Les autres ne se souvenaient pas me l'avoir vu ce matin.
J'ai fait le tour des trois cafés sur la place de la Bastille dans lesquels nous avions pris un petit déjeuner ce matin-là*, rien ; j'ai refait le trajet de métro les yeux au sol, regardant sur les quais, sur les rails, dans les escaliers, les couloirs, même un petit coup d'oeil vers les poubelles, rien. Le trajet entre chez moi et le métro, rien. Chez moi, sur le Que sais-je "la littérature allemande" à la couverture rouge emprunté à Melle Moi à plat sur l'étagère noire où il était ce matin quand je l'ai pris, avec la sotte idée d'être élégante en toute occasion, absent.
C'était un joli bracelet, unique, création originale, cadeau de ma maman, et qui m'attirait toujours des compliments. Ca fait un peu plus d'un an que je l'ai, et je ne peux pas croire qu'il ait disparu, je le vois. Là, si réel.
S'organise alors dans ma tête le désagréable jeu des "tu préfères ça, ou ça ?" Avoir perdu ce bracelet, ou ça ; avoir perdu ce bracelet, ou qu'il t'arrive ça, ou qu'il arrive ça à untel ?
C'est parfaitement, idiot, stérile et énervant.
Toujours l'idée de n'avoir pas su prendre soin de mes affaires, faire attention.
Mais j'y crois, je vais le retrouver, il doit être quelque part ce n'est pas possible.
Si je n'y crois pas, je ne cherche pas, je ne peux pas le retrouver. Mais si j'y crois trop fort, trop longtemps, le moment où je dois lâcher prise n'en est que plus difficile.
J'ai compris un jour que c'était une décision à prendre. Au bon moment probablement, rester en équilibre, l'espoir qui permet l'énergie, et le renoncement qui permet de faire face au fait.
Je me suis fait voler un vélo un jour.
J'avais entendu des gens dire ça "on m'a volé mon vélo", ça paraissait être un fait clair et bien exécuté.
Mais en fait c'est juste un douloureux renoncement et une manière de s'avouer qu'on ne va plus le revoir. A moins d'avoir vu quelqu'un partir avec, on ne peut que finir par dire qu'on se l'est probablement fait piquer, on a dû le prendre.
Je décide à un moment de lâcher prise.
Je rêve d'un monde où les voleurs (de vélo) laisseraient des petits mots :
"je t'ai volé ton vélo, je te jure que c'est vrai tu ne le reverras plus tu peux arrêter de chercher"
"Quand les choses ne vont pas, il y a toujours un point de basculement où on arrête de lutter, où on entérine le problème comme définitivement insoluble, et on où cherche des palliatifs plutôt que des solutions."
Chez Finis Africae
* c'est pas de la gnognotte la queue pour les billets d'opéra !
J'ai fait le tour des trois cafés sur la place de la Bastille dans lesquels nous avions pris un petit déjeuner ce matin-là*, rien ; j'ai refait le trajet de métro les yeux au sol, regardant sur les quais, sur les rails, dans les escaliers, les couloirs, même un petit coup d'oeil vers les poubelles, rien. Le trajet entre chez moi et le métro, rien. Chez moi, sur le Que sais-je "la littérature allemande" à la couverture rouge emprunté à Melle Moi à plat sur l'étagère noire où il était ce matin quand je l'ai pris, avec la sotte idée d'être élégante en toute occasion, absent.
C'était un joli bracelet, unique, création originale, cadeau de ma maman, et qui m'attirait toujours des compliments. Ca fait un peu plus d'un an que je l'ai, et je ne peux pas croire qu'il ait disparu, je le vois. Là, si réel.
S'organise alors dans ma tête le désagréable jeu des "tu préfères ça, ou ça ?" Avoir perdu ce bracelet, ou ça ; avoir perdu ce bracelet, ou qu'il t'arrive ça, ou qu'il arrive ça à untel ?
C'est parfaitement, idiot, stérile et énervant.
Toujours l'idée de n'avoir pas su prendre soin de mes affaires, faire attention.
Mais j'y crois, je vais le retrouver, il doit être quelque part ce n'est pas possible.
Si je n'y crois pas, je ne cherche pas, je ne peux pas le retrouver. Mais si j'y crois trop fort, trop longtemps, le moment où je dois lâcher prise n'en est que plus difficile.
J'ai compris un jour que c'était une décision à prendre. Au bon moment probablement, rester en équilibre, l'espoir qui permet l'énergie, et le renoncement qui permet de faire face au fait.
Je me suis fait voler un vélo un jour.
J'avais entendu des gens dire ça "on m'a volé mon vélo", ça paraissait être un fait clair et bien exécuté.
Mais en fait c'est juste un douloureux renoncement et une manière de s'avouer qu'on ne va plus le revoir. A moins d'avoir vu quelqu'un partir avec, on ne peut que finir par dire qu'on se l'est probablement fait piquer, on a dû le prendre.
Je décide à un moment de lâcher prise.
Je rêve d'un monde où les voleurs (de vélo) laisseraient des petits mots :
"je t'ai volé ton vélo, je te jure que c'est vrai tu ne le reverras plus tu peux arrêter de chercher"
"Quand les choses ne vont pas, il y a toujours un point de basculement où on arrête de lutter, où on entérine le problème comme définitivement insoluble, et on où cherche des palliatifs plutôt que des solutions."
Chez Finis Africae
* c'est pas de la gnognotte la queue pour les billets d'opéra !