Jeudi 23 juillet 2009 à 20:59

Les enfants,
dehors il y a une bande horizontale de ciel bleu, bas au loin. Au-dessus une nappe grise épaisse de nuages, à droite la lumière chaude du soleil qui revient éclairer la scène et fait briller les TGV qui partent, dessous les trains la lumière du tunnel qui passe sous les voies, jaune trop mordoré avec une tache violette. Devant il y a de la pluie fine qui tombe de la nappe grise, et un arc-en-ciel tout entier qui traverse tout ça.
Et dedans il y a Mozart.


Et je me demande pourquoi je n'ai toujours pas d'appareil photo en état de marche.
Et je me console en me disant que ça ne rendrait jamais ça.

Dimanche 19 juillet 2009 à 16:05

"Quel est le statut de l'erreur dans la classe ?
L'envie d'apprendre, l'apprentissage s'appuient forcément sur l'erreur, mais une erreur qui devient aussitôt un obstacle, une énigme à résoudre. Si l'on réduit l'apprentissage à la soumission à la norme il est probable que l'on aura intérêt à fournir tout de suite au jeune les codes et lui demander de les reproduire fidèlement, il n'y aura ainsi pas d'erreurs, seulement des fautes.
"
Le Monde de l'Education. Bruno Duvauchelle, spécialiste des technologies de l'information dans l'éducation.


Chez Agatha Christie, entre le sérieux superintendant de police Battle et l'auteure de romans policiers Mrs Oliver, enthousiaste à l'idée de résoudre un vrai crime.
"La vie réelle diffère un peu des romans Mrs Oliver, répliqua Battle.
Je le sais, c'est mal construit.
"
Cartes sur table


"Manger est au corps de Susie ce que lire, penser, parler, écouter sont à son esprit : un réflexe, un plaisir, un enthousiasme, une disponibilité de tous les instants, une passion, un naturel, une fatalité, une culpabilité, un souci, une condamnation."
Mon écrivain préféré - Susie Morgenstern. Sophie Chérer. L'école des loisirs
Tiens ça me rappelle quelqu'un.


Dans la correspondance entre Wolfgang Amadeus et Léopold Mozart, le père s'inquiète de rumeurs lui parvenant, selon lesquelles Mozart mènerait à Vienne une vie un brin dissipée, fréquentant des gens, et surtout des femmes, "de mauvaise réputation".
Mozart commence par le rassurer puis s'indigne du manque de confiance de son paternel.
Dont acte :
"De plus, soyez assuré que je reste fidèle à ma religion et si j'avais le malheur - Dieu m'en garde - de prendre le mauvais chemin, je vous absous par la présente, mon cher et exemplaire père, de toute responsabilité."
Lettre du 13 juin 1781
Quel coquin ce Mozart ! Et vaguement irrévérencieux...
(je me vois bien dans un prochain désaccord parental : tu veux que je te signe un papier ? Pour le jugement dernier quoi, hop).

Mardi 14 juillet 2009 à 16:57

J'étais déjà venue en mai. Pour un cours. Enfin j'avais essayé de chanter pour montrer un peu quoi, mais ma voix s'était toute cassée la semaine d'avant, et c'était franchement pas terrible.
Il m'avait secouée comme un poirier pour que finalement sortent quelques sons à peu près consistants.
Et il avait dit ouais, ça doit valoir le coup de travailler pour voir, mais il faudrait revenir une semaine entière, qu'on entende ce que ça donne.


L'impression d'entrer chez les pro un peu, à suivre la conversation : et Unetelle que je t'avais recommandée ? Oh, elle avance bien hein, mais je crois que son pays lui manque [l'Afrique du Sud je crois, et oui, ça me paraît crédible, c'est loin], et puis je pense qu'elle veut se poser, fonder une famille tout ça... [ah, c'est pas compatible ? apparemment]
Echange téléphonique pour prévenir que je risque d'arriver le jour même du 1er cours. Je ne préfèrerais pas dit le prof, l'eurostar y'a la clim, et du coup les élèves arrivent enrhumés [euh, oui ben je vais pas venir à pied hein, donc je mettrai une écharpe plutôt].


