Dimanche 10 février 2013 à 4:52

 
Être stressée comme tout par des tests futurs pour un futur boulot. Angoissée par une démarche que je repousse depuis des semaines parce qu'elle m'angoisse mais c'est un cercle vicieux mais j'ai peur que de s'y lancer génère encore plus de bazar, d'incompréhension, de paperasse, de problèmes. Etre furieuse parce que l'ordinateur est de nouveau à genoux, très probablement parce que je n'ai pas installé d'anti-virus depuis 5 semaines que le disque dur a été changé,  S'y prendre trop tard, l'ordi rame à un niveau défiant toute concurrence. Râler contre ma soeur qui propose des solutions tout en se désintéressant de la question - en même temps c'est pas ses affaires effectivement, mais je suis fâchée contre elle, énervée contre l'ordi, contre moi, soupçonneuse que les gars qui ont changé le disque dur n'aient pas tout vérifié et négligé la vraie cause du premier bug. Et les tests pour le futur boulot doivent se faire par internet. Sur un ordi qui fonctionne évidemment. Double-stress.
M'être fait mal aux lombaires en n'ayant toujours pas réussi à placer mon bassin correctement pendant les 5000 mètres d'ergo cet après-midi.
Etre ulcérée par le livret de La Favorite de Donizetti. Sérieux, mais SERIEUX quoi merde les mecs à un moment vous ferez des livrets pas misogynes, pas machistes, pas niais, pas stupides, pas dégoulinants, pas indulgents envers vous-même et durs envers les autres. Berk. Je suis enfantine moi, j'ai besoin d'apprécier l'histoire pour apprécier l'oeuvre, de même en littérature... A moins que le style, et à l'opéra les interprètes soient très très très bons très hauts très au-dessus pour transcender le schmilblick.
Ce n'était pas le cas ce soir. Plouf. Bof.
Ca m'a paru banal. Je suis sûrement trop dure voire complètement déplacée pour oser faire un tel commentaire. Je veux bien reconnaître le travail des interprètes, chanteurs et musiciens et puis tout le reste, mais pfff. 
Sérieux, trouvez-moi un livret où c'est la fille qui dit : oui je t'ai dit que je t'aimais par-dessus tout mais j'ai appris que tu avais fait un truc con dans ta vie/eu une copine avant moi, du coup va te faire voir, en fait, je veux plus passer ma vie avec toi.
Et puis je regrette un peu mais quand  même, ah j'ai des affres tiens, ouille c'est dur la vie faut que je trouve une autre raison de vivre, mmmh, tiens ça, et puis je me pose un peu des questions, et puis quand l'autre reviens se traîner à mes pieds oh finalement j'ai été un peu rude, je veux bien passer ma vie avec toi, oh ben t'es en train de mourir parce que tu t'es tué parce que je t'ai jeté comme une vieille chaussette. Oh la vie est trop dure avec moi.
Enfin bref. Ca m'a pas tellement plu. Je me suis même dit que j'aurais mieux fait de rester réparer mon ordi à la maison. Et en plus en partant trop vite j'ai oublié mon bouquin sous ma chaise. Bordel.
Et en passant sur twitter en fin de soirée je me vois délestée d'un follower. Lequel me demandé-je ? Ah tiens, lui, classe, genre : celle-là, c'est fait, zou, je vire.
Il a pas tort, c'est fait.

L'impression que je suis en train de perdre mon année. Que j'ai déjà perdu mon année.

Elle me manque trop.

Et il y en a une autre à qui me restent des réflexes de vouloir parler, et puis non, de toute façon on ne se croise plus.

