Ca me fait mal, ma main chauffe un peu, mon doigt, je fais attention à mes mouvements. J'ai tapé un coup dans le mur, je suis assez contente de l'intensité, je suis assez contente du bruit que ça a fait, je trouve que j'ai tapé assez fort, j'ai juste suffisamment mal pour me demander si mon petit doigt n'aurait pas un problème, je tape avec les pieds sur le plancher, j'ai mis Chostakovitch très très fort, mon énervement bout encore, j'ai peur de faire une connerie en tapant là sur l'ordi dans le noir, si je reperds un truc je vais huler, je suis presque calmée déjà mais quand j'ai pensé ce billet dans ma tête j'étais en mauvais état, pourquoi c'est si lent, ah le 4ème mouvement, très bien, j'ai hurlé, crié et pleuré, j'ai fait une scène incompréhensible pour eux à mes parents pour la première fois depuis longtemps, ils m'ont énervée, il m'a énervé et j'ai trouvé ça bien. Un peu de réconfort sur quelques faits avant, dans cette soirée, et puis déclenchement, et puis ce truc qui revient, qui était déjà arrivé, intolérante à la frustration, cette espèce de chose, de gros mot que j'ai appris dans des cours de génétique, de pédopsychiatrie, que j'ai entendu sur ma soeur, cette insulte presque, et moi si policée, si bien éduquée, si retenue comme ça vue de l'extérieur, et je ne m'en remets pas, pour une toute petite chose, relativement, mais ça fait plusieurs fois, mais ça m'énerve, mais j'étais contente de ce que j'avais fait, mais émotionnellement je n'ai pas envie de le réécrire ce mail, je voulais qu'il parte, il était bien, j'ai tapé dans le mur, je ne me suis pas calmée, je suis intolérante à la frustration voilà, malgré tous mes efforts, toute mon éducation, toute ma maîtrise de moi qui ne me sert à rien, qui est bien trop, bien trop policée, bien trop étendue, distillée, instillée dans tous mes membres et dans mon cerveau, qui ne m'entrave que, qui doit bloquer, qui est peut-être l'explication non ; je cherche un peu de réconfort dans quelques blogs, mais au détour d'un mot, d'une phrase d'une ou deux situations décrites finalement non je m'enfonce encore plus, le cri devient général, la situation s'agrandit, jalousie jalousie, injustice ? détresse, injuste, idiote, re Chosta au début, pourquoi putain pourquoi, c'en est une telle honte finalement parfois, alors qu'à d'autres moment j'y trouve une explication, est-ce que je vais publier ce truc qui ne veut rien dire, encore des choses que je n'ai pas faites, pour me punir je vais veiller, tard, à faire autre chose, encore arriver demain d'un air contrit, excusez-moi, et ma tête de bonne élève fera le reste, pourquoi j'ai une tête comme ça, je voudrais y faire quelque chose, des fringues, une coupe de cheveux peut-être, mais on s'en fout, c'est ma raison d'exister aussi, je me fous de tout ça, je ne dépense pas d'argent pour ça, ça fait partie de moi, je mélange des trucs là, bref, non pas bref, j'ai des trucs plus intéressants à écrire, à vous écrire, où est l'intérêt, ce qui ne te tue pas te rend plus fort, c'est ça cherchons les difficultés j'ai répondu je crois, ne pas savoir gérer la situation inverse aussi - pardon ça c'est un autre truc, c'est le sujet d'avant - mais nan, mais il y a toujours des difficultés, ça ne sert à rien de, oui mais alors là tu vois, je ne peux pas faire exprès de ne pas éprouver ce que j'éprouve, je peux juste rester très maîtresse de moi et n'en rien laisser paraître, mais ça m'énerve ça m'énerve ça m'énerve à un point !!! c'est pas normal, ça m'énerve tu ne peux pas savoir, et j'en pleure et je tape mon poing dans le mur et j'ai mal au doigt qui me chauffe je le tiens pendant que j'essaie d'expliquer, tu ne comprends pas, ben non, c'est ta grande réponse à tout, c'est à l'autre de formuler clairement, enfin de formuler pour que ça parvienne à ta compréhension. Et puis après tout tu n'es pas censé être mon référent absolu, à mon âge je devrais m'en passer, passer à autre chose, je revérifie pour la nième fois, ça me donne envie de hurler encore, je laisse lentement s'instiller l'idée qu'il faudra que je le réécrive, merde, msn fait chier aussi, c'est tout changé ça me plaît pas tiens, j'ai là aussi définitivement perdu des petites choses jolies auxquelles je tenais, il ne faut tenir à rien là, voilà, je vais me faire trappiste, ou sceptique ou un autre truc dans le genre détaché de tout, mais finalement là tu tiens au voeu que tu as fait, ça fait encore quelque chose que tu peux perdre, ou alors tenir à quelque chose au-delà de tout, au-delà du ridicule est le sublime finalement. J'ai froid.