Lundi 8 novembre 2010 à 0:01

Bon, j'ai enfin procédé à l'examen ultime qui devait révéler la vérité vraie dans toute sa scientificité et pas de simagrées falsificatoires entourloupestiques possibles.

Eh ben je suis très déçue. Je m'attendais à plus.
Ma partition du Christus de Liszt ne pèse QUE 800 grammes.

http://gamace.cowblog.fr/images/DSCF9211.jpg
Mais en fait, ça change rien, ça reste très lourd, et ça fait mal à l'épaule.
Ben oui, jsuis choriste moi, je porte ma partoche, et il me faut une main libre pour tourner les pages, surtout quand ça va vite.
Et tout ça pour deux extraits de l'oeuvre seulement.
Je pourrais apprendre par coeur ?
Certes.
Mais non. Ca fait 50 pages quand même, deux extraits.

Et puis on chante aussi deux numéros du Songe d'une nuit d'été de Mendelssohn, en allemand (mes amis sont tout perturbés, ils écoutaient le Cd en anglais...)(moi j'écoutais rien), et puis l'orchestre joue tout plein de beaux passages ; dont la fameuse marche de mariage, qui sera dédiée aux pacsés demain, sisi, c'est le chef qui a dit.

Sinon, arriver par l'entrée des artistes à Pleyel, ça fait un petit quéquechose, c'est fort agréable - bon sauf le moment d'inquiétude après dans les escaliers et tous les paliers et les portes où on se demande si on va trouver la scène.
Les banquettes en gradin derrière l'orchestre sont très confortables, et contrairement à la répétition du matin salle Colonne on voyait le chef, ce qui facilite les choses n'est-ce pas. Il a un petit tic de langage qui consiste à commencer toujours par "vous voyez" pour commenter un passage ; on avait passé la matinée à gueuler "non !"

Donc demain à 20h, gloire et majesté, je chantions zà Pleyel.
Et puis re-belote dimanche 14 mais que le Mendelssohn. Entre une grosse soirée et un brunch anniversaire ça va être fun je sens :D

Minuit. Je vais aller prendre du sommeil d'avance tiens.
Ou ne pas augmempirer mon sommeil de retard plutôt.

Samedi 5 juin 2010 à 20:22

S'être engagée et ne plus oser se désengager. Regretter un peu en voyant la moyenne d'âge, la soliste, la répétition, certaines gens et certaines piques. Et puis une espèce de sens du devoir. Ca se fait pas. Se dire juste que je ne ferai pas celui de samedi soir. Et puis s'amuser bien avec les musiciens le vendredi, oser baragouiner allemand un peu, se faire des sourires. Une impression étrange tout le long du concert, baignant dans une drôle d'odeur. Je ne sais pas si c'est cette oeuvre qui ne m'inspire pas, ou bien si elle est vraiment pas originale, ou si c'est eux qui ont une interprétation trop nulle, mais en tout cas pendant le bis, avant lequel la porte du fond du Temple avait été ouverte par où des gens étaient entrés écouter, je me suis dit que c'était vraiment caricatural tout ça. La soprane qui fait plein de bruits très aigus, l'orchestre très fort et puis très doucement, les voix d'homme qui font un petit écho à la soliste, bof. 
J'assume plus du tout d'un coup.
J'avais eu une sensation similaire il y a deux semaines, pendant la même oeuvre, mais avec mon choeur habituel donc plus jeune et meilleure soliste.
Gros doute existentiel sur ce qui me plaît. Sur ceux qui me plaisent aussi.
Tenter de se détacher, d'être détachée, de voir ça de haut pour ne pas risquer la sensation d'écrasage cardiaque, maintes fois ressentie et toujours si désagréable. Mais ne pas trop réussir en général. N'arriver finalement qu'à ne pas être assez dans la bataille pour pouvoir gagner - on n'obtient que ce pour quoi on se bat, paraît-il, euh là on va tomber sur mes différents syndromes de l'imposteur, mauvais détour - mais enfin bref, ne plus savoir bien. Ici du coup être assez détendue pour plaisanter sur la petite nana qui le drague, s'amuser follement, penser à d'autres. Vouloir quelque chose, mais préférer ne pas y croire, mais craindre alors que quelqu'un d'autre.

