Samedi 28 février 2009 à 23:01

Mardi 17 j'ai cours de chant, on trouve un morceau de Mendelssohn, un Brahms. Et puis j'ai rendez-vous chez le docteur à oreilles, je sais plus très bien ce que je lui raconte, il dit qu'il faut vraiment que je me décide/sache/cherche ce que je fais l'année prochaine. Ca m'aidera sûrement à finir cette année diplômante sans trop d'angoisses et sans risquer de me saborder.

Se rendre compte avec bonheur qu'à 18h il ne fait plus déjà nuit, et sentir même du soleil, du vrai soleil qui éclaire et qui chauffe même, par plaques jaunes, j'avais oublié ce que c'était.
Fidèle à son habitude, vers minuit et demie, ma voisine allume sa télévision. Fort. Malgré des boules Quies, j'entends toujours une bonne partie du son, assorti des vibrations, j'estime alors que l'indisposition sonore est suffisante pour justifier une montée rapide, pieds nus (dans les courants d'air), à l'étage supérieur. 
Pfff cet immeuble. Les ondes wifi ne passent pas un étage à l'autre, mais les génériques d'émission télé, sans problèmes.

Mercredi 18 ma mère nous invite à déjeuner avec ma soeur dans un bistrot où elle prend son café-du-lundi-matin avec ses copines. C'est bon, mais j'ai du mal à finir, j'ai encore du m'empiffrer de je ne sais quelle cochonnerie juste avant d'arriver. Incapable de profiter d'un bon repas.

Jeudi 19 internet est enfin installé, et je reçois même mon premier coup de fil, un vieux monsieur qui a dû chercher dans l'annuaire - la ligne est au nom de la copine dont la mère est locataire principale - et connait apparemment une homonyme, dont le nom de jeune fille... et le prénom de son père... J'essaye de lui dire que celle que je connais a une petite vingtaine d'année, B. est toujours son nom de jeune fille :o)
Je passe chez une des médecins qui participe à mon mémoire, elle est pas d'accord avec la forme du questionnaire médecin, elle n'est pas la première à me le dire, mais c'est un outil médical étalonné, élaboré par des spécialistes, je l'utilise avec le feu vert de ma directrice, je peux pas refaire un questionnaire ! Une de mes amies est venue sans sa partie du questionnaire, il semble que ce soit ma faute. Bon. J'ai l'impression d'arriver un peu mieux aujourd'hui à me dire que c'est mon interlocuteur qui fait passer ça dans son ton, mais que je ne suis pas obligé de le croire !
VRB musical à Château Rouge, c'est un peu bruyant avant que les vrais musiciens n'arrivent, il faut crier je sais plus quoi dès qu'il y a un larsen, les chansons sont plutôt sympas (je vais vous retrouver le myspace d'ici peu). On essaie quelques shot à la vodka, et je me fais offrir une bière par Thomas. Alecska rentre tôt chez elle, et avec le sus-dit et Melle Moi nous décidons d'aller manger de la pizza ailleurs. A un endroit où les serveurs sont plein d'initiatives, et lisent Courrier International.  

Vendredi matin je visais d'être à 10h à la Bibliothèque Inter Universitaire de Médecine (nom de plume : BIUM), et en sortant du métro Odéon à 11h30, je crois bien que j'ai vu Marc Callahan. Comment ça qui est Marc Callahan ? Vous n'avez pas lu mon billet de janvier dernier que je n'ai pas écrit ? Shocking. C'est un chanteur. Et il jouait Bobinet dans une très bonne production de la Vie Parisienne d'Offenbach pour laquelle j'avais l'intention de vous faire partager mon enthousiasme.
Alors je l'ai vu là avec un ami, tous les deux avec des bonnes têtes d'anglo-saxon, je suis presque sûre que c'était lui. Et j'étais toute émoustillée pendant quelques secondes (pasqu'il est pas désagréable à regarder l'animal), mais je n'ai finalement rien demandé, j'étais un peu perplexe sur le tour que ça prendrait :
 - Vous êtes bien Marc Callahan ?
     - Non pas du tout
     - Ah pardon, excusez-moi, erreur, bonne journée
***
     - Oui tout à fait
     - Ah! Ben c'est bien. Continuez.
Bref, je n'ai rien demandé.
En travaillant un peu pour la première fois depuis longtemps je crois, j'ai ressenti des choses bizarres. Cette impression du "il suffisait de s'y mettre", et la sensation étrange, comme un silence après beaucoup de bruit, d'avoir réussi à "débrancher la machine" comme disait Melle Moi quelque part. Se souvenir un peu de comment on fait ça, de comment c'était parti, et pourquoi à un moment j'en avais marre de débrancher. L'impression que c'est le travail ou la pensée/refléxion. Ma refléxion est drôlement désorganisée, elle court dans tous les sens, elle me fatigue. Mais la faire taire pour travailler me paraissait une honte, l'homme est un être de pensée, et il en bride la plus grande partie pour accomplir des choses minimales. Et en même temps qu'elle est difficile à organiser !
Et puis je suis retombée sur ce mot que j'avais déjà croisé, et qui m'a fendue d'un large sourire dans la sérieuse BIUM : nycthémère !

