Dimanche 29 mars 2009 à 19:58

argh...
après Manon Lescaut (où Des Grieux transpire légèrement la conscience de sa supériorité sur les hommes socialement moins bien nés - par hasard selon moi - et les femmes en général), je m'étais dit que je ne lirai plus ce genre de truc.

in Le Tour d'Ecrou, de Henry James

raconté par l'institutrice-gouvernante de deux enfants orphelins de très bonne famille, extraordinairement intelligents,aimables et beaux.

"J'avais eu des frères moi-même, et que les petites filles soient souvent des esclaves idolâtres des petits garçons n'était pas une révélation pour moi. Mais ce qui dépassait tout, c'était qu'il existât en ce monde un petit garçon capable de témoigner autant de subtils égards à quelqu'un d'inférieur par le sexe, l'âge et l'intelligence."
  et d'une

"[...] puis je surpris chez elle un sursaut intellectuel, vite réprimé [...]"
"[...] dans la patience qu'elle témoignait devant ma douleur il y avait comme une étrange reconnaissance de ma supériorité - celle de mes talents et de ma fonction.
   et de deux
   à propos de la domestique principale, qui lui sert de confidente.
   y'en a une autre sur les domestiques mais je la retrouve plus.

"[...] car dans la façon qu'il a de rendre le plus vif hommage à une femme, l'homme est toujours porté à célébrer joyeusement une des lois sacrées de son propre confort."
   et de trois !
Il y a différence d'interprétation avec ma maman sur cette phrase. J'y comprends que c'est pour rendre hommage à la femme (et lui permettre de s'accomplir dans les tâches quotidiennes n'est-ce pas) que l'homme ne fait surtout rien au foyer et a l'air de ne chercher que son confort... Et vous ?



*

Samedi 21 mars 2009 à 19:40

Samedi, 19h12 à mon portable, le métro entre dans la station Pyramides. 
Tiens, que passe-t-il à Garnier ce soir ?
J'ai le petit fascicule sur moi : Idoménéo. Un peu de Mozart...

Je marchande et finis par énerver franchement un revendeur qui voulait me faire payer 30 euros un billet marqué 10 en m'assurant que c'était super bien placé. Je fais à l'intérieur la fin de la queue pour les places de dernière minute. Il est 19h20 passé, la sonnerie retentit, j'ai une place en fond de première loge sur le côté gauche pour 7 euros. 
Il faut attraper un ouvreur qui a la clef de la loge, c'est toujours aussi chic, portemanteau, grand miroir, banquette de velours rouge, et au fond les chaises sur le théâtre. Le premier rang est occupé, une jeune fille est au deuxième, son père court l'opéra pour trouver meilleure assise, il ne reviendra pas, et elle partira à l'entracte.
Pour l'instant je suis debout contre le riche tissu pour mieux voir l'orchestre, applaudissements - un rien mou - musique.
Je ne connais pas l'histoire mais avec l'aide des surtitres et de mon immense connaissance de la mythologie grecque (et de La Belle Hélène d'Offenbach), je m'en sors. Quoique : mais qui est Idoménée alors, si lui là s'appelle Idamante hein ? Ca me rappelle Fidélio, il y a quelques mois, places de dernières minutes aussi mais tout en haut, loin sur le côté, on voyait à peine la moitié de la scène, et on a passé tout le 1er acte à se demander qui était Fidélio.

Camilla Tilling chante Ilia, très agréable. Et tiens, ben Idamante d'ailleurs, c'est encore Joyce DiDonato en travesti ! Elle voudrait peut-être jouer des rôles de filles des fois ? Elle chantait Roméo la dernière fois que je l'ai vue.
Voix très assurée aussi, les deux se mêlent assez bien. Et elles jouent bien.
Mireille Delunsch en Elletra est peut-être un peu en-dessous, voix moins jeune assurément. Mais Paul Groves illumine le personnage d'Idoménéo (ah ben voilà c'est lui, mais je croyais qu'il était mort, j'ai rien pigé).

