Après une heure ou deux de conduite - c'est lui qui avait fait le départ - il m'a passé le volant. Sur une aire d'autoroute, où on avait déjeuné un peu tardivement je crois, un peu vite, pour remonter à Paris avant les bouchons. Il fait une tête chiffonnée de dégoût pour dire que non il ne s'assiéra pas à côté de moi car ma conduite lui déplaît - il l'a pourtant fait mille fois, sans tant d'inquiétude dans le regard. Je ne me formalise pas, il a toujours fait ça, avec maman aussi, c'est juste pour dire qu'il passe derrière et qu'il laisse la place à la copine qui est venue avec nous.
On repart, il commence à somnoler derrière, la circulation est fluide. Je change de file - pour doubler quelqu'un probablement...
Il se réveille d'un coup, se redresse, t'as mis ton clignotant ? Oui oui, j'ai fait attention avant de me déporter, et j'ai mis mon clignotant. Ton calme et rassurant de ma part.
Mmh, fait-il, moue inimitable. J'ai pas vu, et moi, si je vois pas, je crois pas. 

J'aurais dû le laisser sur la bande d'arrêt d'urgence.
Ou piler sur l'autoroute, je sais pas.

Mon père fait des remarques juste pour bien rappeler qu'il ne nous croit pas, qu'il ne croit pas ce qu'on lui dit. Même si c'est lui qui a posé la question.
Intéressant, constructif, grande vague de confiance en soi et en l'autre.

La confiance n'exclut pas le contrôle dit-il.



Et je voudrais lui répondre un truc définitif. Et je n'y arrive pas
. Pas trouvé.