"Ne dis pas que c'est ça ou rien".
Allons bon, pourquoi pas puisque c'est la vérité.
Tu m'as demandé il y a quelque minutes avec qui je couchais. J'ai répondu non aux deux questions. J'imagine que la réponse te déplaît, d'ailleurs. Je me suis dit une fois dehors que j'aurais dû encaisser, que j'aurais dû rester, que je ne devrais pas être là à marcher vers le nord, vers l'appartement, sans ma récompense, qu'est-ce que je faisais dehors. J'aurais dû sourire, rester assise, boire cette troisième bière que tu venais d'apporter. Tout se serait arrangé, il se serait peut-être passé quelque chose.
Mais je pleurais déjà, et puis tu as dit
L'envie me vient de soulever cet ordinateur déjà cacochyme et de l'exploser par terre. Mais je suis un peu radine, comme tu m'as expliqué, ça me ferait mal, et puis deuxièmement je ne suis pas sûre qu'il explose bien comme je voudrais ; il ne se passerait probablement pas grand chose.
Après une réponse relativement pondéré à ton message de semi-excuse, je viens d'appuyer sur Entrer pour quelque chose de nettement moins classe. Et encore deux lignes en plus, pendant que j'y étais. Pas sûre que ça te plaise.
marrant, moi qui était allergique aux disputes, fondait en larmes à la moindre confrontation, j'ai envie qu'on s'engueule pendant des heures.

Tu as dit "Still, you wanted it", You wanted it to happen, Tu le voulais, putain je sais déjà plus les mots, les trois, quatre, cinq peut-être mots que tu as employés, c'est quand même pas possible.

Hier j'ai pensé que je valais mieux que ça. Quand même, merde, que l'attente, que je pourrais peut-être un jour, maintenant, me retrouver, être, dans une autre situation, dans un truc que les autres take for granted.
Ca me paraîtrait tellement extraordinaire, à moi. Et si naturel. Mais si extraordinaire. Quand je l'imagine, je ne peux pas m'arrêter de sourire. Même si je l'imagine rarement aussi réussi. Je l'imagine en général en plus simple, en plus naturel, mais ce n'est jamais arrivé, ça resterait quand même extraordinaire.
Vous avez raison sur un point : je ressasse.

Et là il faut s'arranger, ça te prend d'un coup, je te dis que ce n'était pas la forme hier, le sujet est abordé, you say drop it, très bien, ça me va aussi, et puis tu retapes dessus un quart d'heure après. Pourquoi suis-je partie ? Ce n'est pas comme si j'étais surprise. Ce n'est pas comme si je ne savais pas ce qu'il fallait que je paye avant de. Je ne sais même pas si tu sais que tu parlais du même sujet. Je suis déprimé, dépressif moi aussi dis-tu. Mon cul, je viens de te l'écrire.
Je pense que tu sais que tu parlais du même sujet.
Maintenant je suis saoûle, j'ai la tête qui tourne, je pleure je ne sais même plus pourquoi, j'avance lentement, j'espère un moment que tu vas me rattraper, peut-être, mais je t'ai laissé devant deux pintes, tu ne vas pas les abandonner comme ça.
Et c'est moi qui suis radin.
Je croyais que c'était mieux comme ça mais je ne sais pas.
J'étais déjà en pleurs, tu as rajouté quelque chose, j'ai voulu faire une scène probablement, je ne sais pas, j'ai rarement l'occasion, et je ne voulais pas payer. Je suis partie, j'ai marché au ralenti, en hocquetant un peu, ça faisait longtemps, j'avais vraiment envie de pleurer. Maintenant j'ai vraiment envie de vomir. Puis j'ai fini par avoir faim. Ce putain de système irlandais qui t'empêche d'avoir de l'eau chaude quand tu en veux. Tu n'en auras que 45 minutes plus tard au mieux. Elle était tiède, j'ai pris une douche quand même, lavé mes cheveux à la coupe impossible. Elle n'étais ni chaude ni froide, j'en ai fait tomber la tringle de rage, d'énervement. Je ne corresponds pas aux canons physiquement, je ne corresponds pas aux canons moralement, ou spirituellement, ou intellectuellement. Je ne suis ni assez haut ni assez bas, pourquoi ne suis-je pas allez assez loin, pourquoi ne m'a-t-on pas montré la bonne direction, une direction, quelque chose à faire, à lire, à réfléchir. Ou peut-être que si. Pourquoi est-ce que je suis aussi empotée. Je n'ai juste pas travaillé assez pour faire ce qui me plaît, et ce qui est à ma portée ne me plaît pas. 
Et j'ai donc quitté le bar, laissé la seule personne qui me trouve globalement intéressante. 
Je pense que je voulais faire ça depuis longtemps.
Mais je me suis privée ce soir de la seule personne qui me trouve globalement intéressante, et peu d'entre vous savent ce que ça signifie.
(je ne dis même pas que je gagne un quelconque concours)(il y a pire)(mais il y a mieux)
Cette personne n'est pas disponible, cette personne est maquée. Cette personne est toujours maquée. Et me donne son avis sur le fait que, quoi ? C'est quand même un choix de ma part, je dis des conneries, mais non n'exagère pas, tu pourrais faire mieux, je suis un asshole, ne dis pas ça,

Embrouillée, j'étais.

En pleurs, encore fragile d'hier. Inquiète dans les grandes largeurs pour l'avenir, voici qu'il me ramène ce problème sur la table.

Ma grammaire n'est même plus respectable.

Longtemps, que je n'avais pas été dans cet état.

Enfin un peu réchauffée, après être restée dans la serviette humide de la douche tiède, après avoir enfin eu la présence d'esprit de me sécher les cheveux. Avec maintenant une bouillote, une cuillèrée de cheese cake dans l'estomac, un radiateur qui chauffe. Et le coloc qui répond aux textos.