Lundi 22 septembre 2008 à 15:25

De temps en temps au détour d'un livre, d'un article, d'une quatrième de couverture ou bien même de quelques lignes ici où là, on tombe sur une phrase qui vous paraît une fleur, ou une clef, ou un grand soulagement. Quelqu'un a réussi à formuler, net et clair, ce qui n'était encore qu'un gribouillis noir et mouvant dans votre esprit. Merci quelqu'un. Ca me gagne un temps fou ! Pis je l'aurai pas aussi bien dit.



le complexe rapport de tout enfant à l'amour maternel, objet d'éternel quête et fardeau si lourd à porter
j'ai noté juste cette phrase au dos d'un livre devant un bouquiniste, je n'ai pas le titre du bouquin !


les méchants sont sympathiques et les gentils font plein d'erreurs

chez Incompréhensions


des chemins qui finissent sans aboutir

Mémoires d'Hadrien


"Aller droit au but" : tel paraît être le mot d'ordre de nos sociétés modernes. A l'heure du TGV, d'Internet et du GPS, le détour est perçu comme une perte de temps, une errance inutile, voire une fuite.
A bien des égards, il est pourtant essentiel à notre humaine condition. En effet, l'individu peut-il se construire et s'enrichir s'il ne sait pas s'éloigner des chemins balisés . Le général d'armée parvient-il à tromper son adversaire s'il ne maîtrise pas la feinte ? Et l'amoureux réussit-il à séduire sans artifices ? Bien plus, peut-on apprécier la vie sans prendre le temps de goûter ses plaisirs ?
Et si le détour était finalement le meilleur moyen de ne pas se perdre...
Anthologie "étonnants classiques" Le détour

 

Vendredi 19 septembre 2008 à 13:09

Hop, je l'avais un peu vu arriver mais j'en suis tout à fait contente, ça me plaît bien comme tag

1 - Citer la personne qui nous a taggée
2 - Indiquer le règlement
3 - Choisir un livre, l'ouvrir à la page 123
4 - Recopier à la 5ème ligne les 5 lignes suivantes
5 - Indiquer titre, auteur, éditeur, année d'édition
6 - Tagger 4 personnes.

Alors je cite, c'est Incompréhensions qui s'est dit que ça m'occuperait. C'est vrai d'ailleurs.
Vous avez toutes les règles ci-dessus.
Et là je choisis quand même le bouquin que je suis en train de lire, même si ce petit passage-là est bien trop court pour donner la mesure du livre entier, qui me fait un bien fou.

"[...] d'ailleurs modifié en rien l'éternelle licence de moeurs du
petit peuple, ni la perpétuelle pruderie bourgeoise, et
le temps seul les prouvera durables. La faiblesse des
femmes, comme celle des esclaves, tient à leur condition
légale ; leur force prend sa revanche dans les petites
[...]"


Mémoires d'Hadrien, écrit par Plon chez Marguerite Yourcenar - à moins que ce ne soit l'inverse - 1952.

Et il a été tiré de cet ouvrage 13 exemplaires sur papier pur fil, des papeteries Lafuma, à Voiron. M.Lafuma étant mon mien arrière-grand-père, c'est la classe.



Et donc je passe le bébé : à Melle Moi par exemple, pour qu'elle ait à s'occuper en rentrant,
à Nim, à Goon pour que je puisse lire les textes sans m'inquiéter, et à Orignal, s'il passe encore sur ce blog. 



*

Jeudi 11 septembre 2008 à 19:53

I knew it.
J'avais même essayé de l'expliquer, au début, à copain malheureusement plus fan d'informatique que de musique qui me vantait les mérites du MP3 : "mais, si comme tu me l'expliques, tout le génie du truc est qu'il tient moins de place, et que pour ce faire on coupe des bouts à l'intérieur, alors ces bouts, ils manquent !".
Mais non m'avait-il dit.

Quand même, j'étais restée perplexe.
Avec un gros bon sens de base je me disais bien que si on enlevait des choses, c'était plus pareil.

J'utilise mon lecteur mp3 par périodes. Et par moment je ne le supporte pas bien. Il y a des jours où l'idée de m'infliger cette pâle copie de ce qu'est un son, phénomène normalement éminemment physique, est insupportable.
J'ai donc été triomphante et relativement soulagée de découvrir dans le Monde2 n°237, du 30 août, un article intitulé "le mp3 mutile le son et l'audition.

