Tiens ça faisait longtemps que j'avais pas mangé à la cantine. Amusant. Enfin à l'expresse condition que ça ne se reproduise pas.
Je suis sur un campus maintenant, c'est tout à fait particulier et assez agréable jusque là. Je fais un peu de sociologie sauvage, comme toujours. Et puis même moins sauvagement, guidée par une prof et une bibliographie...
Plein d'étudiants partout, des pelouses, des problèmes de salles, des machines à café.
Découverte des cours, de ce que c'est qu'un enseignant-chercheur - en cours en tout cas pour le moment. La désorganisation. Les inscriptions. Mais queueter à l'administration en lisant Bartleby, ça a tout de même quelque chose de délicieusement doucement subversif.
Rencontrer, d'un coup, de nouvelles personnes. Se découvrir soi-même dans ces situations sociales, un peu, en apprendre sur ce qu'on est devenu, ou pas. Me dire que j'ai choisi l'option la plus facile entre les 3 ou 4 principales de cette fin de cursus. Option Londres, option Berlin, option New-York même furtivement. Et puis celle de l'évidence des autres.
Alors retour au bercail, cohabitation familiale par moment de nouveau difficile. Il y a eu un choix.
Les joies du RER A... impressionnant Châtelet vu de l'intérieur du train, train qui s'avance doucement et frôle ces rangées de gens qui me fixent, statues de cire sur le quai.
L'impression surtout d'avoir le droit d'être ici, et même que c'est bien là que je suis le mieux. Que je me sens le mieux.
Parce que certains jours je suis fascinée par la manière dont les mots extirpent la pensée du marasme et l'agence, et d'autres fois j'ai le vertige devant le gouffre entre les mots et la pensée, ou bien aussi le décalage, comme deux murs de briques mal alignés. Pas les yeux en face des trous quoi. Les yeux de la pensée en face des trous proposés par les mots.
Je suis enthousiasmée qu'il existe réellement un lieu avec des gens qui se posent des questions extraordinaires aussi loin semble-t-il des préoccupations terre-à-terre, et en même temps qui puissent, une fois la réflexion aboutie, nous faire saisir un peu avec quoi l'on vit. Et que j'ai le droit d'y être et de participer. C'est une joie ! L'impression d'avoir le droit de me balader dans les hautes sphères du délire universitaire - bon, ça va je sais, chuis pas spécialiste doctorissime d'aucune discipline hein.
Mais j'ai des hauts et des bas toujours. Ceux qui ont osé lire le billet précédent ont pu voir. Des coups de mou aussi. Je n'ai pas trouvé de chorale, celle dont m'avait parlé ma prof de chant n'a plus de place en soprane. Je ne suis plus très au clair dans mes finances, je ne sais pas si j'ai trop de quoi me payer un cours là, je n'ai pas chanté depuis un moment, je retournerai bien à Londres bosser tiens, dans les coups de mou je rêve que je m'abîme dans le travail, vous inquiétez pas ça va me passer, je n'y arrive généralement jamais, je crois que ça correspond juste à l'image idéale que j'ai de moi en tant qu'étudiante. Mais le délai avant la mise au travail est toujours là ; et certains jours je m'en deviens insupportable. Je me couche toujours tard à faire autre chose. Je ne me lève pas, pour peut-être récupérer d'une fatigue auto-générée. Je m'agace, comme avant.
Ce master me permet aussi de me rendre compte un peu de ce que j'ai pu apprendre, avant. Que j'ai, ce mot très à la mode, des "compétences transversales", de voir que je comprends même certains sous-entendus des profs, qui font appel à d'autres disciplines, plus loin ; bon, sauf en socio-ethno-linguistique hein. Réaliser ce que je sais et ce que les autres ne savent pas, construire et catégoriser à l'intérieur un peu.
J'ai toujours du mal à expliquer, à raconter ce que je fais à d'autres, je ne sais jamais d'où partir. Mais dans ma propre tête, pour moi, je sens quand même que ça s'élargit et que ça s'articule.
Approfondir.
billet un brin décousu écrit sur un certain laps de temps et greffé au milieu d'ajouts de dernière minute... je ferai mieux demain
Je suis sur un campus maintenant, c'est tout à fait particulier et assez agréable jusque là. Je fais un peu de sociologie sauvage, comme toujours. Et puis même moins sauvagement, guidée par une prof et une bibliographie...
Plein d'étudiants partout, des pelouses, des problèmes de salles, des machines à café.