Dimanche 19 décembre 2010 à 22:53

J'ai mal encore au dos de la main gauche. J'ai griffé à droite aussi mais juste une fois, beaucoup moins, et ça ne me gêne pas trop. A gauche il y en a partout, dans tous les sens, de toutes les tailles et à tous les stades de cicatrisation. J'en refais de temps en temps, pour une raison ou pour une autre. J'ai pris un bain ce soir en espérant me détendre, mais les cicatrices piquent et brûlent dans l'eau chaude et après. J'ai mal quand je plie le poignet, dans un sens ou dans l'autre. Je ne sais pas comment j'ai réussi à ramer hier ; il faut dire qu'il faisait tellement froid... J'ai mal dès que je mets ou enlève mes gants, même si le gauche je le garde le plus possible.
C'est les gars de l'aviron finalement qui ont le plus remarqué. Ou demandé. A la fac pas trop. Ma tante a été beaucoup moins "judgmental" que j'aurais cru, en babysitt juste à l'évocation, sans voir, certains ont été très compréhensifs, pas choqués. Mais au club déjà la semaine dernière ils avaient demandé pourquoi le bandage sur ma main gauche, j'avais détourné la question, et un peu plus tard je le refaisais et ils ont vu, et ils ont insisté un peu plus, n'ont pas compris tout de suite, peut-être pas compris du tout. Cette semaine un autre me demande encore pour la bande, je dis que c'est moi, que je me suis griffé, avec quoi ? ma main droite. Il m'a prise par l'épaule et tourné ça en dérision un peu, c'était presque pire que l'incompréhension, je ne sais pas si c'était vraiment pour se moquer ou au contraire sa manière d'apporter un peu de soutien et de dire qu'il avait entendu.
Le soir au dîner de Noël je n'ai pas mis le bandage, me demandant finalement si ça n'attirerait pas moins l'attention ainsi. Mais non en fait, et d'autres ont demandé, et j'ai bafouillé un truc genre "c'est personnel". Je crois que ça voulait dire c'est entre moi et moi, ou ne vous inquiétez pas, personne ne m'a battue ou agressée, c'est juste moi, volontairement.

Pourquoi ai-je refusé de le voir, en ce 9 décembre enneigé ? Par fierté, pour ne pas être à sa disposition...? Lui peut-être aurait su, connaît peut-être ça, aurait compris. Il aurait pris doucement ma main et su dire les bons mots. Ou pas.

Je voudrais à la fois qu'on ne me pose plus de questions et garder les marques, ça me fait quelque chose auquel porter attention. J'aurais dû les faire à un endroit moins exposé. Je teste la douleur qui diffuse dans la peau quand je passe le doigt dessus, je gratte en peu les croûtes pour les récupérer à l'ongle ou aux dents, et rien ne me plaît tant que de voir dessous une goutte rouge se former pour dire que c'était trop tôt, que la croûte va revenir encore.

Mais vous vous faites mal à vous, insiste le docteur-à-oreilles. Ben ça doit être pour me punir de m'effondrer pour de telles broutilles.

Mon père en parle tranquillement à la ronde en appelant ça mes auto-mutilations sans avoir l'air de trouver ça anormal ou grave ou juste important.

Ce soir gros coup de mou, larmes faciles et chaudes, un peu subitement, probablement dû à l'oubli des petits bonbons du matin. Tentative de discussion, d'explications à mon papa après question directe de sa part - finalement. Mais je ne saurais dire ce qu'il a, et s'il a, compris.
Et, comme face à ma mère, je suis incapable de répondre à la question "qu'est-ce qu'on peut faire pour toi ? Dis-nous." Alors ils en restent là.

Vendredi 2 juillet 2010 à 1:42

Vu lundi soir la Cenerentola de Rossini, grâce à des amis qui chantaient dans les choeurs de la Schola Cantorum. Je me suis dit tout le long que ça ressemblait quand même beaucoup au Barbier de Séville, avant de comprendre que c'est bien le même compositeur.
Je suis au balcon, et je peux admirer, devant le rideau côté jardin, le directeur musical qui fait office de pianiste et accompagne tout l'opéra. Pour l'ouverture ils sont à quatre mains. Et ensuite il assure tout seul. Et il fait chaud, il doit s'essuyer entre chaque air le front les yeux les joues et les mains. Je me souviens de mes quelques performances publiques, et de cette catastrophe des mains moites sur un clavier. Les mains qui tremblent aussi, quand on a besoin de précision et de force sûre.
A l'aviron aussi, les mains qui glissent par des jours trop chauds sur les manchons des pelles, alors qu'il faut à chaque coup les tourner d'un quart, pour "plumer" et faire glisser la rame à plat sur l'eau, puis re-tourner d'un coup de poignet en sens inverse avant de plonger la pelle dans l'eau. En pleine course les mains qui glissent. Qui deviennent noires à cause du revêtement. Le pouce apposé à l'extrémité extérieure de la rame et qui doit appuyer pour la caler dans les portants, et lentement l'ampoule qui se forme sur la peau tendre de ce qui a l'air d'être la première phalange du doigt. Une crampe parfois dans la partie charnue qui est la base du pouce et se rattache à la paume. Des crampes aussi au piano, dans l'avant-bras, le poignet crispé, qui me forçaient à arrêter et m'ont fait comprendre que pour aller au bout des dix pages de cet impromptu de Schubert, il allait falloir que j'intègre un peu de technique. Des ampoules toujours, à l'aviron, côté paume, à la jointure des premières phalanges et qui mettent longtemps à cicatriser, de la corne peut-être un jour. Et cette petite blessure de temps en temps, si j'oublie de me couper les ongles, la main gauche griffe la main droite, une petite égratignure sur le côté d'une de ces bosses qui nous servaient petits à savoir combien de jours par mois. Si j'oublie de me couper les ongles, tic-tic-tic sur les touches du piano.