Samedi 21 les petits cousins qui arrivent de Bodeaux. Mon père a promis d'aller les chercher à la gare en voiture pour l'occasion. On fait un tour par la Tour Eiffel, les quais de la Seine. S'émerveiller avec eux de cette ville immense où chaque bâtiment pourant accolé aux autres recèle des surprises, cette ville dont on connaît si mal des quartiers entiers, où la perspective semble se construire au loin comme dans les jeux de courses de voitures. Quelle drôle de chose !
Aviron, fatiguée, un peu grognon, énervée par les grognements des autres ou leurs erreurs techniques je fomente des vengeances. Déjà je fous rien, "rien dans l'eau" comme on dit, je fais le geste mais n'y mets point trop d'énergie, c'est pas moi qui ai fait avancer le bateau ce jour-là.

Dimanche soir manger tous ensemble une dernière fois, avec le gâteau au chocolat recette familiale fait par Little Boy avec ma soeur et ma mère. Il s'étonne de la crème anglaise, puis se garde une deuxième part pour le lendemain matin :o) 

Lundi partir en voiture vers l'Isère.
Quelques jours au loin, dans la maison de famille encore fraîche même si le chauffage a été allumé la veille. Juste avec mes parents. "Vacances" où je me suis levée bien plus tôt que dans mes jours parisiens. Retrouver un rythme normal. Un rythme familial. Et voir que ce n'est pas sorvcier. Et que c'est même mieux que ça. Mon cerveau se remet à vouloir penser la vie et l'univers et il n'y arrive toujours pas mieux. Il y a trop de branches, de fils, de biais, de systèmes, je me perds dans ma propre refléxion, et je vois tant de choses que je ne sais pas ! Que je ne connais pas ! Et encore tout ce que je ne vois ni n'imagine. Quelles lacunes.
C'est pas grave, la matière a une structure lacunaire ;o)

Samedi 28, dernier jour de février. Et la lune dans le ciel comme le sourire du chat du Cheshire.


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Tiens c'est lui Marc Callahan
  http://gamace.cowblog.fr/images/MarcCallahan.gif

Samedi 14 février 2009 à 1:04

Le docteur-qui-écoute m'écoute parler, ou avoir des gros blancs, et parfois je me demande bien à quoi ça sert. Je me souviens de temps en temps que j'ai pris des médicaments pendant un an, et ça me paraît dingue. Je me dis que ça doit sûrement aller un peu mieux puisque je ne les prends plus, mais quand même, à part ça, ça n'avance pas tellement. J'ai pas tellement l'impression de m'être améliorée ou d'avoir changé... C'est là tout l'intérêt de la citation "l'intelligence est un processus dynamique". Notre histoire, notre évolution est aussi un processus dynamique, dont à chaque instant t nous ne voyons et retenons que la phase finale, oubliant les étapes.
Des étapes qui me reviennent de temps en temps. Quand j'essaie de comprendre, avec des indices sur mon chemin, comme un jeu de piste, quel genre de relation j'avais avec la copine, l'amie dont j'ai parlé plus tôt, et que je ne veux plus voir.
Ca m'impressionne moi-même, et ce n'est pas toujours facile à avaler, mais enfin ça me montre aussi en quoi j'ai effectivement réellement pu évoluer, avancer, m'être libérée même peut-être et d'où me venait cette étrange sensation d'avoir drôlement grandi et de me tenir plus droite sur mes jambes, alors même que je me trouve toujours aussi lamentablement incapable de me mettre au travail, d'avoir du répondant ou de contrer mon insupportable esprit d'escalier (je devrais faire des phrases plus longues).
Des indices comme ça.
Et puis des discussions longues et pleines d'enseignements encore, pour en savoir plus, remonter les générations, comprendre de quoi on a bien pu hériter.
Et des théories qui s'échafaudent pour relier le tout parfois ! ô vision fulgurante, alors même que je suis sous ma couette dans une position très confortable, enfin au bord du sommeil ; je me dis je devrais la noter, mais mon corps n'a absolument pas l'intention d'autoriser le moindre mouvement. Tant pis, j'essaierai de retenir.


