Lundi 5 novembre 2012 à 1:19

Réveillé mon cousin en sursaut en tapant deux coups de rage contre une porte. Lui ai dit oui oui j'ai fait tomber un truc.

Ca ne se passera pas comme ça.
Oui mais.

Cette conversation a déjà eu lieu, une fois, deux fois, pire ? Et ça a beau être dit le plus gentiment du monde, de la manière la plus détachée et la moins arrogante, à chaque fois je perds la face, même s'il n'y a que moi qui m'en rends compte.
A chaque fois je me retrouve dans le rôle du petit chose, on me dit que je suis celle qui courbe l'échine dans l'attente, avec des étoiles dans les yeux que je dois contenir, que je dois être sage en attendant l'autre, il a autre chose à faire voyons, reste tranquille.
Je suis le chien.

Ca ne se passera pas comme ça.
Oui mais.
Mes moyens ? Rien, bien trop fière pour aller couiner vraiment, je préfère lever le menton, et je disparais. Ce me sera reproché, après, sûrement. Le "chantage" en tout cas.

Mais ne pas manquer à un ami. C'est à se questionner, pour rester polie.

Moi le gens me manquent, ma mère me manque, mon père quand il ne veut pas parler, quand je dois faire des bras de fer avec lui, mes soeurs parfois, ou mon cousin, quand on ne me parle pas. Lui me manque que j'ai vu une fois par semaine pendant six ans, qui était ma motivation pour aller faire du sport parce que je savais qu'il serait là et que son sourire moqueur me réchaufferait, il me manque beaucoup, je crois, ce n'est plus pareil, tout est gris le samedi. La chaleur humaine, la parole, le soutien me manquent, des choses qui n'ont jamais existé et que je n'ai jamais eues me manquent, le chant la musique le piano peuvent me manquer, les rires, les blagues, Londres, Berlin, des ambiances, des odeurs, des sensations, les gens qui m'aiment bien et me sourient timidement, je pense à un autre gars aussi, ou à des week-ends qui auraient pu se reproduire. Des enfants, des appartements, des objets, des époques de ma vie, des personnages de fiction. Beaucoup, beaucoup de choses peuvent me manquer, fugitivement, ou par un trop grand sentimentalisme nostalgique parfois, que je sais un peu faux mais qui m'aide à passer des semaines grises et mornes. 
J'ai beaucoup avancé ou juste "tenu" dans la vie à coup de visages de gens qui me plaisaient, qui m'aideraient à me lever le matin en me disant juste : aujourd'hui je vais les voir. Ils ne me verront pas, ils ne me parleront pas, je les agace peut-être, ils me méprisent, s'ils m'ont repérée, mais moi ils m'aident à passer le jour, la semaine, les trimestres, l'année. Je les en remercie. Non je ne tiens pas toute seule finalement, c'est à ma grande honte. Je suis le chien.

Il semble que je ne tienne pas toute seule, et je préfèrerais que ce soit faux. Puisqu'il semble aussi que je ne sois pas douée pour trouver ceux qui me tiendront. Je vais mentir bien sûr. Vous supposez bien que je préfèrerai vous cracher dessus que vous dire ça.

Faites-moi partir.
Je dois partir. Pour m'aller geler dans une chimère : que je serais autrement, ailleurs.

Jeudi 22 septembre 2011 à 1:44

Après une heure ou deux de conduite - c'est lui qui avait fait le départ - il m'a passé le volant. Sur une aire d'autoroute, où on avait déjeuné un peu tardivement je crois, un peu vite, pour remonter à Paris avant les bouchons. Il fait une tête chiffonnée de dégoût pour dire que non il ne s'assiéra pas à côté de moi car ma conduite lui déplaît - il l'a pourtant fait mille fois, sans tant d'inquiétude dans le regard. Je ne me formalise pas, il a toujours fait ça, avec maman aussi, c'est juste pour dire qu'il passe derrière et qu'il laisse la place à la copine qui est venue avec nous.
On repart, il commence à somnoler derrière, la circulation est fluide. Je change de file - pour doubler quelqu'un probablement...
Il se réveille d'un coup, se redresse, t'as mis ton clignotant ? Oui oui, j'ai fait attention avant de me déporter, et j'ai mis mon clignotant. Ton calme et rassurant de ma part.
Mmh, fait-il, moue inimitable. J'ai pas vu, et moi, si je vois pas, je crois pas. 

J'aurais dû le laisser sur la bande d'arrêt d'urgence.
Ou piler sur l'autoroute, je sais pas.

Mon père fait des remarques juste pour bien rappeler qu'il ne nous croit pas, qu'il ne croit pas ce qu'on lui dit. Même si c'est lui qui a posé la question.
Intéressant, constructif, grande vague de confiance en soi et en l'autre.

La confiance n'exclut pas le contrôle dit-il.



Et je voudrais lui répondre un truc définitif. Et je n'y arrive pas
. Pas trouvé.

Mardi 3 août 2010 à 18:23

S'éloigner de ses questions récurrentes, de Paris et des obsessions qui m'y attaquent la tête.
Aller passer quelques jours devant ce qui est, j'en suis à peu près sûre, le plus beau paysage du monde.