> "le format musical numérique favori d'internet représente un bien étrange progrès puisque ces qualités sonores sont inférieures, quoi qu'en pensent les inconditionnels, à celles du bon vieux CD. Et pour ne rien arranger, le mp3, couplé à d'autres manipulations phoniques à la mode, rend sourd."

Paf.

L'article rappelle que tous les débats qui ont pu avoir lieu sur ce format "ne se sont focalisés que sur les problèmes juridiques [qu'il] soulève." Droit d'auteur et piratage par exemple. On en a oublié les aspects sanitaires, techniques, et surtout même celui de la qualité musicale !
En fait, le principal (et seul ?) atout du mp3, c'est que c'est "pratique".
"Avant [...] le culte de la hi-fi et du "beau son" [...] supposait l'acquisition d'un matériel souvent volumineux et les sacrifices financiers qui allaient avec [...] avec cette illusion naïve et belle de toucher à la meilleure reproduction sonore possible."
(bon je voulais faire un truc intelligent, mais je vais surtout citer/reformuler l'article pour faire un peu plus court, mais allez le lire en entier !)
Eh oui, "l'écoute était une activité noble à laquelle on sacrifiait du temps. Aujourd'hui s'installe une "écoute nomade" de la musique", car grâce à sa capacité de stockage, le mp3 permet une chose nouvelle - et qui semble être son but - "l'accumulation furtive, c'est-à-dire la capacité à posséder toujours plus de musique mais à en profiter toujours moins, puisque désormais le temps de l'écoute se superpose à d'autres occupations."

Et c'est maintenant qu'on comprend mieux :
"Le mp3 est juste un format d'encodage des données audio permettant de diviser par dix le poids d'un fichier informatique. Ainsi dématérialisée, la musique peut plus vite d'ordinateur à fichier à baladeur numérique. Mais au prix d'une mutilation indiscutable du signal d'origine et d'une perte de qualité drastique. C'est ce qu'explique Lionel Risler, l'un des ingénieurs du son les plus respectés pour son travail d'orfèvre en matière de restauration d'anciens enregistrements : "Dans le cas du mp3, on choisit arbitrairement d'enlever du signal tout ce qui est constitué comme superflu. Mais sur des critères très discutables. On réduit les informations pour gagner de la place de stockage."
Cette compression des données, qui a aussi ses partisans, s'ajoute à un autre traitement du son, pratique depuis bien longtemps dans les musiques populaires : la compression dynamique. Schématiquement, la compression dynamique consiste à relever les niveaux faibles et à abaisser les niveaux forts, bref à gommer les contrastes qui donnent tout son relief à la musique. L'intérêt ? Réduire le volume d'informations, en vue d'un stockage ou d'une diffusion sur une bande passante limitée - radio ou Internet par exemple -, tout en induisant une sensation de puissance sonore, partiellement artificielle."

S'ensuit un certain nombre de considérations acoustiques d'où il ressort que ces manipulations nous poussent à écouter plus fort pour retrouver des contrastes, et ça c'est pas bien pour les oreilles. Et ne croyez pas que ça se sache tant que ça, Melle Moi donnait l'année dernière des cours de phonétique dans lesquels elle a expliqué le fonctionnement de l'oreille externe/moyenne/interne ; et ses étudiants ont compris ce jour-là (enfin on espère) que non, la musique trop forte qui abîme irrémédiablement  les cellules cilliées de l'oreille interne, ce n'est pas une légende urbaine inventée par les parents !! (sic).    
Pour faire mes études tout près de ces sphères-là je vous le dis : audio-prothésiste est un métier d'avenir !

Petit exemple tiré du même article résultant d'études et de "mesures sur l'évolution de la compression dynamique en trente ans. le résultat est édifiant : le morceau Rock and Roll de Led Zeppelin, perçu au début des années 1970 comme l'une des choses les plus violentes jamais enregistrées, n'est que faiblement compressé en comparaison de... Quelqu'un m'a dit, premier tube de Carla Bruni."

Alors, pour sauver la musique, amas de sons réellement et physiquement produits qui répond aux lois de l'acoustique, n'utilisez votre mp3 que comme un baladeur, et pas trop fort ! 
   (ceci dit, c'est vrai qu'on se met à faire des prothèse auditives design :o)
Pour appréciez les qualités d'un morceau, trouvez un autre moyen.  