Retourner à un cours de salsa un an après le précédent et m'amuser de devoir me mettre en cercle, un garçon une fille, et donner la main à de parfaits inconnus. Avant que ça ne démarre, rester quelques minutes mes doigts tenus par ceux de mon voisin, reposer la pulpe de l'index, du majeur, de l'annulaire dans le creux de ses phalanges. Sentir le plat frais du dessus de l'ongle et le bout contre ma paume. Pendant le cours changer de partenaire toutes les minutes ou presque, en suivant le cercle. Découvrir ceux qui tiennent toute ta main ou tous tes doigts, ceux qui ne te dirigent qu'à l'index, comme un crochet. Après, pendant que ça danse, on s'invite en tendant juste la main, sans paroles, et on va l'un derrière l'autre sur la piste, ma main dans la sienne. Tard, plus tard dans la soirée, il fait trop chaud, il faut passer entre chaque danse s'arroser le visage et boire, le jean est trop pesant, le dos coule, les mains glissent. Celles de mon partenaire aussi, mais ça ne me gêne pas, on enchaîne plusieurs danses avec quelques ratés, la main n'est pas restée, rires.

J'ai toujours voulu prendre une photo, sur la ligne 6 (pourquoi la 6 ?), d'une des barres centrales avec toutes ces mains uniques et différentes. Je n'ai pas encore réussi.

Mais je reste fascinée. Ces mains qui jouent de la guitare, à l'ongle ou au médiator, qui jouent du piano, du saxophone, autre... Ces mains "pleines de doigts", ces doigts qui craquent et que l'on tord. Les mains avec leurs couleurs, ou la peau soulevée et gondolée par les veines, ces mains qui sont l'extrémité d'un corps qui danse, et dont les doigts s'ouvrent en mille directions, ou ses mains qui ferment le poing. Les mains qui tapent en rythme et font danser les autres, les doigts appliqués qui écrivent ou dessinent, se plient et se déplient renfermant le stylo, ou bien la danse du clavier. Les doigts qui cousent, les doigts qui savent s'associer étrangement les uns aux autres, qui volent pour battre la mesure.
Ou bien rien. Les mains sont justes belles et humaines, sillonnées de plis et de possibilités.

Alors de mon Hypothétique, de celui qui un jour acceptera de déposer les siennes dans les miennes, j'apprendrai les mains.
Le bout rond du doigt et l'arrête tranchante, le plat solide, nacré de l'ongle jusqu'à l'incarnation, les trois bosses des jointures le long du doigt, le tracé des veines sur le dessus, qu'on voit parfois faire le tour d'une articulation comme au lasso. Glisser tous mes doigts entre tous les siens, les entrecroiser et avancer jusqu'à les détacher, presque. Revenir, arrondir les doigts et visiter la paume, sentir l'épaisseur de la peau ou du muscle, envelopper la base du pouce de ma propre paume, croiser nos pouces et refermer nos mains l'une sur l'autre.
Caresser ensuite du bout du doigt les lèvres, l'arrête du nez, le sourcil ou la pommette, la tempe jusque dans les cheveux. Le contour de l'oreille.
Me glisser entre ses bras, poser ma tête sur sa poitrine et écouter son coeur.

