Mercredi 13 août 2014 à 0:57
J'ai été avec tout un tas de gars dans ma vie.
Si je rêvasse, me reviennent des bribes, ou des genres de fresques de l'histoire, des moments précis, des sensations, des conversations. Les émotions sont parfois intactes, d'autres fois devenues fades. Certains d'entre eux n'ont plus d'importance. Mais je sais bien qu'ils en ont eu, ce jour-là, ces temps-là, beaucoup.
J'ai fait tout un tas de choses avec chacun, on est parti en vacances, en week-end, on a fait des projets réalistes et des plans sur la comète, on a discuté des nuits entières, on s'est soutenus, engueulés, on a ri, on s'est souri. J'ai rencontré leurs parents, leurs amis, leurs frères et soeurs, ils sont venus dans ma famille pour les vacances, on a fait des choses insignifiantes mais délicieuses, ils ont pu me faire tourner en bourrique mais aussi me faire tourner la tête avec leurs mots, leurs gentillesses, leurs attentions, leur voix, leurs yeux, leur doux sourire. En me faisant sentir aimée, tout simplement. Ca a été des histoires courtes ou plus longues, quelques fois en dents de scie, quelques fois surtout physiques. Je ne dis pas qu'on ne s'est pas trompés, un peu, beaucoup, et que personne n'a souffert. Ils ont pu être durs avec moi, me faire perdre confiance par moment - ça partait je crois d'une bonne intention, mais je suis trop influençable - ou au contraire m'assurer, me rassurer, tellement, j'en devenais presque sûre de moi, j'y étais presque, j'allais basculer, mais toujours quelque chose me maintenait dans l'incertitude, quand j'avais l'impression de me réveiller et de regarder la situation plus froidement. J'ai parfois l'impression que je ne savais rien à l'époque, que j'étais aveugle et sourde et coupée de la réalité. Des gens. Des échanges sociaux qui ont l'air si évidents pour les autres.
J'ai été avec tout un tas de gars. Je me souviens des émotions quand je n'étais pas sûre, je me souviens de la douceur de découvrir la réciprocité, et les douleurs des réalités qui me rattrapaient. On a vécu des situations plus dramatiques, parfois un peu mélo, quelques incidents, quelques accidents. Les fins qui ne veulent pas finir, la douleur qui traîne, la flamme qui ne s'éteint pas, les retours, les démentis cinglants. Ca finissait toujours dans les larmes, de mon côté en tout cas.
Ca finit toujours dans les larmes.
J'ai été avec tout un tas de gars dans ma vie, mais aucun n'est au courant.
Dimanche 20 avril 2014 à 15:36
Le dernier chapitre de Fusillé vivant d'Odette Hardy- Hémery, "L'impunité du haut commandement", contient une partie intitulée "Amnistie, amnésie".
Elle contient des citations autour de la justice militaire, l'oubli, le jugement, l'amnistie qui en découle souvent et qui a l'air due à l'amnésie dont semble souvent frappé le haut commandement.
L'ouvrage suit l'affaire des "Fusillés du 327e RI", en se focalisant principalement sur le fantassin de réserve François Waterlot qui a, fait incroyable, survécu à cette exécution arbitraire, est retourné au combat et est mort au front le 10 juin 1915.
J'ai juste relevé quelques citations, sans parfois beaucoup de contexte, mes excuses, mais qui peuvent donner envie de creuser plus.
Aux généraux ayant ordonné des exécutions non fondées convient parfaitement cette seconde signification juridique de l'amnésie qu'énonce Eric Millard : Des fais ont été commis. Ils constituent des délits. Des personnes pourraient être condamnées pour les avoir commis. Les autorités juridiques sont privées de la possibilité d'une telle condamnation.
[...]
Par cette amnistie, l'Etat se protège lui-même. La République française a souvent usé de cette pratique, qui équivaut, pour Stéphane Gacon, à "l'oubli institutionnel". Elle n'a jamais reconnu avoir commis des "crimes" envers ses propres soldats. "L'amnistie commandée" ne peut répondre, écrit Paul Ricoeur, qu'à "un dessein de thérapie sociale d'urgence, sous le signe de l'utilité, non de la vérité" et l'unité nationale se trouve réaffirmée par une "liturgie de langage".
