J'étais déjà venue en mai. Pour un cours. Enfin j'avais essayé de chanter pour montrer un peu quoi, mais ma voix s'était toute cassée la semaine d'avant, et c'était franchement pas terrible.
Il m'avait secouée comme un poirier pour que finalement sortent quelques sons à peu près consistants.
Et il avait dit ouais, ça doit valoir le coup de travailler pour voir, mais il faudrait revenir une semaine entière, qu'on entende ce que ça donne.
L'impression d'entrer chez les pro un peu, à suivre la conversation : et Unetelle que je t'avais recommandée ? Oh, elle avance bien hein, mais je crois que son pays lui manque [l'Afrique du Sud je crois, et oui, ça me paraît crédible, c'est loin], et puis je pense qu'elle veut se poser, fonder une famille tout ça... [ah, c'est pas compatible ? apparemment]
Echange téléphonique pour prévenir que je risque d'arriver le jour même du 1er cours. Je ne préfèrerais pas dit le prof, l'eurostar y'a la clim, et du coup les élèves arrivent enrhumés [euh, oui ben je vais pas venir à pied hein, donc je mettrai une écharpe plutôt].
Lundi je n'ai même pas chanté d'air, j'ai remballé mes partitions direct, on a tout recommencé à 0. Note par note, syllabe par syllabe. Dites a. Ce n'est pas du tout comme ça que j'ai l'habitude de faire, le son ne me paraît même pas joli du tout. Querelles d'écoles. Italienne, allemande, assise du souffle et rondeur du son. Chanter comme un charretier. Le diaphragme, tiens-le ! Là, il appuie d'un doigt sur mon ventre pour me montrer.
Mardi il m'a fait tellement mal que j'en ai pleuré, j'ai gardé une marque rouge plusieurs jours. Le son vient de plus profond, je commence à comprendre un peu où on va. Arrimer la voix aux tréfonds du corps. C'est la 1ère fois qu'on me fait chanter avec une voix qui correspond à celle de la parole. Chanter est un bien grand mot, j'en suis toujours aux syllabes, à peine, avec peine, je n'ai même pas ramené mes partitions.
Mercredi, mes éventuelles craintes sur l'intérêt que pourrait me porter mon professeur s'évanouissent à la découverte d'un grand black, enfin plutôt café au lait, confortablement installé dans le canapé, ordinateur sur les genoux, en petit short-qu'on-porte-à-la-maison. Il n'est apparemment pas là pour un cours, et disparaît dans la salle de bain prendre une douche, puis se changer dans la chambre. Bon, ça c'est fait. On développe un tout petit peu plus le chant je crois, je lui dit qu'il m'a fait mal, il appuie du plat de la main du coup, je commence à m'habituer au son qui sort, même si "brut de décoffrage". Mais c'est beaucoup de discussion sur la technique, les écoles, les formations, les professeurs, les grands chanteurs et les festivals.
Jeudi il sort une partition me semble-t-il. Ou le Vaccaï seulement je ne sais plus. Très vite on retourne à du détail, puis on lie deux ou trois mesures. J'ai un peu l'impression d'avoir chanté plusieurs notes d'affilée. Mes oreilles, mon cerveau intègrent peu à peu ces vibrations, cette nouvelle chose comme ce-qu'il-faudra-désormais faire. Mais enfin ça ne marche pas du premier coup, chaque jour tout est reperdu un peu. Et puis je suis pas programmée correctement encore, je chante plus faux que d'habitude, ça me vexe, et je ne comprends toujours pas les voyelles qu'il veut me faire prononcer (m'enfin avec l'accent montpeliérain vous avouerez, c'est pas clair !).
Vendredi on chante un vrai de vrai morceau, même pas du Vaccaï. Bon tout juste phrase par phrase et encore. Mais enfin il trouve que j'ai un peu progressé, bon je ne chante pas bien hein, entendons-nous, hum, voui merci j'avais rien demandé, non mais pas mal non plus. C'est le début quoi. J'ai une voix assez large et solide, pas une petite voix légère quoi, mais il ne peut pas déterminer ma tessiture plus précisément que ça.
Samedi, dernier cours, je crois qu'on a repris le même morceau, et puis on a fait des gammes descendantes, enfin un tout petit peu. Ca a mis longtemps longtemps pour que je le fasse correctement, le son, le diaphragme, les abdominaux, la voyelle (réarticule quand tu descends - ça ne descend pas d'ailleurs hein - mais ne fais pas ça avec l'expiration !!), le haut du thorax qui ne doit pas bouger, la machoire, ne contracte pas les doigts. Encore, encore, encore, non, encore. Et puis ça a ressemblé à peu près à ce qu'il fallait. On a recommencé plusieurs fois, monté la note d'attaque, fa, sol, la4.
Ouais t'es soprano.
Je repars pour Paris le soir-même, avec quelques scones et pancakes, et les bouquins offert par les cousins pour mon anniversaire. Je trouve la verrière de St Pancras vraiment moins chouette que la toute bleue qu'ils avaient faite à Waterloo... Je regarde un peu Londres s'éloigner, et le train entre déjà dans un premier tunnel pour sortir de la ville, et je regrette de ne plus voir, sur ce nouveau tracé, l'usine électrique de Battersea et ses quatre grandes cheminées, qui obligeait le train à une courbe serrée nous permettant parfois d'en voir l'autre bout
Il m'avait secouée comme un poirier pour que finalement sortent quelques sons à peu près consistants.