Je m'immerge dans l'histoire, la mise en scène, les costumes qui traduisent les groupes de personnages, le décor simple.
Et encore une histoire de fils qui devrait se sacrifier pour le père. Le père ne veut pas finalement, alors c'est son peuple - dont il est le roi - qui prend. Il finit par se décider, il tuera son fils, maintenant qu'on lui a décimé son peuple, quel bon prince.
Ils rejouent le sacrifice d'Isaac avec la variante où c'est le fils qui arme la main de son père. Le père qui n'a pas idée peut-être de demander aux dieux de reprendre leur malédiction, de le prendre lui à la place, pasque n'oublions pas qu'il a tout déclenché quand même. 
Non, la société patriarcale c'est que le père prime sur tout, et le fils n'a qu'à se laisser planter le couteau dans le dos.

C'est "il gran sacerdotte" qui apporte finalement une solution plus pacifique. La colère des dieux s'est apaisée, Idoménéo ne fera qu'abdiquer en faveur de son fils. "Qu'est-ce que je veux moi, que tout s'arrange !" comme dit Ménélas dans la Belle Hélène.

Le final laisse les amoureux enlacés, l'union des combattants possibles, dans un decrescendo de l'orchestre qui accompagne le baisser du rideau, et qui a fait - ô horreur - applaudir ce public de mous avant la fin de la musique. 
Dans la catégorie "le silence après du Mozart c'est encore du Mozart", ben y'a pas eu de silence après Mozart, je n'ai pu que soupirer très fort pour montrer mon exaspération.

Je trouve que l'orchestre est perpétuellement le parent pauvre dans les spectacles, il est caché dans la fosse, invisible à ces gens du parterre, et on ne l'applaudit pas, peu, alors que c'est bien eux qui ont le plus joué me semble-t-il.

    http://gamace.cowblog.fr/images/idomeneobastille.jpg


Du coup le vendredi suivant, je me repais d'orchestre.
Texto d'une copine qui est en stage/employée à mi-temps à la salle Pleyel, il lui reste une invitation pour ce soir, l'Orchestre du Capitole de Toulouse, Prokofiev.
J'arrive. ben tiens.
Alexandre Nevski, composé pour le film d'Eisenstein du même nom, arrangé par le compositeur sous une forme de cantate pour être donné en concert.
Le choeur Orfeon Donostiarra, amateur de très haut niveau, donne toutes ses voix à cette puissante célébration du peuple russe. Voix d'hommes très très présentes, ça doit être la première fois que je vois un choeur avec plus d'hommes de de femmes. Sonorité inhabituelle.
L'oeuvre est divisée en sept parties, je perds toujours le fil à un moment, mais j'ai trouvé la quatrième absolument extraordinaire. Départ assez rythmique, qui enfle, grossit et grandit, impression de puissance, d'envol, d'arrachage peut-être, je crois que j'ai presque pleuré, et je suis toujours aussi étonnée des sensations que peut procurer la musique.
J'aime beaucoup avoir l'orchestre en évidence sous les yeux. 
Enfin "en évidence" est un peu exagéré, on voit bien mieux les violons à gauche, les contrebasses tout à droite, les harpes en peu surélevées sur la gauche et les percussions au fond... que d'autres. Même les alti, pourtant tout devant, mais qui tiennent bien sûr leur instrument sur l'épaule gauche, et nous en montre donc plutôt le dos.
Il n'importe. La danse des violons est un spectacle. La première violon, assise sur sa chaise, bouge beaucoup tout le haut du corps, s'avance, se plie pour donner les accentuations à tout son pupitre. Je suis toujours fascinée par les archets, tenir la longueur, repartir, presque tourner semble-t-il, s'abattre. Les pizzicati qui les voient tous levés, ballants. Les pauses dans la partition violon qui font descendre l'instrument de l'épaule, détendre un peu le bras, l'oeil attentif, l'archet levé, posé, vers le bas, la droite ou la gauche, forêt hérissée. Puis la main du chef qui fait sauter les violons en place et la main droite se poser tenant l'archet sur la corde. Ou bien le doigt crocheté pour la pincer.

L'entracte me fait voir le foyer et les "toiles" modernes qui sont en fait du béton peint puis gratté, une prochaine fois j'essayerai de percer la signification de ces tableaux immenses.
On fait la queue au bar en se disant qu'on se paierait bien un verre de bordeaux. Mais le barman l'a reconnue, ça va pas être possible, de payer. Les deux verres de rouge aux frais de la princesse les enfants. Ca c'est de l'entracte.