Mercredi 30 décembre 2009 à 18:00

Ma chambre est sous les toits, chambre de bonne parisienne mal isolée, où l'on meurt de chaud en été et de froid en hiver. Et je résistais depuis début novembre, par une sorte de scarification, à utiliser le petit radiateur électrique. En accord avec Copenhague tout ça ; il faisait 14 encore dans la pièce, je dormais avec un pull et des chaussettes, c'était juste le différentiel sur/sous la couette qui empirait.
On a trouvé jeudi soir juste avant les vacances qu'il faisait un peu frais, et c'était clairement confirmé le lendemain. La température de ma chambre est passée en dessous de 10, samedi soir j'ai dormi dans le canapé du salon. L'espèce d'incompétent notoire qui est chargé des relations avec les locataires (nous), pourtant prévenu dès le vendredi matin, a dû avoir les oreilles qui ont sifflé tout le week-end. On a prêté le radiateur électrique aux voisins du 1er qui ont un bébé de 6 mois. On a du coup passé deux jours emmitouflés, on a ressorti les polaires, les plus gros pulls, les plaids, les bouillottes, et étudié avec attention le fonctionnement des espèces de coussins chauffants, qui est très bien expliqué sur
Finis Africae.
Samedi aprem je suis quand même allée ramer sur la Marne. En double, l'un des trucs les plus instables. Avec un mec un peu soupe au lait avec qui je rame peu souvent. Il faisait bien bien froid. L'eau avait une drôle de consistance, et on avait de gros problèmes d'équilibre. Bon, l'eau de la Marne, j'ai déjà tenté, ça ne m'a pas traumatisée, mais ce jour-là non. Ah non. La polaire me tenait tout juste chaud. J'avais l'impression que mes doigts (nus, on peut pas tenir correctement les rames avec des gants), allaient tomber en morceaux dans l'eau - ça s'est amélioré finalement pasqu'on bouge les mains du coup le sang circule toujours jusque là je pense...
Mais vraiment l'idée de tomber là-dedans c'était pas possible. En plus, comme j'avais tout bien lu les petites lignes de l'explication du coussin chauffant, je me suis dit que sûrement l'eau était en surfusion et que si je tombais ça ferait une onde de choc et tout allait se solidifer autour de moi comme pour les chevaux en Russie... 
Bon, on est pas tombés. M'enfin j'ai eu chaud, si l'on peut dire, et je ne trouvais pas d'explication à notre mauvais équilibre. Je sais que ce n'est pas mon point fort mais quand même.
Je n'ai compris qu'au retour : l'eau, bien froide, avait forcément une densité modifiée - ce qui se sentait même à chaque coup de rame - et du coup la portance était meilleure ! La ligne de flottaison plus basse, le bateau beaucoup plus instable.
Ah, ça sert un papa ingénieur.

Je suis retournée à la maison manger des papillotes en choeur pour contrer le froid. C'était bien comme début de vacances :o)

La suite aussi d'ailleurs. J'espère que vos Noël furent joyeux, chocolatés, avec ou sans pétard, souriants, un peu frais pour pouvoir s'emmitoufler, et se sentir bien chaud à l'intérieur.


(ah oui, et : le chauffage a été soudain réparé le lundi en fin d'après-midi, par des ouvriers qu'on n'a pas vus... La température de ma chambre, chauffée par l'immeuble en dessous, est repassée au dessus de la dizaine, m'enfin je ne tiens pas tellement assise à mon bureau pour bosser... C'est pour ça que j'ai rien fait, c'est pas ma faute !)

Dimanche 28 juin 2009 à 16:44

[article à vocation éventuellement exorciste pour jour de fatigue déprimatoire]


Forcément je suis rentrée plus tard que prévu. J'avais faim. Non je n'avais plus faim. Trop tard. Pain et chocolat achetés, avalés, barbouillée.
J'étais partie un peu plus tard qu'espéré, déjeuner préparé au dernier moment, avalé trop vite, ordinateur éteint difficilement car conversations à finir, course dans l'appartement pour les clefs de la voiture, les affaires de sport...
Pas de place sous le viaduc du RER, grand détour, garée loin.
Arrivée en retard quand mon but avoué était pour une fois d'y être en avance, pour le dernier week-end de juin. Un peu honteuse un peu énervée.
J'ai ramé 1h30 avec une nana qui n'arrêtait pas de faire des remarques.
Je la connais, je savais que ce ne serait pas simple.
Mais vraiment : attention on n'est pas équilibrées (le bateau penche à gauche et à droite). Ben oui, c'est de l'eau, le principe c'est que c'est pas horizontal. Attention on n'est pas au même rythme. Oui ben, en fait, je t'explique, c'est moi qui suis à la nage, donc c'est mon boulot, et c'est TOI qui suit MON rythme.
Tous les quéqués étaient de sortie avec leurs (petits) bateaux parqués le reste de l'année au port, et qui nous regardent avec intérêt nous débattre dans les vagues de leur moteur trop puissant.
Elle a finit, au retour, par gueuler sur le seul qui ne causait pas de remous derrière, bateau à fond quasiment plat. Tout m'énerve.

Je suis repartie trop tard et passée au supermarché. 
Ma grand-mère était arrivée, mes parents absents pour le week-end. Je dois relayer ma soeur pour lui faire la conversation, attendre mon oncle, je ne peux disparaître me goinfrer de chocolat, m'allonger, faire une sieste avant de tenter de travailler. Je n'ai éteint qu'à 4h du matin la veille, pour finir mon roman. J'ai dû me lever relativement tôt, mais n'ai pas bossé.

