Dimanche 27 septembre 2009 à 0:22

Fuir, se décider, chercher fouiller retrouver les affaires, il manquerait ceci cela, hésiter, courir à la Procure, prendre un lexique français-espagnol tiens, ce sera pas du luxe, écrire un mail groupé aux copines de promo pour dire que ça s'est bien passé, se faire rendre le sac à dos, étendre la machine, racheter des chaussettes, ça y est le billet est pris, se dire que je vais avoir l'air con, ça ne rime peut-être à rien, est-ce bien ça la meilleure solution, préparer un dîner, faire du repassage, manger vite avec mon père et mon cousin, peser le sac, partir. 
Loin tout au bout du quai. Retrouver avec bonheur ces chaussures de marche qui donnent l'impression de danser un peu.

Fuir dans un sens, et puis s'arracher de nouveau.
En deux heures refaire le trajet de quatre journées, à l'envers, retrouver les clochers, les villages, les croisements, les fontaines. Remonter, défaire, détricoter. Pamplona 98 km. Pleurer de fatigue d'énervement de tristesse de soulagement d'étonnement de peur. Réaliser un peu, j'ai mis un peu de distance entre ce lundi midi et moi, je peux y regarder de plus loin.

Seulement quatre jours ? Cizur Meñor, Uterga, Puente la Reina, Cirauqui, Lorca, Estella, Irache, Los Arcos, Torres del Rio, Viana, Logroño, noms improbables et impérissables. C'était long, profond, se sentir bien vivant, détester s'arrêter et partir, vouloir continuer,  rester avec ces gens uniques qui sont là, it was nice meeting you. Je ne serai qu'un souvenir sur leur chemin.   


Je crois qu'il s'agissait d'engranger de la frustration pour revenir, finir enfin, se replonger à long terme dans le rythme de la marche.



Marche, tes pas seront tes mots. Le chemin ta chanson. La fatigue ta prière. Et ton silence, enfin, te parlera
Marche,
Ta tête ne sait pas
Où tes pieds
Conduisent ton coeur.

Dimanche 20 septembre 2009 à 18:51

Je suis en train de boire un café instantané infâme en me disant que ça peut quand même peut-être aider, j'ai mis du Mozart pour couvrir le bruit de l'ordinateur que je viens de rallumer, je vois que l'habillage du blog est revenu, je me dis qu'il reste moins, presque beaucoup moins de 24h et que je ne suis vraiment pas au point. Ca a recommencé tout pareil. Impressionnant.
Dix minutes a priori c'est court, mais si j'ai rien à dire ça risque d'être plutôt long.

C'est là que je trouverais bien le bureau qui distribue les
attestations de kidnapping.
On va dire que ça va aller. Je vais y survivre normalement. Et si ça passe ben ça va faire quelque chose de drôlement bizarre tout en n'écroulant rien du tout autour ni ne déviant le cours du temps cosmique ou quoi.

Texto d'une copine qui est passée en juin : "conseil de dernière minute : avant d'entrer dans la salle, imaginez le jury en caleçon".
C'est-à-dire qu'arriver hilare pour la soutenance, je sais pas trop... :D

Je suis toute seule dans l'appartement, toujours aussi peu sûre de ce que je peux produire de bien, aussi peu confiante dans ce que j'écris, et en train de comprendre surtout qu'il n'y a rien d'original à faire, il faut juste que je réexplique pour la cent millième fois de l'année ce que j'ai passé ces 10 derniers mois à faire.
Ce sera la dernière hein !

Mardi 15 septembre 2009 à 19:51

La une du Monde d'abord,daté de mardi 15 septembre, sur la table du salon : "Si le marché avait la bonne réponse à tout, ça se saurait" commente ce grand sage de Sarko à propos de l'idée d'un nouveau mode de calcul de la richesse.
Et puis dans la lettre d'information du Monde, toujours, que je reçois par mail, une autre citation en titre : "Sarkozy dénonce la "religion du chiffre""

euh
j'aimerai beaucoup éclater d'un rire énorme quoiqu'un rien hystérique, si ça ne me donnait pas envie de pleurer un peu.
Mais pour qui se prend ce con ?
Mais il essaie de faire croire à qui, il espère que qui va oublier que jusque là il n'avait jamais été trop trop dérangé par la loi du marché le petit chéri... ?
En parlant de chiffre, il me semble que c'est comme ça qu'on compte les gens dans les charters, vaguement.

Et le voilà qui philosophe presque, et qui voudrait faire des phrases en "je l'avais toujours dit...", pour nous faire croire qu'un pays se résume à autre chose qu'à une économie pour lui, tout d'un coup.