Préférer si ça ne tourne pas bien se punir. 
J'ai fait aujourd'hui percer des trous supplémentaires dans les lanières de sandales achetées il y a trois ans, et que je portais de manière inconfortable plutôt que de tenter rien que cette petite réparation, pour me punir de n'avoir pas pris la bonne taille, de n'avoir pas su choisir. Et puis je crois que c'est certain maintenant, j'ai bien perdu mes lunettes de soleil, par ma faute, et je suis fichue de passer l'été entier sans plutôt que d'en racheter, pour que ce soit bien fait pour moi.
Con n'est-il point ?

Edit lundi 7
Partir tard à l'aviron, hériter du plus mauvais skiff de toute l'histoire de la marine, ne pas réussir à enchaîner trois coups sans manquer de se retourner, mourir un peu de honte parce que du coup j'arrive à peine à doubler un mec arrivé cette année et dont je me plains intérieurement par torrents à chaque fois qu'il est dans mon bateau. Me dire que vraiment je rame mal, que je la ramène moins hein, qu'il doit bien se moquer de moi et les autres aussi, gros gros coup dur à l'amour-propre. Et puis un ancien du club m'assure que c'est le bateau qui est en cause, je lui dis que c'est gentil mais bon. Eh bien si. Il me file le sien parce qu'il s'arrêtait déjà, et Ô miracle.
Tout d'un coup mon bateau avance, je peux faire des coulisses entières et une poussée solide, ça me paraît se propulser tout seul, la sensation de glisse est délicieuse, les petits problèmes d'équilibre restent supportables et en adéquation avec mon niveau - ouais je sais, faut travailler.
Alors je peux savourer la chance d'être là au milieu d'un fleuve tantôt lisse et tantôt à facettes, par un temps magnifique, toute ma foi en l'humanité en est restaurée.
Les rives sont par contre semées de couples les chairs à l'air et l'humeur badine, bof.
Et je me rends compte que pour tenir tout le long de la course prévue dans deux semaines, il va falloir faire quelque chose, j'ai là des muscles dorsaux dont j'ignorais l'existence. Et qui sont douloureux.

C'était drôlement bien. Je me suis niqué les mains j'ai des ampoules partout à moitié ouvertes ou un peu sanguinolentes dessous. Je fais un grand tour du quartier avec plein de projets pour l'été, j'achète des jolies cartes à un destockage d'une très bonne papeterie, je rentre.
Et puis je pars au concert finalement, un peu limite, en oubliant ma partition.

Dimanche 23 mai 2010 à 16:51

Dans mes études, des fois je bâcle des partiels pasque j'ai même pas relu le cours en entier avant de venir, des fois je suis très en retard sur la lecture d'articles un peu trop compliqués, avec dedans ce genre de phrases : "nous en considérons la modélisation comme orthogonale à notre propos", et dont je dois rendre une analyse (ou une synthèse ?) bientôt, des fois je suis toute énervée contre un prof qui fait des cours qui n'ont pas de rapport avec l'intitulé et qui donne un devoir qui n'a pas de rapport avec le cours, et qui me le renvoie pasque c'est pas bien rédigé. D'autres fois je dois lire des Que sais-je dont je n'avais même pas soupçonné l'existence et je suis en retard aussi, ou encore il y a eu micmac administratif et j'ai suivi le mauvais cours et en fait maintenant j'aurai 4h d'affilée le jeudi aprem ça va être dur. Ce cours du jeudi après-midi il est un peu plus dans la pratique, la voix tout ça, et l'intervenante qu'on avait cette semaine elle a promis qu'elle allait nous secouer un peu, elle était pleine de vie et d'entrain mais j'aime pas qu'on me secoue. Alors je m'attendais au pire.
Et puis ça s'est trèès bien passé, je dois être celle à qui elle a fait le moins de remarques, c'est la première fois depuis des mois que je peux chanter le lendemain d'un concert - expérience similaire un mois auparavant dans le même cadre, tout pourri - j'avais même pu chanter, enfin !, à tue-tête avec tout le monde assise dans le bar après le concert, le bonheur absolu.

