Ca m'a repris encore une fois pareil, la respiration saccadée bruyante tout le haut du corps en hoquets glissants à angles vifs, et je suis persuadée que j'en rajoute moi-même, pour faire des effets dramatiques, alors j'essaye d'arrêter et ça bloque ma respiration et ça reprend. Ca me fait une sensation bizarre dans les dents, presque comme des fourmis. Et je suis morte de trouille que les garçons débarquent, je ne les entendrai pas, de la salle de bain tout au fond, ils arriveraient d'un coup devant la porte et entendraient tout, ou même si je suis dans le salon, si je hurle recroquevillée sur le tapis ce sera trop tard aussi quand la porte s'ouvrira, je ne sais plus quelle heure il est, l'eau coule encore, si je me noie ça inquiétera camille, déjà que l'hospitalisation de maman elle était inquiète, mais ça règlerait plein d'autres choses. Je n'ai pas mangé ce midi finalement, pas eu vraiment le temps, pas trouvé au seul moment où ce qu'il me fallait, ça a été, j'avais juste faim après une heure et demie de rame. Ce matin une tranche de pain de mie ça n'a pas été, il me faudrait du papier pH pour ma salive. Ce soir gnocchis et légumes en pot ça n'a pas été non plus, je ne sais plus ce que je peux manger. j'ai trouvé d'autres boutons, ou sortes de, je ne sais pas d'où ils viennent, ce ne sont peut-être que des frottements. J'ai oublié vendredi et peut-être samedi matin de faire les deux ou trois choses importantes qu'il fallait. une pour ma mère et deux pour ma sécu, et ce soir j'ai une reflexion, alors que je fais ce qu'il a refusé de faire sous prétexte que je saurai mieux, bien la peine que ducros se décarcasse non mais il se fout de ma gueule, il se fout de ma gueule !! j'hésite, j'hésite à casser une assiette, déjà hier, à mettre l'ordinateur dans le bain tiens, à faire une scène publique à mon père, pour qu'on voit bien que ça va pas, pour qu'on se dise qu'il n'est vraiment pas bien, qu'il ne sait vraiment pas faire, que ça se sache, que je puisse exploser et que ce soit dit. Tu te fous de ma gueule. Et lui aussi il n'a pas le droit de me juger, l'autre là, on ne choisit pas où on naît, et après des fois on ne révolutionne pas tout mais on fait avec, tu crois que je me la coule douce, quelque part sûrement, mais tu ne sais pas ce que j'ai dans la tête, on n'a pas été élevés pareil à mon humble avis, tu n'as aucune idée de ce que je transporte alors ne me classe pas aussi vite, sur ce genre de critères-là. Et ceux qui s'offusquent, ça me fait juste passer pour encore plus conne. Je vais vomir peut-être, ça serait au moins quelque chose, pour la première fois je suis allée chercher un balai et j'ai frappé contre le plafond de la chambre à côté de la salle de bain, une fois que j'ai réussi à sortir, après que les "chants" du voisin ont empiré un peu la crise. j'ai un problème avec les sons, je n'arrive pas vraiment à les classer dans bruit de fond et à les oublier, j'explore comme ça l'environnement, à l'oreille, et je voudrais pouvoir pulvériser ce qui me gêne auditivement. Je ne sais pas quoi faire, je n'ose plus regarder nulle part, aller rien lire, rien écouter, tout et n'importe quoi peut faire repartir la machine, mais il faudrait aussi réussir à tout noyer, parce que tous ceux que j'ai entendus ou lus ces dernières heures tournent en vrille dans mon cerveau, dans mon oreille presque, et je ne trouve toujours pas pourquoi ça me rend folle alors que pas d'autres semble-t-il, et j'ai beau avoir fait des distinctions psycho-réthoriques, finalement je n'aurais juste dû pas croire à ce que j'ai cru, ne croire à rien surtout, il ne fallait pas. Est-ce que je dois sortir, mettre de la musique, laquelle, ou partir, prendre un train, marcher, rester dans l'eau, me terrer dans mon lit, courir, lire, pleurer encore, écrire. écrire c'est fait. J'ai dû me baigner dans du cif un peu, j'ai nettoyé la baignoire et passé les doigts sous le lavabo pour voir ce que la femme de ménage n'avait pas nettoyé, je songe à passer la soirée à récurer sols et murs, j'ai parfois des petites "crises" où j'ai l'impression que tout est sale, que je suis sale, qu'il faut tout laver, et là tant pis je suis en position foetale, face contre terre les cheveux pendant sur la sortie de bain tâchée. mais il meugle encore là-haut je l'entends du salon. Il y a sur le tapis des piles de journaux que j'ai commencé à trier. Un feu peut-être ce serait plus purificateur ?
Est-ce que j'essaye d'exorciser quand je dis ça ? De me soulager de ces idées rien qu'en les exprimant, par provoc ?
Il y avait autre chose aussi je ne sais plus.
Ducros. Non mais je t'en foutrais. 149 euros et 29 centimes exactement, et j'ai oublié le pain.