Lundi je n'ai même pas chanté d'air, j'ai remballé mes partitions direct, on a tout recommencé à 0. Note par note, syllabe par syllabe. Dites a. Ce n'est pas du tout comme ça que j'ai l'habitude de faire, le son ne me paraît même pas joli du tout. Querelles d'écoles. Italienne, allemande, assise du souffle et rondeur du son. Chanter comme un charretier. Le diaphragme, tiens-le ! Là, il appuie d'un doigt sur mon ventre pour me montrer.
Mardi il m'a fait tellement mal que j'en ai pleuré, j'ai gardé une marque rouge plusieurs jours. Le son vient de plus profond, je commence à comprendre un peu où on va. Arrimer la voix aux tréfonds du corps. C'est la 1ère fois qu'on me fait chanter avec une voix qui correspond à celle de la parole. Chanter est un bien grand mot, j'en suis toujours aux syllabes, à peine, avec peine, je n'ai même pas ramené mes partitions.
Mercredi, mes éventuelles craintes sur l'intérêt que pourrait me porter mon professeur s'évanouissent à la découverte d'un grand black, enfin plutôt café au lait, confortablement installé dans le canapé, ordinateur sur les genoux, en petit short-qu'on-porte-à-la-maison. Il n'est apparemment pas là pour un cours, et disparaît dans la salle de bain prendre une douche, puis se changer dans la chambre. Bon, ça c'est fait. On développe un tout petit peu plus le chant je crois, je lui dit qu'il m'a fait mal, il appuie du plat de la main du coup, je commence à m'habituer au son qui sort, même si "brut de décoffrage". Mais c'est beaucoup de discussion sur la technique, les écoles, les formations, les professeurs, les grands chanteurs et les festivals.
Jeudi il sort une partition me semble-t-il. Ou le Vaccaï seulement je ne sais plus. Très vite on retourne à du détail, puis on lie deux ou trois mesures. J'ai un peu l'impression d'avoir chanté plusieurs notes d'affilée. Mes oreilles, mon cerveau intègrent peu à peu ces vibrations, cette nouvelle chose comme ce-qu'il-faudra-désormais faire. Mais enfin ça ne marche pas du premier coup, chaque jour tout est reperdu un peu. Et puis je suis pas programmée correctement encore, je chante plus faux que d'habitude, ça me vexe, et je ne comprends toujours pas les voyelles qu'il veut me faire prononcer (m'enfin avec l'accent montpeliérain vous avouerez, c'est pas clair !).
Vendredi on chante un vrai de vrai morceau, même pas du Vaccaï. Bon tout juste phrase par phrase et encore. Mais enfin il trouve que j'ai un peu progressé, bon je ne chante pas bien hein, entendons-nous, hum, voui merci j'avais rien demandé, non mais pas mal non plus. C'est le début quoi. J'ai une voix assez large et solide, pas une petite voix légère quoi, mais il ne peut pas déterminer ma tessiture plus précisément que ça.
Samedi, dernier cours, je crois qu'on a repris le même morceau, et puis on a fait des gammes descendantes, enfin un tout petit peu. Ca a mis longtemps longtemps pour que je le fasse correctement, le son, le diaphragme, les abdominaux, la voyelle (réarticule quand tu descends - ça ne descend pas d'ailleurs hein - mais ne fais pas ça avec l'expiration !!), le haut du thorax qui ne doit pas bouger, la machoire, ne contracte pas les doigts. Encore, encore, encore, non, encore. Et puis ça a ressemblé à peu près à ce qu'il fallait. On a recommencé plusieurs fois, monté la note d'attaque, fa, sol, la4.
Ouais t'es soprano.