Ensuite Roméo et Juliette, plus connu, j'ai perdu le fil dans les numéros aussi. Et comme je ne savais pas à quelle étape de l'histoire correspondaient les morceaux, je n'ai pas tellement associé. Mais là encore, l'orchestre est beau à voir, et le chef aussi.

Enfin, l'orchestre sera très bien, longtemps, beaucoup applaudi. On aura le droit à trois rappels.
Et on repartira dans la nuit, à parler musique.



Si vous voulez plus de détails, allez voir le compte-rendu de
Palpatine sur ce concert. 

*

Lundi 9 mars 2009 à 22:19

Un homme s’assit dans le métro à Washington et se mit à jouer du violon ; c’était un matin froid de janvier. Il joua six morceaux de Bach pendant environ 45 minutes. On a calculé que pendant ce temps, à une heure d’affluence, plusieurs milliers de voyageurs avaient traversé la station, la plupart d’entre eux pour se rendre à leur travail pressés, stressés, courant parfois, sans prêter la moindre attention au musicien ni à sa musique. Ca lui était égal. Ce n'était pas pour ça qu'il était venu, qu'il était descendu dans les profondeurs du métro. Ca ne changeait rien à sa concentration. Il était là pour pouvoir jouer, se défouler un bon coup, sans risque d'être interrompu. Combien de fois avait-il dû s'arrêter, n'avait-il pas pu jouer quand il sentait que ça venait dans ses doigts, que ça aurait été bien là, qu'il aurait bien interprété, maintenant. Sa mère, son frère, des voisins. C'est trop fort, tu vas gêner les gens. 
Alors il s'était dit que dans un couloir de métro, déjà empli du bruit des rames, des portes, du signal sonore, des roues qui crissent, des bruits de pas, de voix, de téléphone, il pourrait jouer. Juste faire courir son archet et danser ses doigts.
L'accordéon était peut-être plus approprié à l'endroit, mais bon...
Selon Victor Hugo, la musique est comme du bruit qui pense. Peut-être que si on prenait tout ce bruit, avec son violon dedans, et qu'on laissait décanter, on en extrairait la pensée ? Il fallait vraiment qu'il arrête d'avoir des idées aussi saugrenues pendant qu'il jouait. Sa main gauche se relâchait, attention.
De temps en temps il y avait quelques personnes, comme ça, qui s'arrêtaient et écoutaient un peu. Jusqu'à huit à un moment. Mais il gardait les yeux à demi-fermés, perdus plus loin. Il voyait sur le quai d'en face une grande affiche rouge carmin, pour une pièce de théâtre semblait-il, et puis les gens repartaient, et ceux qui ne s'étaient pas arrêtés continuaient à courir. Et lui laissait le spleen l'envahir, à cause de cette affiche qui lui rappelait il ne savait quoi.
Se souvenait-il d'avoir été de ces gens qui courent ? Un usager. L'usager des transports en commun. Sûrement, il avait couru, de loin revenaient des images, il se voyait aux heures de pointes, avec son étui dans les bras, serrés tous façon sardines dans ces boîtes métalliques souterraines montées sur roues. Le temps des cours au Conservatoire. Puis les horaires décalées des répétitions, sauter dans une rame, pouvoir s'assoir et relire une partition. Enfin les derniers métro des retours de concert, qu'on attrape à