(presque) rien foutu aujourd'hui encore. mais s'autoriser au sommeil quand même. au moins. 


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Samedi 14 février 2009 à 0:48

Ah ben il m'en restait une au fond de mon agenda, par contre j'ai pas de source, navrée, ai lu ça dans un magazine, mais je suis incapable de dire lequel ; un journaliste qui faisait une petite chronique à propos d'une publicité...

"Pour être un homme il faut choisir son camp" (la pub)
Cioran : "C'est folie d'imaginer que la vérité réside dans le choix, quand toute prise de position équivaut à un mépris de la vérité." (le truc bien formulé)
 "Pour être un homme il faut savoir foutre le camp plutôt que le choisir."
(la touche d'humour)


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Vendredi 6 février 2009 à 15:00

Des bribes d'articles, de phrases extraites de bouquins...
Sans chercher la polémique, c'est juste des pistes ou des bases de reflexion, des paliers peut-être, enfin quelque chose qui soulage parce que d'un coup c'est bien formulé alors que j'étais perdue à l'intérieur.


"Nous avons beaucoup de mal à penser l'intelligence en termes dynamiques. Nous avons oublié que nous nous sommes progressivement construits. Du long chemin emprunté pour que nous accédions à la connaissance nous n'en retenons que le point d'arrivée."
Les Maths à toutes les sauces. B. Guéritte-Hess, I. Causse-Mergui, MC Romier. 


"Le président de la République n'aime pas l'Etat de droit ; mais il aime, et Brice Hortefeux aussi, pouvoir accorder lui-même la réparation d'une injustice [individuelle ou un privilège. Cela encourage les liens personnels, les clientèles et le silence devant les injustices collectives]."
Patrick Weil, directeur de recherche au CNRS, dans Le Monde (zut j'ai pas la date, janvier).


"Dans le cas qui nous occupe, c'est probablement pour se protéger de la difficulté d'être responsable de soi-même."
Les indiscrétions d'Hercule Poirot (After the funerals). Agatha Christie.
Aïe, en plein dans le mille.


"Va au bout de tes talents, et tu trouveras ton destin ; [va au bout de tes rêves et tu trouveras ton bonheur]."
Dans le spectacle Demaison s'envole.
Oui je suis d'humeur à apprécier des phrases pareilles, carrément.
(en extra : "la sagesse consiste à avoir des rêves assez grands pour ne pas les perdre de vue quand on leur court après" Oscar Wilde)


Coupables sans culpabilité
"Nos outils, et au premier chef nos armes, décident à notre place - en fonction des principes qu'ils incarnent - de la manière dont nous nous comportons vis-à-vis de nos semblables.
L'aveuglement de ceux qui président à nos destinées et la collusion entre logique économique et industrie de la guerre sont autant de symptômes d'une "technicisation de notre être" qui nous condamne au rôle de simples rouages.
Les conséquences de ce mécanisme dépassent jusqu'à notre imagination : que nous travaillions comme fabricants de croissants, d'ogives, de livres ou de médicaments, nous avons désappris à nous préoccuper des conséquences plausibles de ce à quoi, activement ou passivement, nous collaborons.
De sorte que "nous fermons les yeux sur l'objet et l'objectif de notre travail, et nous sommes prêts à vivre de la préparations de la fin du monde."
[...] 
Symbole d'une nouvelle forme de culpabilité qui, un jour ou l'autre, nous concernera tous : être devenus les coupables de ce dont nous ne saurions être responsables, être des "innocents coupables".