[...]
Reprenons la citation de Pierre Vidal-Naquet :
Hérodote de Thourioi présent [...] son enquête pour empêcher que ce qu'ont fait les hommes ne s'efface de la mémoire avec le temps, [...] notre société, les classes et les groupes sociaux qui la dirigent fonctionnent exactement à l'inverse. Tout est fait, télévision, manuels, publicité, pour que l'on ne se souvienne pas, pour que la mémoire ne soit pas transmise, pour qu'un oubli sélectif bien sûr s'installe.
Les délits commis par les autorités militaire ont été recouverts par la formidable production d'oubli organisé qui a suivi l'armistice de 1918 et qui perdure encore. L'une de ses formes est la marée de commémorations, de cérémonies officielles, d'hommages aux morts invoquant plus ou moins la fatalité de la guerre. Car l'"héroïsation des victimes sert à étouffer leur calvaire. Car ces manifestations tendent à faire disparaître le sens du poignant, du pathétique, le souvenir vivace de la souffrance endurée, ainsi que la nécessaire réflexion collective sur la gravité de l'injustice et de la criminalité de la guerre, comme sur la portée contemporaine.
[...]
Certes, l'on évoque volontiers le souvenir des fusillés pour l'exemple, mais beaucoup moins la responsabilité et l'impunité du commandement qui les fit exécuter, l'implacable chaîne de commandement qui, de Boutegourd à Joffre et de Joffre à Boutegourd, assura la mise en oeuvre des exécutions de la première année de la Grande Guerre.
Le "devoir de mémoire" médiatiquement martelé depuis des années participe au mécanisme central destiné à faire oublier ce qui doit l'être pourvu que la nation fonctionne. Pour sans cesse la faire revivre, il faut cultiver l'amnésie. "Une nation, disait Renan, c'est aussi une communauté d'oubli." Le philologue allait jusqu'à prôner la méfiance envers l'histoire et à préconiser l'erreur historique : "L'oubli et, je dirais même, l'erreur historique sont un facteur essentiel pour la création d'une nation, et c'est ainsi que le progrès des études historiques est pour la nationalité un danger."
Tout cela résonne, fait réfléchir, rire un peu jaune parfois, et met en face d'alternatives : que croyez-vous qui soit le mieux : perdre la connaissance des faits historiques ou bien la notion de nationalité ? J'avoue que je ne sais pas à quel point Ernest Renan est ironique - ou pas - là.
Pour faire ça bien, je vous donne les principaux ouvrages dont sont extraits les citations et qu'Odette Hardy-Hémery cite dans ce chapitre de son ouvrage :
Eric MILLARD, "Epurations, amnisties, amnésie. Un bref éclairage sur le droit", Mémoires, identités, représentations. Histoire comparative de l'Europe, n°3, université de Toulouse-Le Mirail, novembre 1999, pp. 112-121.
Stéphane GACON, "L'Oubli institutionnel", in Dimitri NICOLAÏDIS (dir.), Oublier nos crimes. L'amnésie nationale : une spécificité française ?, Autrement, 1994.
Paul RICOEUR, La Mémoire, l'Histoire, l'Oubli, Editions du Seuil, 2000.
Pierre VIDAL-NAQUET, Les Crimes de l'armée française. 1954-1962, La Découverte.
Ernest RENAN, Qu'est qu'une nation ?, Pocket, 1992.
Mardi 18 février 2014 à 0:43
Ils sont quatre, il y a le père qui est français, la mère qui est polonaise. Ils ont une fillette de 6 à 8 ans, née à Belfast, et un petit garçon de 6 mois, né à Dublin. Ils sont à côté de moi dans l'annexe consulaire de l'ambassade de France à Dublin où je viens faire refaire mon passeport.
Ils viennent eux faire inscrire le plus jeune sur le passeport de ses parents, ou bien lui faire faire son propre passeport, et je crois le déclarer à l'état civil du même coup.
