Mercredi 4 juillet 2012 à 0:19


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Ce soir on est déjà quatre dans la maison, et un autre qui fait les allers-retours.
Ca sent les vacances, celles que j'ai toujours passées ici, toute ma vie, ça sent l'enfance et le fond des âges. Et puis la prise de conscience du temps passé, des progrès, de nous qui avons grandi.

Ecouter ma tante donner quelques mètres derrière moi de nos nouvelles à un ami.

Regarder, alignés tous les trois, un livre dans les mains et nous dans des fauteuils profonds, un lever de lune sur les montagnes.

***

J'ai songé il y a quelques temps que je résistais à la frustration, mais pas à la déception. Et maintenant je cherche la différence entre les deux.

Samedi 30 juin 2012 à 22:05

Je suis presque un peu gênée, parce que c'est pas le genre de la maison, mais je suis allée faire les soldes. :o)

J'ai acheté ce que j'avais décidé d'acheter, ce dont j'avais besoin, et puis j'ai acheté quelque chose dont je n'avais pas tout à fait besoin, qui était beau, chic, un peu cher, mais tant pis. 
Je ne m'achèterai pas de sac, je trouverai des petites sandales pas chères pour passer l'été, et je me suis acheté cette très belle paire de chaussures que j'espère avoir le courage de porter, oui, que je porterai.
Et puis j'ai essayé d'autres choses, je suis restée longtemps dans la cabine, à regarder ma bobine, heureuse de me trouver jolie, sous cette lumière, avec des habits neufs qui sont restés au magasin.
Je me suis dit qu'en fait notre apparence conditionnait le "style" qu'on pouvait adopter, si on décidait de ne pas s'en foutre. Je commence à "voir" peu à peu à quoi je pourrais ressembler. 

Je suis rentrée. Je me suis baignée, j'ai déjeuné au soleil, lu, travaillé.

J'essaye maintenant d'embrasser le mois de juillet, le mois d'août, septembre. 
Je suis encore ici pour un mois, et quelques jours. Encore plein de projets, un peu les mêmes que pour ces 4 derniers mois et qui n'ont pas tant avancé, mais ça m'est égal, toujours des plans sur la comète, toujours de l'enthousiasme, c'est la marque de famille.

Finir la peinture du plafond, des housses sur les fauteuils troués, repeindre des pieds de lampe moches, reboucher les trous du mur, peut-être scier des barreaux d'escalier. Motivée.
Profiter de mon dernier mois au cabinet libéral, lister le matériel, ou au moins celui que j'ai apprécié. Scanner ce que je peux.
Et puis mes affaires, en jeter encore, trier, laisser des choses ici, préparer ce qu'il faut faire remonter par la famille en août, et ce que je viendrai chercher en septembre. Les vêtements, les objets, les cours, les bouquins.
Préparer le mois d'août, le chant, les partitions, la nourriture compliquée, faut-il un sac de couchage ? Dois-je me débrouiller pour amener une bouilloire ? Appeler la prof de chant, et l'autre, s'échauffer régulièrement, les atours de concert, et un tapis de sol a-t-elle dit, et l'enregisteur. Donc l'ordi a priori.
Et puis le chantier, le passage par Paris, les billets, il manquerait des papiers, où se retrouve-t-on ? Quel jour ? Acheter des sandales pratiques, penser à avoir les bonnes fringues aussi.

Et septembre, un pari à prendre, on me propose ceci, qui n'est pas suffisant, mais qui me permettrait si ça marche de tester l'exercice mixte, de voir comment ça se passe en institution. 
Aurais-je assez de sous pour loger ailleurs, partir vraiment de chez mes parents, avoir un chez-moi, même si ce n'est que pour un an.

Pendant ce temps manger, dormir, travailler, vivre avec la famille et les amis qui vont passer.