plusieurs, dans les rires encore, ou maussade selon la soirée. Inquiet parfois. Et parfois seul, méditant, la tête trop pleine de sons d'instruments, auxquels viennent s'ajouter comme aujourd'hui tout ce vacarme du métro, mais qui ne gêne pas car ce sont aussi des sons physiques, produit par des frottements, des chocs, des vibrations. Un instrument n'est qu'une roue de métro sur un rail, qu'une porte améliorée, accordée selon la gamme. Vraiment parfois ses réflexions l'emportaient... 
Dans ses yeux, devant ses yeux il se voyait marcher sur tant de quais, grimper tant d'escaliers, jusqu'à son emplacement d'aujourd'hui, jouant ; façon Cidrolin rattrapé par le Duc d'Auge. 
Quelques fantômes aussi passaient dedans ses yeux, dans son rêve bruyant. A moins que ce ne soit un reste d'une nuit récente... Un ancien professeur, calme et souriant, profond, réfléchi. Un de ceux qui lui avaient dit un jour qu'il avait du génie, un peu, du génie dans l'interprétation, dans l'exécution qui réconcilie la technique et le sens, transcende la technique par le sens.
Parce que son cerveau avait voulu imprimer comme un disque dur toutes les compositions de notes possibles, et que ses mains avaient voulu retenir tous ces gestes, et ce professeur qui l'avait rattrapé alors qu'il s'enfonçait dans le remplissage stérile de son cerveau, pour lui apprendre que cela devait seulement l'aider à être au service de ce qu'il y a de plus profond dans la partition. Que ça le rendait disponible pour la musique, pour la mélodie. Alors il inventait des histoires, des personnages et des paysages, des odeurs et des couleurs dans la musique. Et aujourd'hui on lui disait qu'à travers les styles, il savait jouer quelque chose qui faisait écouter les gens, qui les promène comme pour leur faire voir les beautés d'un jardin. Ce professeur dont il avait appris récemment qu'il avait "renoncé à sa vie". La veille du nouvel an, le lendemain d'un anniversaire, l'impression d'une décision froide, de la résolution que la vie ne valait pas la peine d'être vécue. Ou que sa vie ne valait plus la peine d'être vécue ? Ainsi le centaure Chiron, qui n'en pouvant plus de douleur, a troqué son immortalité contre le droit de mourir qu'avait Prométhée. 
Quelques autres êtres perdus sont passés dans le souterrain où le violoniste n'en finissait plus de jouer. Les gens couraient toujours, passaient parfois avec un sourire et disparaissaient. 
Enfin, quand le joueur fut rassasié d'avoir joué ; quand ses mains furent vidées, délestées, délassées peut-être aussi, quand son épaule commença à se cripser, son torse à se tordre et ses jambes à trembler, la musique se tut. Le musicien rouvrit son vieil étui, dont les inscriptions à demi effacées avaient oublié le nom du facteur, et ne laissaient que la date de 1848 dont on ne savait précisément à quoi elle faisait référence.
La musique s'était tue. Le musicien rouvrait son étui et y plaçait son violon et son archet.
Il se releva et quitta le couloir, laissant derrière lui une impression de vide ou de silence soudain, et puis un peu de pensée en suspension dans l'air.