Mais surtout, surtout, dans cette salle de classe j'ai vu un mec faire des pompes devant une douzaine de nanas en chantant "Que je t'aimeuh" avec un accent à la Francis Cabrel, et ça, ça valait le coup de rester 4 heures.

Vendredi 9 avril 2010 à 23:16

*
comme dans les BD, quand le personnage ne trouve rien à dire, n'a pas les mots, s'étonne, reste sans voix. Muet.

Une laryngite, après un concert. 
Irrespectueuse, elle avait même commencé avant, enfin la voix avait déjà fuit, s'en rendre compte au beau milieu du concert, que vraiment c'est mauvais, que tout n'est plus qu'un souffle, que les tensions musculaires deviennent un cercle vicieux et plus un soutien. La honte et la gêne pour mes voisins, l'exaspération, la frustration, le désespoir de voir des semaines de répétitions ne servir à rien, la rage qu'on voudrait secouer pour le côté "petite nature".
Et déjà, dit le médecin, une laryngite en octobre. Moins de six mois. Pas bon du tout.
Rien pendant deux jours. Aphonie totale.
Et puis de vagues sons tirés, tendus, aigus. Baby-sitting, samedi, lundi, mardi, jeudi.
Vouloir reparler mercredi, à la fac, ne pas pouvoir chanter en répet le soir, avouer à l'audition du petit choeur qu'on préférerait passer la semaine d'après, laryngite.
Ne pas pouvoir lire d'histoire(s) au(x) gamin(s), devoir se retenir toujours, de parler, de voiser, de chanter, pour donner son avis,  élaborer sa pensée, interpeller, manifester qu'on est là, prendre une place. Comme entre sourds, quand on rentre, aller jusqu'au bout de l'appartement et dire bonjour d'un geste. Ne plus participer à la vie commune, penser à mes futurs patients. Envier tous ces gens qui téléphonent sans s'en rendre compte...
La voix si invisible et si présente, si naturelle et si importante. Ne pas comprendre pourquoi mes copines peuvent se défouler à la répet et pas moi.
Me rendre compte que je parle quand même beaucoup toute seule. De longues conversations avec des interlocuteurs, réels mais qui ne sont pas là, dont je suis alors l'unique préoccupation, qui auraient les réactions qui me permettent de continuer dans ce que je veux dire. Parfois des conversations qui auront lieu, parfois pas, jamais, ou par hasard. Parfois s'embrouiller, re-raconter à quelqu'un en vrai en pensant que ce n'était qu'en faux, ou bien n'avoir rien dit, persuadé que j'en avais parlé pourtant.
Alors maintenant devoir se retenir, tellement. Compter ces minutes, ces secondes où je ne dis rien, se contenir,  vouloir le repos complet à l'intérieur, détente obligatoire et forcée, se brider. Et trouver ça dingue de ne pas réussir à me taire, savourer quand même et trouver ça trop rare.
Anti-inflammatoires, corticoïdes...
La voix enfin plus d'une semaine après qui est là au réveil. Mais pas de chant.
Mardi suivant des trous dans la voix encore, audition demain.
Ce demain, 10ème jour, enfin pouvoir chanter, même si ce n'est pas parfait, ça ne répond pas aussi bien qu'avant, mon souffle naturel est pire que d'habitude et je ne trouve plus le geste pour le masquer. Faute de moyens je ne prends plus de cours de chant cette année.
Passer l'audition, faire sonner la voix, s'en tirer bien pour le déchiffrage.
Encore une semaine, se faire plaisir, mais se rendre compte que ça stagne un peu, il y a encore quelques trous, les p et pp sont difficiles ; que d'air ! En chantant aux enfants, en répet de nouveau, sentir que ça tire, que c'est mal placé, pas détendu, que ça ne sort toujours pas bien, et ça ne sort toujours pas bien.
Concert mercredi prochain, re-flipper, ne plus sortir sans manteau et écharpe ou presque, sous le soleil enfin réchauffant d'avril, et parfois suer bien trop.
Attendre les résultats de l'audition. 20 ou 25 personnes sur la grosse centaine du choeur initial, mais tout le monde n'était pas intéressé...
Après le concert ?
Un mail ce soir subitement, ah, peut-être qu'ils font ça discrètement et préviennent les heureux élus...
Non, le mail est pour tous.
Voici le nouvel ensemble vocal : 7 sopranes, 6 altos, 3 ténors et 4 basses.
20 personnes.
Et pas mon nom.
Relire.
Pleurer.
S'engueuler.
Il a pris les voix dont il avait besoin, on peut pas tout réussir dans la vie bon sang, bien sûr que si tu vas re-oser chanter devant lui, c'est très peu 7, on est plein, ta voix ne collait pas, ne cadrait pas. 
Tu ne participeras pas à ça par contre, bon, c'est triste mais c'est comme ça.
Lui est pris par contre.
Et si je n'avais pas eu de laryngite, ma voix aurait été meilleure, et le chef n'aurait pas pensé que peut-être tu t'écroules à chaque concert ? Si j'avais continué les cours ? 
On ne saura pas, il aurait fallu le faire pour savoir ce que ça aurait donné, tout lâché cette année en voix, et avec ça des ambitions tu veux rire.
De toute façon il ne dira pas, il ne dira jamais pourquoi ceux-là et pourquoi pas d'autres, alors prépare-t-y.
Des grandes vues sur l'année prochaine sans faire ce qu'il faut, ne pas, ne plus savoir où va tout ça. Je ne finis jamais rien, n'accomplis pas les choses, je ne vais pas jusqu'au bout, et je prends le pli de me dire que rien ne s'achève, rien ne passe au stade suivant, rien ne se transforme en papillon. Ca marche dans beaucoup de domaines, et je commence à être un peu grande pour qu'on m'encourage ou me pousse ou les fasse à ma place. Je suis un peu perdue.