Je m'attends à quelques phases maniaque. Tiens, d'ailleurs, faire une nuit blanche

Jeudi 31 mai 2012 à 18:38

Recevoir des courriels publicitaires ayant pour objet "maman j'ai trouvé ton cadeau", j'aurais pu croire que ça me ferait quelque chose. Je crois que de toute façon je ne me suis jamais sentie concernée, visée par ces textes-là.
Ca ne me fait rien. Pas grand'chose, rien.
Plus rien ne me touche me semble-t-il. J'ai l'impression de sombrer peu à peu dans un détachement total. J'ai un métier pas pénible qui me rapporte de quoi vivre, je me renseigne pour la suite, rien ne me transporte de passion, on continuera pareil, il paraît que c'est ça la vie, je n'ai le droit qu'à ces côtés-là. Je dois faire les courses, préparer à manger, manger, travailler, et me divertir paraît-il. Je sombre.
J'envoie quelques messages enjoués, comme des tentatives d'appel, discrètes, mais n'ai su maintenir aucun lien.
Je me vois à la fois anxieuse de la réponse, presque folle, et résignée et détachée.
Parfois j'aurais préféré ne pas avoir de réponse. "Mon homme", que je hais cette phrase, une fois, deux fois dans le message. En regardant le passé, et aujourd'hui, une petite voix me souffle de ne pas me couper des mes amies au fur et à mesure qu'elles se mettront en couple, bientôt il ne restera que moi, doublement seule.
Je n'ai pas voulu y croire, je n'ai pas voulu hausser les épaules et m'y résoudre, je ne me crois pas fataliste, mais je dois bien dire qu'à cinq semaines de mes vingt-cinq ans, je n'en peux plus de faire bonne figure, et j'ai bien envie de pleurer.
Pourquoi faut-il ?
Voilà qui me fait prêter le flanc à toutes les critiques, les comparaisons, les peurs, les angoisses, les démoralisations et les dévalorisations. Et je n'ai rien accompli en parallèle qui explique la situation, une réussite au prix d'un grand travail qui m'aurait couté les relations sociales. Non, rien de particulièrement réussi. Rien que les autres n'arrivent à combiner. Les autres qui ont tous vécu ce que je n'arrive pas à enclencher, puisque c'est ma faute paraît-il.
Je ne sais plus parler. Small talk, tout ça. Je n'arriverai pas à répondre. Et je suis lasse de me réconcilier.
J'ai l'impression de rester assise au milieu d'une cage de verre qui s'agrandit de plus en plus.

La mère d'un petit patient mercredi me demande si ça va, comme ça se passe, je manque lui confier mes états d'âme avant de comprendre in extremis qu'elle parle des séances avec son fils évidemment.

Mercredi 23 mai 2012 à 22:25

Je croyais en avoir fini avec le poids de la filiation mère-fille, et les histoires, et les comparaisons, et les analyses, et les supputations ou calculs ou conjectures et rêves sur le futur, et voilà que je me prends la filiation tante-nièce dans la gueule. Je l'avais pas vu venir. Ce n'était pas son genre jusque là, les rares fois où j'avais approché du sujet elle avait paru ne pas comprendre de quoi je parlais. C'est donc pire que pire parce qu'elle déverse mais je pense qu'elle n'a pas conscience de l'écrasement qui pourrait me saisir, et ne fera pas de méta-analyse. Je n'ai envie pas de le lui proposer, je n'en ai plus envie !! Merde ! Ca faisait un an que je vivais tranquillement, sans être tout le temps en train de comparer, de sentir, de palper ce que je faisais, pensais, sentais de pareil que ma mère.
Des semaines que tout allait bien, après le choc mi-avril, je m'étais remise, je m'étais endurcie, j'avais coupé un dernier pont, et revoilà les larmes, je ne sais même plus pourquoi.
Elle me promet justement de l'endurcissement, de la maturation ou de la maturité, de la solitude dans la généralité. "Nous", "on", je pense qu'au début elle inclut ma mère, et puis soudain elle s'en détache pour m'entraîner avec elle au loin, me ravir les filiations positives que je pourrais espérer avoir, peut-être, même si ce n'est pas évident je pourrais me dire que c'est en moi et que ça sortira un jour. La pensée me traverse qu'elle se considère comme sa soeur en moins bien, il y a des psychanalyses qui se perdent.

J'ai vu ce que c'était pour ma mère de se retrouver en moi et le mal qu'elle avait à ne pas (se) faire la remarque, à ne pas s'inquiéter, craindre, en parler, espérer, "débrieffer", je crains déjà pour moi-même si jamais un jour je devais... Ce serait à espérer ne pas avoir de fille. Mais là j'en ai marre, je voudrais avoir l'illusion, comme tous les autres qui ne perçoivent même pas ces choses-là, que je vis ma vie tranquillement, seule, en maîtresse de mes émotions, de mes décisions, de mon parcours.