Ce texte est un mélange des contraintes des jeux des
billets en sablier (quoique cette amorce était proposée en marge, tout d'abord chez Gilda) et du Dis-moi Dix mots de ces derniers mois.
Il me faut toujours apparemment un certain de délai de latence avant le déclenchement... :o)


*

Dimanche 8 mars 2009 à 18:19

Alors je ne crois plus faire partie des "petits nouveaux qui se sentaient obligés" de faire un compte-rendu, mais j'aime bien, une fois que je m'y mets...

C'était une semaine pleine de blogueurs.
Dimanche, des blogueurs, et un brunch. Vendredi, des blogueurs, une file d'attente devant l'opéra et des petits-déjeuners sans nombre.
Mercredi, des blogueurs, pour un
Paris-Carnet.
Je suis arrivée directement de chez moi finalement, ce qui n'était pas prévu, et j'ai trouvé un trombone dans l'escalier du métro Couronnes, en sortant. A 20h à l'Assassin, il y avait déjà tout plein de gens biens. 
Kozlika, Franck, Gilda, auprès de qui je m'assurais de la date du prochain tapinage devant Bastille. Et attablés tout au fond, sur la stratégique banquette derrière le bar, Melle Moi, Thomas, Hachiko, Nim et Mitt au moins ; je fais des bisous et m'assieds à côté d'un blogueur dont - qu'il me pardonne ! - je ne retiens toujours pas le nom. On a dû parler de mon mémoire, parce que je crois bien qu'il m'a dit que non, ça ne lui disait rien d'aller se faire regarder les cordes vocales. Quelle drôle d'idée, c'est passionnant ! :o)
Et puis j'ai dû exprimer mon admiration pour un billet chez
Anita, sur la délinquance, et la loi.  "L'auteur d'un délit, c'est le législateur.
C'est lui qui, en portant le regard de la société sur un acte présumé condamnable, inscrit l'auteur dans la catégorie des délinquants.
Pour que le crime existe, il ne suffit pas d'Abel et de Caïn, il faut la loi, le gendarme et le juge.
Sinon, c'est au plus une mauvaise action.
"
Il n'y a d'abord que l'action. Et ce sont les lois des hommes qui la détermine délit. D'abord la morale, qui s'est peu à peu élevée, construite, a pesé le pour et le contre parfois, et a délimité le mal et le bien.
Mais le délinquant, homme, enfant, d'abord agit. Une des multiples choses qu'il peut réaliser avec son corps, sa tête, dans le champ des possibles. Puis c'est la loi, le code civil, ou les dix commandements, qui estiment que c'est une mauvaise action. Mais ils viennent après, et il ne peuvent en aucun cas contrer le geste. Nous sommes libres de nos gestes, et il peuvent aboutir aux choses les plus diverses et les plus extrêmes.

Tout ça, ça donne faim. 
On a commandé des lasagnes, des cheeseburgers et tout plein de choses, et on a enfin changé de vin. On va goûter le Côte du Rhône.
On attend Incompréhensions et Goon, qui sont normalement allés voir la nouvelle exposition des Portes du Ciel au Louvre. On perd Thomas, à un moment, et on accueille des revenants. 
Gei d'abord, que je vais chercher au bar pour qu'il ne puisse pas dire qu'il est venu et reparti ; et puis Adrian, qui était inquiet de sa légitimité à venir car son blog n'est plus actif. C'est bien connu, on fait des tests sur les blogs à l'entrée tiens.
Goon est enfin arrivé, ça s'est serré sur la banquette et on a recommandé à manger.
Gei a essayé de me faire peur en disant qu'il avait parlé énergie cinétique avec mon papa au téléphone, mais c'est plutôt l'inverse qui serait inquiétant.
J'ai laissé Melle Moi faire la conversation, et essayer de faire avouer à ces messieurs s'ils regardaient les belles personnes dans le métro. Les jolies jeunes filles et les jolis garçons aussi. En indiquant que, selon sa longue expérience, un garçon ose beaucoup moins trouver un autre homme beau... Et Goon a assuré qu'il ne regardait même pas les jeunes filles, même pas leurs jambes même si elles étaient en mini-jupe ; et plus il insistait plus on trouvait ça louche.
Tout ça était baigné dans une musique un peu trop forte, qu'on a bien essayé de faire baisser, et qui m'a donné une impression désagréable de presbyacousie précoce, et de rater de grands pans de conversation. Je suis très perplexe quant à ce besoin absolu de musique d'ambiance. C'est pour que les serveurs n'entendent pas ce qui se dit aux tables ? Pour nous rendre tous nécessiteux d'appareils auditifs avant l'âge ? Pour obliger les gens à parler plus fort, augmenter la consommation de pastilles au citron et donner une impression de bonne ambiance dans un bar, celle-ci étant correlée au volume sonore ?
Sinon aurait bien parlé à Mitt mais elle a déserté pour la table d'à-côté, avec Nim d'ailleurs, où se trouvait
Kerdekel, et peut-être bien Aggelos aussi. A une autre table d'à-côté, Alecska et un ami sont partis tôt. Hachiko nous a raconté une histoire de camion et de voiture, deux fois ; certains se sont lancés à l'assaut des desserts. On a décidé de payer la bouteille de vin au détail, 1/5è chacun, coup de bol ça tombait juste.
Gilda est passée à un moment vers la fin, ça commençait à se vider...
On s'est dit qu'il y avait relativement peu de monde depuis quelques mois, et que sûrement aussi on se renfermait un peu sur nous, entre gens connus, sans faire la part belle aux nouveaux, ce qui est très mal. Mais aussi c'est pas une idée de prendre une table de planqués tout au fond près de la cuisine.
J'ai un doute soudain, mais je crois bien que j'ai payé mon plat et mon cinquième de vin.
On est partis vers le métro, réalisant peu à peu qu'on quittait cette ambiance toujours agréable des Paris-Carnet, toujours une chouette soirée.