Ils voudraient qu'il ait le nom de ses deux parents accolés, le français puis le polonais ; et comme sa grande sœur n'a que le nom de son père pour l'instant, ils veulent en profiter pour faire inscrire le nom de sa mère sur son passeport à elle aussi, que les deux frère et sœur aient le même nom.
On leur explique d'abord que comme leur fille est née à Belfast, ce sont les lois du Royaume-Uni qui s'appliquent et que c'est techniquement au pays de Lilibeth number Two qu'elle a été déclarée, il faudrait donc aller voir l'ambassade anglaise à Dublin pour ça. Et puis, l'enfant a déjà au moins 6 ans, et il fallait la déclarer dans les 4 ans suivant sa naissance, maintenant ça devient une autre paire de manche, il faudrait les papiers de la clinique, tout ça.
Vous ne comprenez pas comment il se fait qu'elle ait un passeport mais ne soit pas déclarée ? Moi non plus. De même que les parents visiblement. Et puis si ça se trouve elle n'a pas de passeport encore, il faut lui en faire faire un à elle aussi ; mais si on sait qu'elle n'a que le nom de son père pour le moment, c'est bien qu'elle a un papier d'identité, déjà. Que manque-t-il donc ? Tout le monde patauge, mais il y a cette histoire des 4 ans qui sont dépassés.
On s'enfonce assez vite dans les logiques si évidentes et si opposées de l'administration face à la vie et de la vie face à l'administration. Ça évoque une litanie de documents et de démarches qui font pâlir les spectateurs.
Ils sont deux maintenant du côté de l'administration, le père est accoudé face à eux, le petit est dans son siège par terre, la maman est assise en face de la vitre ou debout, la grande sœur passe des genoux de la mère à ceux du bébé qu'elle veut amuser. Les parents communiquent en anglais.
On passe à la question du nom du petit garçon. Celui du père puis celui de la mère, c'est ça ? Oui, donc le nom de la mère s'il vous plaît, K....A. Mon fils doit donc s'appeler K...I.
Ah ben ce n'est pas possible madame, dit l'État-Civil par deux voix, sinon il n'a pas le même nom que vous.
Mais ce n'est pas possible répond la mère qui en écarquille les yeux, c'est complètement absurde, c'est un garçon, donc il doit avoir son nom qui termine par un i, c'est comme ça que ça se passe en Pologne, il ne peut pas avoir le nom de sa mère, c'est ridicule.
Mais non madame, il doit avoir exactement le même nom que vous, à la lettre près, on ne peut pas changer une lettre.
Mais ça n'a aucun sens, mon nom sous sa forme actuelle est fait pour être porté par une fille, ce n'est pas un nom de fille, c'est un nom pour les filles, mon fils ne peut pas porter mon nom sous sa forme féminine !
L'État-Civil reste inflexible et répète à deux voix que le nom de l'enfant doit être le même que celui de la mère, toutes les lettres doivent êtres les mêmes.
Mes démarches sont terminées, je pars sans savoir ce qu'il adviendra des deux logiques, et de cette femme qui voudrait que son fils porte son nom, son nom comme il doit être porté en Pologne, qui voudrait que son fils porte le nom qu'il doit avoir dans son pays maternel, tout simplement.
Peut-être auraient-ils dû commencer par l'ambassade polonaise... Et encore.
Mercredi 29 janvier 2014 à 0:45
"Ne dis pas que c'est ça ou rien".
Allons bon, pourquoi pas puisque c'est la vérité.
Tu m'as demandé il y a quelque minutes avec qui je couchais. J'ai répondu non aux deux questions. J'imagine que la réponse te déplaît, d'ailleurs. Je me suis dit une fois dehors que j'aurais dû encaisser, que j'aurais dû rester, que je ne devrais pas être là à marcher vers le nord, vers l'appartement, sans ma récompense, qu'est-ce que je faisais dehors. J'aurais dû sourire, rester assise, boire cette troisième bière que tu venais d'apporter. Tout se serait arrangé, il se serait peut-être passé quelque chose.