Découverte des cours, de ce que c'est qu'un enseignant-chercheur - en cours en tout cas pour le moment. La désorganisation. Les inscriptions. Mais queueter à l'administration en lisant Bartleby, ça a tout de même quelque chose de délicieusement doucement subversif.
Rencontrer, d'un coup, de nouvelles personnes. Se découvrir soi-même dans ces situations sociales, un peu, en apprendre sur ce qu'on est devenu, ou pas. Me dire que j'ai choisi l'option la plus facile entre les 3 ou 4 principales de cette fin de cursus. Option Londres, option Berlin, option New-York même furtivement. Et puis celle de l'évidence des autres.
Alors retour au bercail, cohabitation familiale par moment de nouveau difficile. Il y a eu un choix.
Les joies du RER A... impressionnant Châtelet vu de l'intérieur du train, train qui s'avance doucement et frôle ces rangées de gens qui me fixent, statues de cire sur le quai.
L'impression surtout d'avoir le droit d'être ici, et même que c'est bien là que je suis le mieux. Que je me sens le mieux.
Parce que certains jours je suis fascinée par la manière dont les mots extirpent la pensée du marasme et l'agence, et d'autres fois j'ai le vertige devant le gouffre entre les mots et la pensée, ou bien aussi le décalage, comme deux murs de briques mal alignés. Pas les yeux en face des trous quoi. Les yeux de la pensée en face des trous proposés par les mots.
Je suis enthousiasmée qu'il existe réellement un lieu avec des gens qui se posent des questions extraordinaires aussi loin semble-t-il des préoccupations terre-à-terre, et en même temps qui puissent, une fois la réflexion aboutie, nous faire saisir un peu avec quoi l'on vit. Et que j'ai le droit d'y être et de participer. C'est une joie ! L'impression d'avoir le droit de me balader dans les hautes sphères du délire universitaire - bon, ça va je sais, chuis pas spécialiste doctorissime d'aucune discipline hein.
Mais j'ai des hauts et des bas toujours. Ceux qui ont osé lire le billet précédent ont pu voir. Des coups de mou aussi. Je n'ai pas trouvé de chorale, celle dont m'avait parlé ma prof de chant n'a plus de place en soprane. Je ne suis plus très au clair dans mes finances, je ne sais pas si j'ai trop de quoi me payer un cours là, je n'ai pas chanté depuis un moment, je retournerai bien à Londres bosser tiens, dans les coups de mou je rêve que je m'abîme dans le travail, vous inquiétez pas ça va me passer, je n'y arrive généralement jamais, je crois que ça correspond juste à l'image idéale que j'ai de moi en tant qu'étudiante. Mais le délai avant la mise au travail est toujours là ; et certains jours je m'en deviens insupportable. Je me couche toujours tard à faire autre chose. Je ne me lève pas, pour peut-être récupérer d'une fatigue auto-générée. Je m'agace, comme avant.
Ce master me permet aussi de me rendre compte un peu de ce que j'ai pu apprendre, avant. Que j'ai, ce mot très à la mode, des "compétences transversales", de voir que je comprends même certains sous-entendus des profs, qui font appel à d'autres disciplines, plus loin ; bon, sauf en socio-ethno-linguistique hein. Réaliser ce que je sais et ce que les autres ne savent pas, construire et catégoriser à l'intérieur un peu.
J'ai toujours du mal à expliquer, à raconter ce que je fais à d'autres, je ne sais jamais d'où partir. Mais dans ma propre tête, pour moi, je sens quand même que ça s'élargit et que ça s'articule.
Approfondir.
billet un brin décousu écrit sur un certain laps de temps et greffé au milieu d'ajouts de dernière minute... je ferai mieux demain
J'aime bien les trucs décousus.
Parce que les compétences transversales ça ressemble quand même aux Humanités.
Et j'ai l'impression que ça te construit bien.
Je sais que ce n'est pas facile à vivre de l'intérieur, de se sentir une peu d'ici et un peu d'ailleurs, mais en fait tout forme ton chemin, qui sera le tien, à nul autre pareil.
Et plus tard tu sentiras que ce que tu as fait/étudié/vécu, prend sa place dans ta vie.
C'est un peu brouillon et décousu sur le moment, mais ensuite c'est plutôt magique. Un peu comme un puzzle que tu vois s'assembler d'un seul coup, ou un enfant qui d'un coup se met à parler avec des phrases construites...
Bonne route !