*

Mardi 9 septembre 2008 à 12:23

Vendredi après-midi, effondrée dans l'escalier, petit tas humide secoué de spasmes et de soupirs et de sanglots. Ne plus s'arrêter, ne plus pouvoir formuler, juste la certitude que ça ne va pas, qu'il y a injustice, et que c'est tellement douloureux. Pleurer encore, intarissable, vouloir hurler, frapper, m'imaginer devant eux et réussir à dire, vouloir briser une vitre, renverser une lampe, faire des éclats, du dégât, et hurler comme un enfant, un petit enfant qui ne comprend pas, ne comprend plus, qui n'a plus que ça, qui ne le fait même plus exprès, l'enfant qui ne s'arrête pas, terrifié, terrorisé par le monde si mal fait, par le sentiment d'injustice qui lui fend l'âme, il hurle à la mort on ne sait plus l'arrêter, quoi lui dire, lui faire, on ne comprend pas. Il hurle pour maintenir la peur à distance, mais elle l'agrippe, l'angoisse de la suite, vouloir se vider complètement, disparaître peut-être, quand on sait mieux qu'autre chose qu'on est en vie et qu'on endure.
Et la certitude, conférée sûrement par leur éducation, insupportable, qui m'enferme, me cadenasse et rend le reste tellement pire, que j'exagère, que c'est un caprice inique, qu'il est absolument ridicule et anormal de rêver de ça, de penser qu'en dépend ma survie physique et  mentale au moins pour le moment. Et savoir qu'elle aura tout, tout ça en bien mieux, à cause des circonstances.
Hurler, caprice, ne plus savoir par où sortir, perdue.  
Pour me venger je claque des portes, je prends des douches interminables où je fais couler l'eau chaude pendant 35 minutes, je refuse de manger, assise à table je fixe mon assiette en manipulant la salière je lui fais faire des bruits sinistres et répétitifs.
Et je me barricade, et je n'écoute plus que le 1er concerto pour violoncelle de Chostakovitch, très très fort, pour que le frottement de l'archet fasse vibrer le bois du lit sur mon dos.


Samedi soir ils sont montés à ma suite, ils se sont assis sur le tapis, contre la commode. Je me suis recroquevillée dans le coin de mon lit, dans l'angle de la pièce, l'oreiller serré dans mes bras. J'ai regardé droit devant moi et j'ai réussi à faire des bouts de phrases en vrac, malgré ce qui ruisselait encore.
Ils ont réussi à comprendre de quoi je parlais, à cerner trois problèmes différents. Ils ont mieux compris que la dernière fois, l'horizon s'est adouci, le ciel s'est éclairci, un peu. Matériellement ça reste ce que c'est, mais de savoir que ça ne leur paraît pas un caprice, it means the world to me.


 L'étreinte de tout ça sur mon esprit s'est relâchée, et il est reparti vagabonder vers le Tiergaten. Mais les songes se font plus difficiles, souffle contre moi un fort vent d'est. Que s'est-il passé cette semaine, j'échaffaude des hypothèses inquiétantes. Mais lutter contre l'espoir est trop difficile, je sais maintenant que j'y retourne bientôt, j'imagine le meilleur. Pourtant je sais, oh que je sais, que plus c'est haut plus la chute est douloureuse. Ce sera long et pénible, et gênant et plein d'autres choses. Mais je ne peux pas encore lâcher, laissez-moi rêver encore, un tout petit peu.


Samedi 6 septembre 2008 à 0:44

Je crois que j'ai compris pourquoi les gens fument. Pasque c'est beaucoup plus pratique. Ben oui, c'est dix mille fois plus simple. Ca prend pas de place, le paquet, le briquet, hop. On peut faire ça n'importe quand et quasiment n'importe où - oui bon on sait ça se restreint vous êtes brimés c'est terrible - mais il suffit de trouver un petit coin à l'air libre et vous êtes soulagé de votre manque.

Pasque moi par exemple, je ne fume pas, mais à 7 ans on m'a mise au piano.
Mon Papa m'a prise entre quatre zyeux, il a dit "bon maintenant tu sais lire, tu ne confondras pas les lettres de l'alphabet avec les notes de musique, tu fais du piano."
"Ne nous fâchons pas ! J'aurai préféré du violoncelle ou de la flûte traversière - pourquoi diable ? - mais bon d'accord..."