Eatherly (pilote texan de l'American Air Force, auteur du signal de départ pour les attaques d'Hiroshima et Nagasaki), lui, "reconnaît la machine comme le danger ultime pour la conscience" [alors qu'Eichmann se défaussait de sa responsabilité sur la machine à tuer dont il n'aurait été qu'un "rouage"] et entreprend l'impossible : assumer la responsabilité de ce dont il n'est pas coupable, c'est-à-dire les conséquences démesurées de son acte.
Il s'efforce de "maintenir sa conscience en vie à l'âge de la machine" et de la technicisation de l'humain."

Stéphane Legrand, Le Monde du vendredi 28 novembre 2008.


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Dimanche 1er février 2009 à 17:15

Quelques faits sans importance, le micro-onde de mes parents qu'il faut changer, les arcs électriques devenant sa seule activité, le lecteur dvd qui n'accepte plus que les Tontons flingueurs (il y a d'ailleurs des choses qu'on comprend mieux quand on est plus grand), je cherche toujours dans quel album de Petit Ours Brun il dit "allo allo les pompiers dans le tuyau" (chacun sa quête), je passe dans les archives de chez Melle Moi, me dit que je devrais écrire un peu plus quand même, que je n'ai rien raconté sur Lady Macbeth de Mzensk, pourtant impressionnant(e), ou sur une pièce de théâtre ou un bouquin récemment avalé. La flemme probablement. Je relis des post à moi, trouve des fautes d'orthographe, de grammaire, ne corrige pas toujours. Ne pas oser, ou la flemme encore, de rappeller les gens, et les médecins, d'autres encore à qui il faut tout expliquer, avec le risque et la peur de leurs commentaires. Pousser les gens, les enjoindre, les prier de m'aider, leur promettre des fondants au chocolat, mais avancer au moins, distribuer ce qui peut me permettre de boucler l'année.
L'impression d'avoir toujours été comme ça, et que je ne vais jamais en sortir, que c'est mon état normal, et qu'il me déplaît.
Et les questionnements pour l'année prochaine toujours surgissants, la conscience soudain qu'il y a des décisions qui doivent se prendre à l'avance, des inscriptions à faire peut-être, des renseignements à prendre du coup...
Exercer ou ne pas exercer, telle peut être la question. Les avis sont partagés, les envies parfois alternent. L'impression de l'emprisonnement, du marasme. Question subsidiaire : faut-il sortir du marasme pour faire quelque chose, ou faire quelque chose pour sortir du marasme... ?
Le soir quand je me suis bougée, avoir mal au dos, à la nuque, aux épaules. Un genou, l'autre pied qui lancent parfois.
Et le regret d'avoir oublié comment on fait une dissertation de philo, qu'on prend une idée par le bon bout, "le bon bout de la raison !" de Rouletabille, qu'on la développe, qu'on l'étire, voir tout ce qu'elle peut raconter, essayer de l'épuiser un peu, ou au moins, plus modestement, sans dire qu'on a fait le tour de la question, suivre un cheminement logique et presque sûr, organiser ses idées. 
   Sujet du jour : "Peut-on être libre et responsable" (?) Vous avez 4 heures.



Les heures de répétition, debout, à penser à son corps, le bassin, les jambes, genoux "dévérouillés", pieds à la largeur du bassin, avec soudain l'impression qu'on n'arrive aucunement à les poser à plat, comment tenir droit sur ses pieds ? La cage thoracique, les abdominaux, alternance de prise d'air et de poussée tenue contre le diaphragme, les côtes restent ouvertes, oui mais ça coince, quelque part, laissez-moi chanter à plein poumons, c'est tout. Se voir attribuer un chant une semaine avant le concert, vous le travaillerez, voui, c'est ça. Tiens, il me semble avoir un partiel aussi, à ne pas oublier de travailler. Le soir en rentrant, la faim. Immense dans l'estomac agrandi par le vide. Le temps de rentrer, ne pas toujours pouvoir acheter quelque chose en route à 23h, ou trop cher. Se faire de la semoule à minuit passé, avec du raisin sec. Mais fatiguée enfin, physiquement. Et lire encore pour ne pas s'endormir.   


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