Lâches
Lâches lâches lâches
lâches lâches lâches lâches
lâches lâches lâches lâches lâches
vous êtes tous des lâches
C'est le mot qui me vient.
Maintenant que ça fait trois semaines, presque trois semaines qu'on sait et qu'on n'en peut plus. Qu'on ne sait pas ce qu'on peut attendre, que le seul truc qui serait définitif serait qu'elle meure, mais qu'à part ça ce sera probablement toujours (ou pour (très) longtemps ?) de l'incertain, du chaque jour branlant gîtant et renouvelé dans l'angoisse de l'espoir. Et donc on reste comme ça. Et on ne sait plus ce qu'on doit espérer. Parce qu'on nous a dit d'ailleurs que non, ça devrait pas durer trop longtemps, ça se compte en mois.
Et vous qui vous terrez parce que vous ne savez pas quoi dire. Vous qui faites semblant de rien de peur de dire des conneries. Remarquez vous avez peut-être raison, ça peut être pire quand vous dites des conneries, j'ai déjà des échantillons, sacrée cuvée.
Ceux qui demandent un peu mais font vite signe d'impatience genre mais je vais quand même pas écouter toute l'affaire, ceux qui abrègent la conversation par un bon vous êtes bien entourés j'espère - je peux raccrocher donc, ceux qui décrochent avec un ben ça a pas l'air d'aller étonné. ceux qui ne se rappellent surtout pas à mon souvenir, lâches, ceux qui se déconnectent, lâches, ceux qui savent pertinemment que je préfère me griffer jusqu'au sang que d'appeler à l'aide et qui trouve ça vachement pratique : "n'hésite pas à appeler si tu as besoin", et voilà, le tour est joué, LÂCHES !
J'imagine que je pique des colères terribles et bien argumentées devant des situations de connerie injuste et flagrante, et finalement j'ai laissé passer une ou deux occasions par manque de répondant ; et surtout par le sentiment très prégnant de ma propre connerie, de ma propre injustice.
Je sais bien que moi aussi je parle d'autre chose. Je sais bien que personne ne sait quoi dire.
Mais j'aimerais bien que pour une fois on me passe mes bêtises. Il paraît que ce serait en ce genre de grandes occasions. Que de dérogations pour ça !
Même si ça n'empêche pas les médecins de cataloguer en "le proche rendu agressif par la douleur", j'ai suivi les même cours, je connais les cases.
Je ne sais pas ce que veut dire douleur.
Et je voudrais bien pouvoir utiliser mon agressivité. M'en servir, la défouler, la dégueuler, en vrai, pas de façon chiadée et mesurée pour ne blesser surtout personne, non non, c'est pas mon problème ça.
Le sentiment d'être toute seule là-dedans avec discontinuité totale autour de moi. Avec personne qui suit vraiment. Personne qui accepte de suivre vraiment. D'être avec moi. Quelqu'un devant qui je n'aurais pas peur de pleurer et qui n'aurait pas peur de me voir pleurer. Ca me rappelle juste, seulement, avec un léger changement de toile de fond, que je n'ai jamais réussi à trouver qui que ce soit qui accepte de suivre quoi que ce soit avec moi vraiment. Qui accepte d'être fiable et disponible, comme on dit pour les marqueurs grammaticaux. Je n'ai pas. Et tout le monde qui reste se dérobe, c'est la débandade généralisée, la lâcheté "protectionniste", et moi j'ai l'impression de re-découvrir l'eau tiède, alors qu'on se doutait bien que c'est dur et que c'est "important" d'être entouré, pour faire comme un soutien. Et je suis toute seule devant la fenêtre de sa chambre, à voir qu'elle n'a pas les yeux ouverts, toute seule au milieu de l'après-midi, folle de rage soudain à l'idée de toute cette crasse partout dans l'appartement, toute seule au milieu de la nuit.