Je repars pour Paris le soir-même, avec quelques scones et pancakes, et les bouquins offert par les cousins pour mon anniversaire. Je trouve la verrière de St Pancras vraiment moins chouette que la toute bleue qu'ils avaient faite à Waterloo... Je regarde un peu Londres s'éloigner, et le train entre déjà dans un premier tunnel pour sortir de la ville, et je regrette de ne plus voir, sur ce nouveau tracé,
l'usine électrique de Battersea et ses quatre grandes cheminées, qui obligeait le train à une courbe serrée nous permettant parfois d'en voir l'autre bout

Vendredi 10 juillet 2009 à 19:00

Ca fait donc 10 ans, ça m'amuse et m'impressionne tout à la fois.
Je me souviens avoir "joué aux grands" en imitant les expressifs : "ça fait 10 ans qu'on s'est pas vus !!" de ma mère.
Et voilà que moi aussi, j'ai des dates datant de 10 ans.

J'avais déjà pensé aux 10 ans du départ, un 25 août, perdue sur les chemins de Navarre. Il y a 3 ans maintenant.
Et voilà maintenant les 10 ans du retour, ce 10 juillet.

Nous n'avions plus d'appartement à Londres déjà, pas encore d'appartement à Paris, les affaires éparpillées dans quatre coins de France ou en transit, comme nous.
Des amis nous avaient logés quelques jours, ils avaient pensé à un gâteau le 9 au soir, j'avais été toute surprise, ma copine m'avait fait un petit cadeau. Le lendemain départ définitif. Passer son jour d'anniversaire dans la voiture, j'avais trouvé ça pas terrible.

L'été fut stressant, incertain aussi, je crois que c'est là que j'ai commencé à me ronger les ongles un peu. In extremis un appartement nous correspondant fut trouvé malgré l'incompétence de l'agent immobilier et l'emménagement programmé pour le jour de la rentrée.

Et je basculai d'un monde d'expatriés, toujours mouvant, ouvert à tous les courants, où l'on est considéré comme un ancien dès la 2ème année à un environnement figé où les élèves faisaient leur scolarité entière dans le même établissement, n'avaient jamais déménagé, eût à changer leurs habitudes, s'adapter... et pour certains, du coup, n'étaient pas prêt à accepter quelqu'un d'un peu paumé, qui ne connaissait pas encore les us qu'ils croyaient absolus.



ça fait maintenant 12 ans, que j'ai 10 ans... :o)


Vendredi 3 juillet 2009 à 14:53

Ma boîtàtrombones est pleine et commence même à déborder. Melle Moi me conseille de les relâcher dans la nature. Bof

J'ai repris un rythme veille-sommeil à peu près normal, lever matinal et coucher pas trop trop tardif. Probablement dû à un "retour" dans l'appartement parental. Tous les jours je m'assieds à une table avec des papiers et des articles et des tableaux et mon ordinateur. Mais je ne suis pas sûre d'avancer vraiment, ou alors à pas de fourmi.

L'été est là pourtant, un peu brusquement peut-être, mais j'aurai aimé avoir la tête libre, pouvoir m'éveiller entièrement dans la nuit et aller à la fenêtre voir l'orage éclater, au lieu de lutter pour l'endormissement. Prendre le temps d'en voir tous les éclairs, écouter intensément  les grondements tonnereux et apprécier la pluie qui s'avance à travers la place. J'aurai aimé passer ma journée à lire tout ce qui me tombe sous la main, journaux, revues, bouquins qui traînent autour de moi et m'attendent depuis des mois. J'en ai acheté sur des coups de tête, que je me suis interdit de lire ensuite avant la fin de l'année ("scolaire"), d'autres passent quelque temps à la maison par le groupe-lecture de ma mère, puis repartent irrémédiablement me semble-t-il.
J'aurai aimé être libre d'errer, de dormir ou de partir. Voyager, ailleurs, voir et sentir. Mais il fallait s'en donner les moyens avant.

Qui dit début d'été dit anniversaire, je me décide au dernier moment à organiser quelque chose, ça tourne parfois à la farce mais je n'ai pas encore envie d'y mettre trop d'énergie. En famille la célébration est d'ores et déjà repoussée à l'autre bout de juillet, au moins, c'est ainsi depuis plusieurs années.
Je serai à Londres le 10 finalement, entre chant et cousins.

L'été est suspendu, des projets existent mais dépendent de l'avancement d'un travail que je ne sais dans quelle direction mener exactement.
L'été est incertain mais j'espère encore ne pas le gâcher.


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