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Regarder sa place dans sa généalogie, faire de drôles de déjeuner entre femmes, sur trois générations, et me dire que je viens de là, ou que je fais partie, que je m'inscris là.
Se reposer sur elles.
Et admirer la vue, plonger dans la piscine (bon il a juste commencé à faire plus gris et venteux le jour où je suis arrivée), faire des siestes et beaucoup lire. Manger aussi, à 8, 10, 12 à table.
Me faire emmener pour un (petit malheureusement) tour à moto avec mon oncle, ce dont je rêvais depuis longtemps mais il n'avait pas casque supplémentaire (finalement emprunté aux gardiens). Et je préviens : je suis à la merci du premier motard venu !!
Ou alors du nouveau boulanger du village. Vous voyez Nicolas Duvauchelle dans Avril ? Pareil. J'en ai été tellement émue que j'ai oublié mon porte-monnaie - que j'ai dû revenir chercher... :D


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Au bout de quelques jours quitter ce paysage le plus beau du monde, pour un grand trajet maintenant rituel. Regarder ma mère finalement refuser de conduire après vingt minutes de remarques (sur un ton relativement posé, certes) de son mari - le tout absolument sans éclats de voix, mes parents ne sont pas du tout du genre disputes bruyantes - et mon père ne rien comprendre à ce qui s'est passé. Ma soeur râler parce que papa n'a pas voulu prendre un auto-stoppeur qui avait une tête sympathique.

Et puis approcher finalement, ouvrir grands les fenêtres et sentir la mer juste là.
Passer le pont. Et traverser l'île de bout en bout. L'oeil habitué distingue les digues neuves, les pontons reconstruits, la plage toute redessinée.
Demain pour la dernière fois poser ses fesses dans la voiture, avant de louer les vélos qu'on ne quittera plus. Ici la bonne hauteur est une selle, à pied on se sent trop bas, en voiture presque impensable.

Lire encore, manger, pédaler, se baigner. Bronzer, un peu, en tout cas plus que l'année passée ! où en plein mémoire j'étais à peine sortie et étais restée enchaînée à ma table.
Se souvenir de ces moments difficiles. D'un coup y replonger au détour d'une conversation et se rappeler soudain à quel point ça a été horrible. Le poids sur la poitrine. D'autres nuits d'insomnie fébrile ici, de pleurs et d'autres décisions. Plusieurs années maintenant de souvenirs et de petites traditions estivales.
C'est la maison des cousins, où mon père a passé plus de dix ans de vacances d'enfance. Ce qui me donne l'idiote impression de soulagement d'être à peu près légitime ici, quand mon père s'étonne chaque été des nouvelles constructions et nous décrit les champs des années 60. Un peu plus légitime que cette drôle de population bien peu mêlée socialement, tous sosies. En suis-je ou n'en suis-je pas ? Je sais : il n'est peut-être pas besoin de savoir. Mais la question m'inquiète, allez savoir pourquoi.
Penser à autre chose. Avoir quelques moments de vague à l'âme soudains, parfois provoqués par les réflexions, les réponses ou les non-réponses des autres. Profiter de ces vacances, du petit cousin qui nous couvre de câlins et de baisers du matin au soir, jouer avec lui au ping-pong, ou presque. Enfin l'intérêt d'avoir mis la table dans une salle tout exprès, c'est que ça rebondit partout, le jeu s'interrompt moins. Redécouvrir la complexité que c'est de regarder les infos avec un enfant de 7 ans pas loin, quand ça parle d'infanticide et de mines à sous-munitions.
M'apercevoir que j'ai du mal à ne pas m'isoler, me planquer à des moments incongrus, vouloir disparaître ; du mal à faire comme les autres et vivre au rythme doucement enchaîné des activités logiques en de telles circonstances. Par exemple, maintenant, ils sont tous à la plage.
Il suffit de presque rien.

Mais tenter de profiter surtout, c'est peut-être la dernière année, la maison doit être vendue.


Me dire seulement, en cherchant désespérément l'évolution positive, que ça fait bien longtemps qu'on ne m'a pas dit que je me posais trop de questions, et ça fait du bien.

Mercredi 14 juillet 2010 à 17:01

Conseils contradictoires, lassitude absolue, fatigue, corps épuisé peut-être mais sans raison me semble-t-il, laissez-moi tranquille, je veux m'en aller, partir, ne pas décider, ne pas me projeter déjà, s'inscrire, s'organiser, signer pour la suite, je veux aller voir ailleurs, ne pas devoir faire face aux petites lâchetés de tous et à ma propre mauvaise humeur, fuir, avec l'inquiétude de ne pas pouvoir pour des raisons financières par exemple, mais n'est-ce pas une mauvaise excuse, c'est donc que je préfère rester là-dedans si je me trouve des mauvaises excuses... idiote. Coincée. Comme un ballon d'hélium la tête courbée contre le plafond. Vouloir pousser en arrière de toute la force des épaules. Trouver quelque chose qui résiste et s'écroule. Etre annihilée maintenant, ne servir à rien, coincée entre différentes influences, ne demander pas mieux que d'aller vivre des choses qu'on me refuse, devoir trouver autre chose, encore. Oublier. Masquer, remplacer, ou faire comme si de rien n'était. Mais on ne peut pas faire comme si rien n'était arrivé, les évènements passés conditionnent la suite, c'est pourtant évident. Etre à court de solutions. Avoir honte. Ressentir juste de temps à autre ce mal de ventre paralysant qui ne fait que m'indiquer la présence de je ne sais quel marasme au fond, dans un coin, quand je voudrais l'oublier. Dramatiser. Ne plus vous voir, tout est flou déjà, j'efface les visages, je ne me souviens plus. Aller marcher comme l'impression d'une thérapie lointaine et salutaire qui me promet de nouvelles gens au prix de la douleur. Aller réfléchir ailleurs aux rapports du silence et du bruit. Oublier pourquoi ça m'agace autant, oublier que ça n'a pas l'air d'avancer ou que ça va trop vite. Pourquoi tous les autres se sont-ils endormis et pas moi, alors que j'ai tant sommeil ?

Mardi 2 juin 2009 à 0:44

Je déteste (je hais) les fins de week-end sur les quais de gare
Et tous ces couples qui s'embrassent

Je voudrais en gifler





oui je sais

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