ça chante toujours, quelques passages presque a capella, on entend le choeur au loin derrière, les pauvres, pourquoi est-ce qu'ils sont toujours cachés derrière ?
   J'essaye de repérer qui fait Roméo et Juliette dans les danseurs, c'est ceux en gris là ? ch'pô
Bon, la chanteuse revient encore...
Nous on veut Yann Beuron, Yann Beuron, Yann Beuron !
   aaaah, le voilà ! Tout en noir, il a apparement bénéficié de cours de danse, il fait quelques mouvements pour être dans le coup, c'est pas si mal franchement, l'ensemble est harmonieux.

Je vous passe le décor, difficile à décrire, genre d'épaisse "feuille de papier" blanche qui serait pliée en deux mais pas bord à bord, donc ça fait une pointe devant. Et puis c'est en pente pasque c'est plus épais derrière. Et d'ailleurs ça va se déplier ou se replier plusieurs fois...

Aperçu vidéo sur le site de l'opéra 

Yann Beuron est reparti, ce sera sa seule apparition, bouh, y'en a qui vont être déçu(e)s !
   Ah ben voilà Roméo ! Pantalon noir et chemise blanche, il se livre à une jolie danse d'abord seul, comme s'il rêvait, puis avec ses deux amis auxquels il ne prête que peu d'attention, eux ont l'air de mecs un peu relou à côté du doux rêveur... Ils mettent des masques, et s'introduisent à une fête, une fête très paillette, tout le monde est maniéré, masqué, ça mange et ça boit terriblement. Roméo rêve toujours, une jeune fille intriguée s'approche de lui, ils danseront ensemble toute la soirée. 
Walala, tout le monde a vraiment trop bu là, ça devient n'importe quoi, pendant une crise de fou rire générale, Roméo s'eclipse, il ne veut probablement pas être vu complétement bourré de sa bien-aimée, ça c'est un gentleman.
Les invités s'en vont ailleurs, on dit au revoir à la maîtresse des lieux et Juliette perdue tourne et se retourne à la recherche du cher visage et décide de rester seule sur les lieux.
Elle se change, et Roméo revient, qui s'est changé aussi, moins tape à l'oeil, moins habit de soirée ; Juliette porte comme une petite robe d'été (un peu genre Lisl dans la Mélodie du Bonheur en moins froufroutant), et commence alors leur magnifique pas de deux de passion débutante, très joli, très simple, très pur, très émouvant.
   C'est fluide, c'est beau, ils jouent. Un premier baiser est échangé, seul moment de la pièce je crois où rien ne bouge.

Mais le décor se déplie, et Juliette se retouve hors de portée de Roméo.
Quelque temps avant les invités sont repassés par là, ils avaient dû aller en boîte, ils ont traversé la scène complètement stone, très loin de la réalité physique des deux amoureux.

Et puis ça court encore en tous sens ; sur le haut du décor, un homme en habit noir noue les mains des amants, il doit être en train de les marier.

Le décor se déplie encore, ça fait un mur presque vertical. Roméo avec une longue veste noire à mi-mollet arrive seul et essaye de grimper. Mais c'est trop raide, ça glisse. Il re-tente, il dévale la pente, encore, on entend ses pieds crisser sur le décor ; je ne comprends pas bien - d'ailleurs j'avais pas encore pigé que c'était re-Roméo... - il a de plus en plus de mal, il se relève plus difficilement ; ah il est épuisé c'est ça l'idée ? D'accord, oui on le sent, Roméo n'en peux plus, il est désespéré, que se passe-t-il ? Il s'écroule une dernière fois, masse noire écrasée au bas du mur blanc.

Et puis le décor se remet en place, avec un rectangle de cailloux au milieu, voilà la famille blanche, aïe, Juliette n'a pas l'air en forme, on la porte, se réalise alors une danse sans que la danseuse n'agisse, toute de blanc vêtue elle se laisse balancer, balante. Les danseurs au fond se plient et se déplient, ça m'évoque je crois les parades des cartes à jouer à la fin d'Alice au Pays des Merveilles. Les choeurs sont là pour pleurer la belle enfant, on l'allonge sur les pierres ; fichtre, mais c'est qu'elle est bien morte ! (oui je ne me rappelais plus exactement de l'histoire, scusez)

Pendant la nuit trois gars viennent avec des sacs et achèvent d'ensevelir la jeune fille, on ne devine plus que les pieds et les cheveux.
Et voilà Roméo, l'amour effondré sur la tombe, il veut la contempler encore, dégage son visage, sa main pour qu'elle le caresse, il l'embrasse aussi. Et Juliette se dresse sur son séant, lui tend les bras, ô joie ! J'y ai vraiment cru ! (ben je savais plus je vous dit). J'ai cru d'abord d'ailleurs qu'ils étaient morts tous les deux et que c'est pour cette raison qu'ils pouvaient de nouveau se retrouver...

Ils dansent encore, sa robe s'est un peu déchirée quand elle est sortie des pierres - ça c'était pas prévu je pense - du coup elle tient un lambeau à la main, sa main qui est sur le visage de Roméo, mais Roméo s'écroule (pile sur les graviers c'est bien fait hein ?) effroi abolu.
Juliette essaye bien, elle refait une caresse de leur premier rendez-vous, mais rien n'y fait, alors elle l'embrasse fougueusement - y'a eu un sursaut dans la salle je crois - et s'allonge dans ses bras.

Bien sûr les familles sont pas contentes et se font la tête chacune d'un côté de la "scène"
Mais voilà le prêtre, qui est en fait un chanteur, et qui explique d'une belle voix de basse (avec des petits mouvements chorégraphiques à faire lui aussi) que Juliette était l'épouse de Roméo.
Il les exhorte à faire la paix, à arrêter l'horreur de cette guerre inutile... enfin plein de trucs très bien j'ai pas tout retenu.

C'était vraiment beau, je crois que c'est la première fois que je comprends aussi bien un ballet (bon j'y vais pas des masses j'avoue). C'était ni vieux classique ni affreusement contemporain, c'était étrange toujours pour moi qui ne suis que peu habituée à ce mode d'expression physique, mais j'ai vraiment aimé.
Le plus drôle ça a été les danseurs "non-vedettes" qui voulaient absoluement aller saluer et s'avançaient presque toujours en même temps que la 1ère ligne des 3 chanteurs, 2 danseurs principaux
(Aurélie Dupont et Hervé Moreau pour la première) et de la chorégraphe (Sasha Waltz).

Et n'empêche qu'il faudrait peut-être creuser un peu dans les potins des danseurs de l'Opéra, mais je me demande si y'a pas quéquchose entre les deux étoiles...

   (et d'abord moi j'étais là le jour où Hervé Moreau a été nommé danseur étoile alors...)

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