Je ne sais même plus ce qui m'a fait jaillir les larmes au départ, et puis ça s'est rajouté, accumulé, encore des considérations, des comparaisons, des jugements qui étiquettent, te promettent le même caractère, les mêmes tristesses, les mêmes malheurs ou mauvaises heures, la même solitude, et qui sont dits, encore, encore d'autres, c'est trop tard, je les ai entendus.
Et je ne sais pas si je voudrais en parler, j'ai perdu l'habitude déjà. De toute façon il n'y a personne, c'est bien la peine.

Vendredi 27 avril 2012 à 21:06

Je me suis enfin inscrite à la bibliothèque de la ville d'à-côté, pas immense mais c'est déjà ça. J'ai emprunté six ou sept bouquins d'un coup. Alors que j'ai encore des choses qu'on m'a offertes il y a plusieurs années et que je n'ai pas lues, et puis d'autres livres que j'ai achetées récemment ou il y a plusieurs mois et qui ne sont toujours pas ouverts. En plus des bouquins qu'on m'a prêtés et qu'il faudrait quand même que je rende dans un délai raisonnable, donc les lire.
Je rentre en me disant que je vais tout faire ce soir, cette nuit. J'ai toujours l'impression au soir d'avoir devant moi un temps infini, et que je vais pouvoir réaliser des merveilles et que demain je serai apaisée.

En fait je tire sur la corde du sommeil. Les yeux tirés font partie de la lecture, de son plaisir peut-être, mais aussi de son exigence. L'impossibilité de lâcher un bouquin comme celui de lâcher le paquet de biscuits (qui m'est maintenant interdit, remplacé par des bonbons). Il est quelques livres que j'arrive à lire de manière raisonnable, mais c'est rare. Je ne suis pas une lectrice raisonnable, je déteste lire sagement, un chapitre par un chapitre. Même s'il doit m'arriver de dire que ça fait partie de mon idéal d'accomplissement, comme faire du sport et du chant tous les jours. Moi qui suis experte dans la retenue et la frustration de soi dans bien des domaines, je refuse de saucissonner les aventures des personnages, de leur assigner des horaires où je daignerai les rejoindre. Lire un roman ce n'est pas faire venir des vies nouvelles jusqu'à moi, c'est aller jusqu'à elles, me plonger dedans, et n'accepter d'en ressortir que par absolue nécessité, ou pour un soupçon de bienséance (les cours, les repas lors des vacances familiales). C'est moi qui vais vivre leurs vies avec eux. Ce ne sont pas leurs aventures qui vont déteindre sur ma terne existence.

J'essaye aussi d'exorciser ma nouvelle "rechute" de romans à l'eau de rose, ceux-là aussi se lisent extrêmement vite, ne nourrissent pas toujours suffisamment, et comme le paquet de bonbons qu'il m'arrive parfois au prix d'un grand effort de volonté de lancer sur le canapé hors de ma portée, j'aimerais pouvoir en arrêter ma consommation.
Je ne sais pas si je les considère comme indignes, peut-être, sûrement, je ne les inscris pas dans ma liste de bouquins en cours sur ce blog par exemple. Et surtout je me dis que dans une autre vie je n'en aurais pas eu autant envie.
Je me dis de temps en temps qu'il va bien falloir que je retourne mettre les choses à plat sur ce que je pense de ça, encore, maintenant. Puisque même le psy, qui était payé pour, n'a pas voulu en entendre parler. J'ai toujours peur de me monter la tête quand je dis ça, et en même temps j'en suis tellement sûre. C'était déjà dur pour moi, à dire, à formuler, à reconnaître, à savoir qu'en dire, à accepter d'en dire quelque chose. Et en même temps j'aurais tellement voulu en parler, le touiller, le secouer, l'ouvrir, le disséquer, en disséminer les morceaux, les ratatiner pour voir, même si ça devait bouger encore après tout ça.

Pense-t-on des choses en-dehors de notre rapport aux autres ? A ce que les autres en pensent ? Sûrement, mais ça n'a déjà plus grand chose à voir.



Je me dis que j'aurais dû raconter des petites choses d'ici, façon instantané de société, qui auraient sûrement pu rebondir les uns sur les autres, et l'actualité. 
Mais non je n'arrive qu'à gémir sur mon sort. C'est affligeant, attristant, déplorable, déprimant, désolant, émouvant, lamentable, pénible, pitoyable. pitoyable.

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