Mais je pleurais déjà, et puis tu as dit
L'envie me vient de soulever cet ordinateur déjà cacochyme et de l'exploser par terre. Mais je suis un peu radine, comme tu m'as expliqué, ça me ferait mal, et puis deuxièmement je ne suis pas sûre qu'il explose bien comme je voudrais ; il ne se passerait probablement pas grand chose.
Après une réponse relativement pondéré à ton message de semi-excuse, je viens d'appuyer sur Entrer pour quelque chose de nettement moins classe. Et encore deux lignes en plus, pendant que j'y étais. Pas sûre que ça te plaise.
marrant, moi qui était allergique aux disputes, fondait en larmes à la moindre confrontation, j'ai envie qu'on s'engueule pendant des heures.
Tu as dit "Still, you wanted it", You wanted it to happen, Tu le voulais, putain je sais déjà plus les mots, les trois, quatre, cinq peut-être mots que tu as employés, c'est quand même pas possible.
Hier j'ai pensé que je valais mieux que ça. Quand même, merde, que l'attente, que je pourrais peut-être un jour, maintenant, me retrouver, être, dans une autre situation, dans un truc que les autres take for granted.
Ca me paraîtrait tellement extraordinaire, à moi. Et si naturel. Mais si extraordinaire. Quand je l'imagine, je ne peux pas m'arrêter de sourire. Même si je l'imagine rarement aussi réussi. Je l'imagine en général en plus simple, en plus naturel, mais ce n'est jamais arrivé, ça resterait quand même extraordinaire.
Vous avez raison sur un point : je ressasse.
Et là il faut s'arranger, ça te prend d'un coup, je te dis que ce n'était pas la forme hier, le sujet est abordé, you say drop it, très bien, ça me va aussi, et puis tu retapes dessus un quart d'heure après. Pourquoi suis-je partie ? Ce n'est pas comme si j'étais surprise. Ce n'est pas comme si je ne savais pas ce qu'il fallait que je paye avant de. Je ne sais même pas si tu sais que tu parlais du même sujet. Je suis déprimé, dépressif moi aussi dis-tu. Mon cul, je viens de te l'écrire.
Je pense que tu sais que tu parlais du même sujet.
Maintenant je suis saoûle, j'ai la tête qui tourne, je pleure je ne sais même plus pourquoi, j'avance lentement, j'espère un moment que tu vas me rattraper, peut-être, mais je t'ai laissé devant deux pintes, tu ne vas pas les abandonner comme ça.
Et c'est moi qui suis radin.
Je croyais que c'était mieux comme ça mais je ne sais pas.
J'étais déjà en pleurs, tu as rajouté quelque chose, j'ai voulu faire une scène probablement, je ne sais pas, j'ai rarement l'occasion, et je ne voulais pas payer. Je suis partie, j'ai marché au ralenti, en hocquetant un peu, ça faisait longtemps, j'avais vraiment envie de pleurer. Maintenant j'ai vraiment envie de vomir. Puis j'ai fini par avoir faim. Ce putain de système irlandais qui t'empêche d'avoir de l'eau chaude quand tu en veux. Tu n'en auras que 45 minutes plus tard au mieux. Elle était tiède, j'ai pris une douche quand même, lavé mes cheveux à la coupe impossible. Elle n'étais ni chaude ni froide, j'en ai fait tomber la tringle de rage, d'énervement. Je ne corresponds pas aux canons physiquement, je ne corresponds pas aux canons moralement, ou spirituellement, ou intellectuellement. Je ne suis ni assez haut ni assez bas, pourquoi ne suis-je pas allez assez loin, pourquoi ne m'a-t-on pas montré la bonne direction, une direction, quelque chose à faire, à lire, à réfléchir. Ou peut-être que si. Pourquoi est-ce que je suis aussi empotée. Je n'ai juste pas travaillé assez pour faire ce qui me plaît, et ce qui est à ma portée ne me plaît pas.
Et j'ai donc quitté le bar, laissé la seule personne qui me trouve globalement intéressante.
Je pense que je voulais faire ça depuis longtemps.
Mais je me suis privée ce soir de la seule personne qui me trouve globalement intéressante, et peu d'entre vous savent ce que ça signifie.