Et j'ai commencé, j'ai appris laborieusement le solfège, point trop n'en faut, les gammes, l'indépendance des mains, les doigtés. J'ai changé de prof au gré des déménagements, j'ai fait des morceaux de plus en plus longs, j'ai appris à m'échauffer, à refaire cent fois les deux mêmes mesures, puis à rajouter celle d'avant sans m'énerver et tout enchaîner. A utiliser la pédale. A travailler au métronome, à maîtriser un passage à un tempo bien supérieur à celui visé, et aussi - le secret - à ne pas oublier de travailler à un tempo bien inférieur. J'ai compris que mettre des mots peut aider à faire sortir la musique mais que la grandeur de la musique c'est qu'il n'y a pas les mots. J'ai appris à faire bouger chacun de mes 10 doigts en indépendance et en autonomie presque parfaite, à n'utiliser que l'articulation main-doigt et ne pas bloquer plus haut, à jouer très fort et très doucement, à engager plus de force d'énergie et de muscle quand c'est nécessaire et à pouvoir me défouler en jouant comme on hurle.

Bon ça suffit pas pour être concertiste, ni même pour jouer particulièrement bien non plus. Il n'y a écrit nulle part que je travaillais beaucoup hein.

Mais voilà, aujourd'hui, si je n'ai pas de piano pendant 15 jours et ben ça me manque.
Ca me pèse, il y a quelque chose qui ne peut plus sortir, les doigts sont tout frustrés... D'ailleurs c'est même le fait physique de jouer qui me soulage plus que la qualité de la musique qui sort, c'est encore autre chose.

Or, amis fumeurs compatissez, il est beaucoup plus difficile de jouer un bon coup que d'aller s'en griller une.
L'objet est moins transportable, un synthétiseur me fait l'effet que vous fait une cigarette en chocolat, et si vous avez ce qu'il faut les voisins sont rarement ravis que ça vous prenne à n'importe quelle heure.
Mais inévitablement, si vacances qui dépassent les 10 jours dans un endroit non pourvu, s'installe un véritable sentiment de besoin, urgent même, de dépendance de mes petits doigts à cette cavalcade organisée. 

C'est là que j'ai beaucoup aimé le film "de battre mon coeur s'est arrêté".
C'est drôle, les amis musiciens qui l'ont vu ont trouvé qu'il y avait beaucoup trop de digressions ailleurs, et les autres qu'il y avait beaucoup trop de piano. "On le voit jouer pendant des heures, c'est chiant !"
Et oui il joue pendant - n'exagérons pas - des quarts d'heure, et mal en plus. Enfin mal, ce n'est pas du tout satisfaisant. Mais c'est qu'il retrouve après de longues années cette sensation physique de faire de la musique, et il ne comprend pas, c'est dur, alors il se tend, il force, il hurle et s'énerve. Mais c'est qu'il avait cru comprendre que dans la vie on obtient tout avec la force, en criant, en trichant...
Pas quand on pose ses doigts sur un clavier. On a besoin de ses muscles, mais pas n'importe comment ; on met de la force mais pas n'importe quand ; on travaille pour avancer mais la patience importe plus que les cris.
Et toutes ces vérités retrouvées s'installent dans son esprit, il se sent mieux dans la vie un peu. Bon il est encore fier et arrogant, alors il va à un concours, persuadé que ça passera les doigts dans le nez.
Et bien c'est pire que tout. Le piano lui fout une claque énorme. Mais l'instrument le reflète juste lui. Il n'avait pas suffisement travaillé, il a stressé malgré lui, et la perte de l'état de grâce non soutenue par un travail hyper-solide ça ne pardonne pas. La honte absolue, il ne peut même pas jouer correctement les premières mesures, les doigts rippent, ricochent, refusent de se souvenir, sortie de route.
Et ça c'est très vrai aussi.
Mais ce travail au piano le fait renaître un peu, le relie à la mémoire de sa mère, et lui rappelle le goût de l'effort pour un résultat meilleur, pour la musique.
Et quand son copain-collègue appelle ça un loisir, un défoulement, une occupation, au même titre que s'envoyer en l'air, il comprend qu'il n'a plus envie de le voir. Jamais.

  

Ma chûte ça devait être que j'ai réalisé comme ça qu'on pouvait en fait être dépendant d'à peu près tout et n'importe quoi. Puisque ça nous manque. Des bruits, même a priori désagréables, le journal ou le café du matin, telle petite habitude dont on peut se passer mais en découvrant qu'elle nous manque, la lecture de certains blogs, des personnes aussi bien sûr...
Et à l'inverse, on peut réaliser avec surprise que d'autres choses ne nous manquent pas. Et là dedans il y a aussi des personnes des fois, même que ça serait gênant de l'avouer. t..t..t, pas de chichi, pendant les vacances il y a sûrement des gens à qui vous n'avez pas pensé ;o) 


*

Créer un podcast