*

Mercredi 4 mars 2009 à 19:31


Moi qui parlait de dépendance liée au piano et au plaisir de faire cavaler ses doigts sur le clavier...
Paf, en cherchant - très sérieusement - des renseignement pour mon mémoire sur le site du passionnant magazine
Médecine des Arts, me voilà interpellée et rattrapée par l'évocation d'une vilaine (selon les autres) manie que j'ai :
 
Craquement des articulations des doigts chez les musiciens

 

Question - réponse

 

 

D’où vient le craquement de nos articulations et notamment des doigts. Est-ce dangereux pour les doigts des musiciens ?

  Certains adolescents et jeunes adultes musiciens, pianistes notamment, ont parfois pris l’habitude de se faire craquer d’un mouvement de flexion rapide les articulations des doigts (les articulations métacarpo-phalangiennes). Il arrive que cela devienne une habitude et parfois même que le sujet trouve la manoeuvre et l’effet agréables.

Ces bruits sont issus de la cavité articulaire ou plutôt du liquide synovial sécrété par la capsule qui   l’entoure et dans lequel sont dissous des gaz : oxygène, azote et, surtout dioxyde de carbone.

"Lorsqu’on étire ses articulations, la pression de la cavité articulaire baisse, forçant les gaz dissous à revenir à l’état gazeux". Le fameux "pop" correspond en fait à une balle de gaz. Ces craquements des phalanges ou des vertèbres sont sans danger, mais ils peuvent créer une dépendance. "Très innervée, la capsule synoviale contient de nombreux récepteurs à la douleur. Or le craquement procure une sensation de bien-être, d’où l’envie de le faire encore et encore" (2), souligne le Dr le Goux, rhumatologue. En cas de problèmes articulaires, se faire craquer est particulièrement déconseillé. Les doigts du pianiste ou du violoniste sont les parties corporelles les plus directement en contact avec l’instrument. De la précision du toucher, de la vélocité du mouvement, de leur force dépend en grande partie la qualité de la performance produite par le musicien en fonction de son niveau. Cet étirement rapide de ces articulations est déconseillé chez le musicien, elle ne peut chez le plus jeune qu’augmenter la laxité et créer un risque supplémentaire chez ces musiciens. C’est tout au contraire avec un grand soin, une grande attention que le musicien doit traiter ses doigts. Glenn Glould prenait de nombreuses précautions pour ses doigts ; avant un récital ou un enregistrement, il les plaçait dans une eau tiède. Il mettait des gants de cuir qui lui remontait jusqu’aux coudes.

  "Rien de maniaque, affirmait-il. Certaines personnes me trouvent excentrique parce que je porte des gants en été, parce que je plonge mes  mains dans l’eau chaude avant de jouer, ou parce que je mets des gants en caoutchouc pour nager… prendre soin de mes mains, cela relève du simple bon sens. Je porte des gants la plupart du temps parce que j’ai une circulation déficiente. C’est aussi pour cela que je les trempe dans l’eau chaude avant un concert. J’aimerais bien pouvoir aller nager sans rien, mais mes mains sont affectées pendant des jours ; je porte des gants de caoutchouc qui recouvrent entièrement mes bras. Cela me fait rire d’entendre les gens dire que je suis excentrique. Ils auraient dû me voir il y a seulement six ans, quand j’avais dix-sept ans. A l’époque, oui, j’étais un vrai personnage." [

1

 

]

   Sans recourir nécessairement à ces moyens préventifs qui peuvent paraître excessifs, chaque musicien doit porter une grande attention à ses mains. Il doit  éviter les sports à risque pour les doigts, les jeux de balle par exemple, les activités qui peuvent les surutiliser : bricolage, sports par exemple. Le craquement des articulations doit être évité et surtout pas provoqué. Il s’agit là chez le musicien d’une mauvaise habitude que les parents et enseignants doivent expliquer aux enfants musiciens.

 

Pfff, j'en étais sûre qu'il allait dire que c'était pââs bien... M'en fous, na.


Le site de médecine des Arts
L'article en question

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