Le pire c'est que cette idée d'utiliser un autre indice pour "mesurer" la qualité de vie des gens, qui est plutôt bonne (l'idée) et réclamée depuis longtemps me semble-t-il, paraît d'un coup louche !! Comme les indicateurs habituels sont moroses sous le règne de môssieur, changeons d'indicateur ! Et inventons-en un vite qui soit positif. Hop hop. Et que ça saute.

Enfin, n'oublions pas, pour enrober le tout et faire savant, de prôner à nouveau cette énigmatique "politique de civilisation", mais ça,
Bon pour ton poil a compris et nous explique de quoi il retourne.

C'est plus clair :o)


Jeudi 10 septembre 2009 à 12:29

Je me suis enfoncée avec délices dans des lectures réfrénées depuis de trop longs mois, n'importe quelles lectures, dans n'importe quel ordre. Mais cette incapacité toujours à s'interrompre pour dormir, vouloir savoir et continuer en luttant contre le sommeil. Ne pas laisser dans ma tête les personnages s'épanouir, l'intrigue s'élargir et s'installer ; plutôt avaler, enchaîner les chapitres et finir. Pour commencer autre chose immédiatement, et encore une fois étouffer un peu l'histoire dans mon esprit, après Au bonheur des ogres de Pennac, balayer déjà Monsieur Malaussène en attaquant Zazie dans le métro, puis directement Le vieux qui lisait des romans d'amour, au prix d'une certain difficulté de mon cerveau à s'adapter au changement de style. Le lire un peu plus lentement quand même, mais dès que finit, au lieu de sentir encore un peu la jungle amazonienne et m'y perdre, prendre le nième tome des aventures de Thomas et Charlotte Pitt, série de romans policiers dans l'Angleterre victorienne, et le lire d'un trait, pendant que mon père regarde les Bleus essayer de ne pas perdre le match en Serbie.

Après le dépôt des mémoires je suis repartie en province et j'ai pu m'allonger sur le bord de la piscine, et savoir qu'il m'était enfin autorisé de ne me concentrer que sur la sensation de mon corps étendu sur la pierre. Mais bon pas trop longtemps allongée quand même. J'ai lu. Beaucoup plus inconfortable mais quel plaisir aussi.
Je suis restée plusieurs jours, je devais tenir compagnie à ma grand-mère, me suis levée un peu tôt.

Rentrée pour le Paris-Carnet, même pas inscrite, je découvre que je ne lis même plus les comptes-rendus après coup ; je passe tout de même un peu sur le blog d'une
souris juste sortie de khâgne...

J'essaye de jouer un peu de piano mais je n'ai plus les doigts, un an seulement, un an déjà que j'ai arrêté les cours, et les réflexes, les muscles, les positions des doigts et les bonnes sensations sont effacés.

Mais déjà les jours avancent, les inscriptions pour l'année prochaine, c'en est où, que faut-il faire ; l'année prochaine ? Mais je n'ai pas fini l'année dernière ! ma chambre non rangée m'oppresse de jour en jour un peu plus, et puis la convocation est arrivée, il faut s'y remettre, préparer, que faut-il dire, deux jours encore à s'occuper de détails, allez il faut que je m'y mette (bon sang !). Oh non, ça ne va pas recommencer. 

Le contre-coup de la fatigue se fait sentir seulement cette semaine, j'avais tenu encore pendant la semaine passée. Et maintenant qu'il faut donner le dernier effort, le sommeil me guette de partout. Je quitte la BIUM à force de bâillements, mais une fois rentrée je lis et ne dors pas une minute. Se forcer encore, lire, dévorer, est-ce un crime contre le livre que de le gober ? Si vite ? Où va-t-il ensuite, ressortira-t-il dans mes pensées, en restera-t-il quelque chose... ?
Du coup j'ai grignoté pour rester éveillée, et puis j'ai dû dîner quand même. Et maintenant le ventre trop plein je lutte contre le sommeil pour finir l'histoire. Et demain matin je voudrai m'y abandonner.

Un peu plus de 10 jours, c'est pour le 21. Midi et demie. Tiens, ma directrice a redonné signe de vie, elle à l'air de venir, mais attention, qu'il n'y ait pas de retard sinon... son train repart aussitôt après.

Réfléchir à quelque part où partir, oublier, couper, marcher peut-être, je reviens à ça, pour quelques jours, ce sera peut-être possible.

Un peu d'air frais ce soir dans ma chambre sous les toits étouffante s'il a fait trop chaud dans la journée. Ma grand-mère reçoit une déclaration, et moi je viens d'effondrer mon dernier rêve, le tout dernier qui pouvait encore me faire quelque chose, il va falloir retourner au désert, ne pas y penser. Ce billet me paraît grammaticalement illisible, j'en ai un peu marre, je voudrais sortir, mais je ne sais pas de quoi.


Mais s'y remettre d'abord, encore une dernière (?) fois.

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