Et il avait dit ouais, ça doit valoir le coup de travailler pour voir, mais il faudrait revenir une semaine entière, qu'on entende ce que ça donne.
L'impression d'entrer chez les pro un peu, à suivre la conversation : et Unetelle que je t'avais recommandée ? Oh, elle avance bien hein, mais je crois que son pays lui manque [l'Afrique du Sud je crois, et oui, ça me paraît crédible, c'est loin], et puis je pense qu'elle veut se poser, fonder une famille tout ça... [ah, c'est pas compatible ? apparemment]
Echange téléphonique pour prévenir que je risque d'arriver le jour même du 1er cours. Je ne préfèrerais pas dit le prof, l'eurostar y'a la clim, et du coup les élèves arrivent enrhumés [euh, oui ben je vais pas venir à pied hein, donc je mettrai une écharpe plutôt].
Lundi je n'ai même pas chanté d'air, j'ai remballé mes partitions direct, on a tout recommencé à 0. Note par note, syllabe par syllabe. Dites a. Ce n'est pas du tout comme ça que j'ai l'habitude de faire, le son ne me paraît même pas joli du tout. Querelles d'écoles. Italienne, allemande, assise du souffle et rondeur du son. Chanter comme un charretier. Le diaphragme, tiens-le ! Là, il appuie d'un doigt sur mon ventre pour me montrer.
Mardi il m'a fait tellement mal que j'en ai pleuré, j'ai gardé une marque rouge plusieurs jours. Le son vient de plus profond, je commence à comprendre un peu où on va. Arrimer la voix aux tréfonds du corps. C'est la 1ère fois qu'on me fait chanter avec une voix qui correspond à celle de la parole. Chanter est un bien grand mot, j'en suis toujours aux syllabes, à peine, avec peine, je n'ai même pas ramené mes partitions.
Mercredi, mes éventuelles craintes sur l'intérêt que pourrait me porter mon professeur s'évanouissent à la découverte d'un grand black, enfin plutôt café au lait, confortablement installé dans le canapé, ordinateur sur les genoux, en petit short-qu'on-porte-à-la-maison. Il n'est apparemment pas là pour un cours, et disparaît dans la salle de bain prendre une douche, puis se changer dans la chambre. Bon, ça c'est fait. On développe un tout petit peu plus le chant je crois, je lui dit qu'il m'a fait mal, il appuie du plat de la main du coup, je commence à m'habituer au son qui sort, même si "brut de décoffrage". Mais c'est beaucoup de discussion sur la technique, les écoles, les formations, les professeurs, les grands chanteurs et les festivals.
Jeudi il sort une partition me semble-t-il. Ou le Vaccaï seulement je ne sais plus. Très vite on retourne à du détail, puis on lie deux ou trois mesures. J'ai un peu l'impression d'avoir chanté plusieurs notes d'affilée. Mes oreilles, mon cerveau intègrent peu à peu ces vibrations, cette nouvelle chose comme ce-qu'il-faudra-désormais faire. Mais enfin ça ne marche pas du premier coup, chaque jour tout est reperdu un peu. Et puis je suis pas programmée correctement encore, je chante plus faux que d'habitude, ça me vexe, et je ne comprends toujours pas les voyelles qu'il veut me faire prononcer (m'enfin avec l'accent montpeliérain vous avouerez, c'est pas clair !).
Vendredi on chante un vrai de vrai morceau, même pas du Vaccaï. Bon tout juste phrase par phrase et encore. Mais enfin il trouve que j'ai un peu progressé, bon je ne chante pas bien hein, entendons-nous, hum, voui merci j'avais rien demandé, non mais pas mal non plus. C'est le début quoi. J'ai une voix assez large et solide, pas une petite voix légère quoi, mais il ne peut pas déterminer ma tessiture plus précisément que ça.
Samedi, dernier cours, je crois qu'on a repris le même morceau, et puis on a fait des gammes descendantes, enfin un tout petit peu. Ca a mis longtemps longtemps pour que je le fasse correctement, le son, le diaphragme, les abdominaux, la voyelle (réarticule quand tu descends - ça ne descend pas d'ailleurs hein - mais ne fais pas ça avec l'expiration !!), le haut du thorax qui ne doit pas bouger, la machoire, ne contracte pas les doigts. Encore, encore, encore, non, encore. Et puis ça a ressemblé à peu près à ce qu'il fallait. On a recommencé plusieurs fois, monté la note d'attaque, fa, sol, la4.
Ouais t'es soprano.
Je repars pour Paris le soir-même, avec quelques scones et pancakes, et les bouquins offert par les cousins pour mon anniversaire. Je trouve la verrière de St Pancras vraiment moins chouette que la toute bleue qu'ils avaient faite à Waterloo... Je regarde un peu Londres s'éloigner, et le train entre déjà dans un premier tunnel pour sortir de la ville, et je regrette de ne plus voir, sur ce nouveau tracé, l'usine électrique de Battersea et ses quatre grandes cheminées, qui obligeait le train à une courbe serrée nous permettant parfois d'en voir l'autre bout
J'en fais, hélas, partie :)