Les larmes vont et viennent. Ils ne peuvent pas me voir comme ça quand ils rentrent, je vais essayer de faire attention.
Ecouter du tango,
et me dire que ça fait 18 mois que je viens en babysitt chez eux et que j'oublie depuis la toute deuxième fois d'amener un appareil photo pour fixer le cadran de l'horloge de la Gare de Lyon qui se projette et se fractionne sur la tour en verre aux barres métalliques verticales d'en face.

 

Mardi 5 janvier 2010 à 0:21

Mon voisin, des fois, il chante.
Et c'est pas terrible.
Il s'égosille sur quelques trucs des années 80, et sa voix mal timbrée mais trop stridente passe très bien son plafond. Ma chambre est juste au-dessus de la sienne. 
Des fois il chante des berceuses à ses filles, et je me demande comment elles s'endorment sans cauchemarder. 
Le dimanche matin je ne peux pas tellement faire de grasses mat', pasqu'à un moment, il attrape une guitare. Argh.
Il connaît trois morceaux, et encore je suis généreuse. Il connaît un passage de presque trois chansons presque différentes.
Et je suis obligée de fuir mon lit.
Et là, je dors dans la chambre de ma soeur pasque je trouve qu'il fait trop froid là-haut, et je suis pile en-dessous de la chambre déjà incriminée. Et là, il joue encore au chanteur qui saurait grattouiller, à minuit, rhâââ. Et c'est moche, c'est moche, dieux de la guitare faites quelque chose.

En plus, la panne mentionnée dans le billet précédent, qui concernait des histoires de chauffage tout ça, ben elle a dû être faite un peu en gros. Re-belote froid-aux-radiateurs ce soir :o)
L'incompétent notoire va avoir du courier demain matin au bureau...

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