Vendredi 12 avril, dernière matinée de travail ici, dernier trajet de retour, dernier passage par la Butte aux Cailles, la rue des Cinq Diamants, le passage Jonas sous les immeubles, la station Corvisart où je sais que je peux attraper le métro s'il arrive quand je finis l'escalier et que je cours (et que j'ai le feu vert. Pas la peine d'arriver morte).

Il y a quelques semaines sur cette ligne 6 j'avais lu un des poèmes affichés aux extrémités des wagons, que j'avais trouvé très joli, doux et romantique, pas alambiqué, pas niais, qui m'avait touchée. Je n'avais retenu ni le titre ni l'auteur, et n'avais qu'un très vague souvenir des mots exacts employés dans ces quelques lignes. Avec si peu je n'avais même pas tenté une recherche internet.

Et ce dernier trajet de retour où j'ai je crois raté un métro, marché dans un sens et dans l'autre sur le quai, changé de porte au dernier moment, m'a fait miraculeusement asseoir au bout d'un wagon, sur un strapontin d'où j'ai fini par lever les yeux sur ce poème-là.

            Vous m'avez dit tel soir des paroles si belles
            Que sans doute les fleurs qui se penchaient vers nous
            Soudain nous ont aimés et que l'une d'entre elle,
            Pour nous toucher tous deux, tomba sur nos genoux.

Emile Verhaeren
Extrait in Les heures d'après-midi, 1905.


 
Oui, parfaitement, j'ai un fond romantico-fleur bleue sentimental, ça tpose un problème ? [t'as voir ta gueule à la récré]