Ils partent. Il est 19h déjà, je m'étais dit que je repasserais chez moi prendre un bouquin, mon chargeur de portable...
Je pars en métro, le ventre écoeuré par mon goûter excessif. Je traverse la gare, m'arrête au guichet pour des renseignements, je n'achèterai pas mon billet ce soir.
Sur la 14 un joli garçon, qui prend ensuite la 12 comme moi, et quand je finis par croiser son regard dans l'ascenseur de la station Lamarck, change de côté pour que je ne le voie plus, et sortira en courant.

Il est tard, je prends les quelques choses dont j'ai besoin, pique une petite déprime, les nerfs pelotés par les voisins du dessus et leur techno à fond.
Je repars, il fait encore jour, je veux marcher. Je remonte la rue Damrémont jusqu'en tout en haut ce que je n'avais jamais fait et décide de ne pas tourner à droite vers la place de Clichy ; je continue rue Joseph de Maistre puis rue des Abbesses. Cafés, bistrot, samedi soir, tout Paris dîne en terrasse, entre amis ou amoureux.
Théâtre de l'Atelier, je continue dans des rues moins éclairées, voit de beaux plafonds dans des appartement allumés, je descend la rue de Clignancourt et allait continuer à pied. Mais je me souviens de la vue du Canal St Martin qu'on a en prenant la ligne 2, va pour le métro.
Erreur, il faudra ensuite que je prenne la 5, je sortirai donc avant que la rame ne surplombe le canal. Barbès à Stalingrad. Changement long, métro raté.
Assise dans la 5 mes larmes dégoulinent un tout petit peu.
Une jeune fille entre dans la rame disparaît de ma vue, puis je l'entend derrière moi débiter sa demande. 24 ans, étudiante, concours de circonstance, rue. J'imagine que c'est vrai. J'en ai mal au coeur. Il y a tellement de gens dehors, les mêmes qu'on croise tout l'hiver, chacun son coin de rue, ça me rend malade. La lecture, même en diagonale, de la revue d'ATD Quart-Monde que ma mère reçoit toujours me plonge à chaque fois dans un profond malaise.
Je lui ai donné un peu d'argent avec une grimace qui avait trop de significations en même temps pour être claire, j'espère juste qu'elle n'y a pas vu du mépris.

A Bastille je suis sortie en face du café où travaille mon cousin, entre ses recherches de boulot. Je pensais qu'il ne servait pas le samedi soir, mais il est là.
Ca va ? Pas tellement mais ça va passer.
Il m'a proposé d'attendre qu'il finisse son service en discutant avec un ami chilien à lui qui venait d'arriver à Paris.
La nuit était déjà tombée, le ciel était d'un bleu très très foncé, qui avait été roi, au dessus de la colonne vert clair et de l'ange doré.
Quelques groupes restés de la Gay Pride, je discute en anglais avec Pio le chilien qui habite Barcelone. Les serveurs rangent tables et chaises et nettoient la terrasse.
On va boire un verre au bistrot d'à-côté, il est plus de 22h, j'aurai dû rentrer travailler plutôt... aïe
D'autres chiliens rallient Bastille, j'essaye attentivement de comprendre quelque chose à l'espagnol.
On repart à pied à 1h passée après 2 ou 3 bières (ben au prix où c'est), je trouve ma soeur dans le jardin qui entoure l'immeuble, avec une copine. Ma grand-mère est rentrée du théâtre et couchée. C'est à moi de me lever demain matin pour partager le petit déjeûner. Je remonte à l'appartement, ne peut résister à l'ordinateur encore allumé, je ne sais plus ce que j'y fais.

Matin difficile, je repousse le lever prévu par le réveil, descend, ma grand-mère déjà devant son café, un peu de conversation, j'entends ma voix rauque. Elle s'assoit pour lire en attendant son fils. Je m'allonge sur le lit de mes parents, somnolence bienfaisante, corps détendu, mais vite assailli par l'esprit réprobateur. Me relève avec effort, ce n'est pas encore l'heure.
Retourne, prend un grand gilet, pleure un peu, lit des paragraphes au hasard dans la revue Etudes, tout à l'air passionnant.
  Mais putain est-que tu ne peux pas te passionner 5 minutes pour ce que tu es censée faire, genre comme ça tu le ferais tu vois, et après tu lirais d'autres trucs, sur Allemagne-France un avenir commun, La psychiatrie par temps de crise, Les paradoxes de la parentalité tout ça.
Comment ça qu'est-ce que tu es censée faire ?



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