(je ne dis même pas que je gagne un quelconque concours)(il y a pire)(mais il y a mieux)
Cette personne n'est pas disponible, cette personne est maquée. Cette personne est toujours maquée. Et me donne son avis sur le fait que, quoi ? C'est quand même un choix de ma part, je dis des conneries, mais non n'exagère pas, tu pourrais faire mieux, je suis un asshole, ne dis pas ça,
Embrouillée, j'étais.
En pleurs, encore fragile d'hier. Inquiète dans les grandes largeurs pour l'avenir, voici qu'il me ramène ce problème sur la table.
Ma grammaire n'est même plus respectable.
Longtemps, que je n'avais pas été dans cet état.
Enfin un peu réchauffée, après être restée dans la serviette humide de la douche tiède, après avoir enfin eu la présence d'esprit de me sécher les cheveux. Avec maintenant une bouillote, une cuillèrée de cheese cake dans l'estomac, un radiateur qui chauffe. Et le coloc qui répond aux textos.
Mercredi 2 octobre 2013 à 2:21
Non, je ne veux pas être ton amie. Ce n'est pas ce que je cherche, pas maintenant, pas toi. Ce n'est pas ce que je veux de toi. Arrête donc de m'inviter à nous lier virtuellement par tous les médias. J'ai cliqué oui et puis j'ai cliqué non. Ce n'est pas ce que j'attends. J'ai eu le temps de voir tes photos de week-end. Je n'ai vu qu'une ombre qui m'a parue petite. Mais trop près. Je trouve ça tellement injuste. Chacun son tour de se faire avoir. Arrête de me proposer cette amitié qui ne m'intéresse pas. Peut-être un jour si tu es au bout du monde, ce sera très bien. Pourquoi est-ce que je me retrouve toujours dans une situation où c'est l'autre qui décide, qui impose, qui peut souffler le chaud et son contraire, suggérer un verre puis être rentré chez soi. Ai-je tant besoin d'engranger de frustration ? Je préfère quand on flirte. Mais je t'ai vu maintenant d'autant plus démonstratif que tu as décidé de ne pas passer à l'acte, enfin c'est ce que j'en comprends. J'en pleure de rage. Ou de tristesse. Comment je me fourre dans des situations pareilles. Comment je tombe toujours sur des gens pour qui c'est d'une telle facilité. Qui me racontent innocemment des lieux communs pour eux, que je n'ai jamais vécus, mais ils ne le sauront pas. Est-ce cela que je poursuis chez eux ? Dans l'illusion qu'ils pourront me le procurer ? Alors qu'ils ne peuvent pas me le procurer. Alors que j'ai de plus en plus l'impression que rien ne pourra rattraper le manque. Je crois que cette fois-ci me paraît pire. Je te trouve inconstant, mais j'ai peur que tu sois finalement bien arrêté dans ta décision. Et je n'ai rien à dire évidemment. Je suis dans une position qui m'interdit d'élever la moindre plainte face à tes mots. Pas de mots pour moi, pas d'espace de "réponse". Je n'ai qu'à me débrouiller, aussi. Et je ne vois aucune formule qui ne serait pas accueillie avec amusement, indifférence, moquerie, agacement, dédain. Qui ne serait pas trop grandiloquente. Qui ne donnerait pas l'impression que je t'ai donné une importance démesurée. Pas tant que ça, en plus. J'ai juste été privée d'une situation agréable, sans discussion. Ca m'emmerde, et je voudrais le faire savoir. Je vais sûrement finir pas faire un truc un peu trop dramatique, on va mal se comprendre, il y aura méprise, engueulade comme un jour sur deux depuis deux semaines, et on ne restera peut-être pas amis. Je voudrais savoir pourquoi tu as pris cette décision, ou pas, en fait, ça dépend. J'aimerais savoir comment tu réagirais si on avait une tentative de discussion sur le sujet, ou pas. J'ai moi-même du mal à énoncer des arguments. Je voudrais juste dire ce que je ressens sans que ça fasse un fromage, ou si. Je me sens complètement coincée. Et nulle.