Les ampoules cicatrisent peu à peu, les égratignures ont presque disparu, je n'ai pas eu tellement de courbatures, l'étrange bleu sous l'ongle de l'orteil mettra bien plus longtemps à partir. J'ai enfin complètement rangé les affaires sorties du sac qui traînaient au milieu de la chambre, pour faire durer le sentiment d'y être encore, en ayant sous les yeux ces quelques choses qui ont représenté toutes mes possessions pendant ces cinq jours. On doit faire très attention à ce qu'on met dans le sac pour pouvoir ensuite le porter toute la journée sur les chemins brûlants d'Espagne. Le strict minimum. Et on met longtemps aussi à apprendre ce que ça signifie, le strict minimum.
Alors ces quelques objets et ces quelques vêtements sont tous les jours sortis et représentent le voyage.
J'ai peu à peu remis d'autres habits, une fois rentrée.
C'est passé presque vite finalement, presque bien, à part les tous premiers jours du retour, la tête qui tourne en me demandant ce que j'ai fait, ce que je viens de faire, ce qui m'a pris de rester bloquée à mon programme, à ce que j'avais décidé au départ.
Une conversation qui part toute seule, interrompue pour ne pas gêner les voisins de dortoir. Un café partagé et quelques choses qui indiquent qu'on va faire un petit bout de chemin ensemble, au sens propre, ce matin. "Départ accompagnée" ai-je noté dans mon carnet à trous. Ce matin, ou plus finalement. L'inattendu et l'évidence.
Des pas et des pas, des montées, des descentes, du plat et des cailloux, du soleil, trop, pas d'ombre ou presque, l'étourdissement, de l'eau tiède, de l'eau froide qui jaillit en fontaines ou en gouttes et nous caresse la tête, des villages, des églises et des distributeurs de coca, refaire le monde, le parcourir un peu, millimètre par millimètre ici quand l'effort est trop dur. Sueur salée qui coule sur mes lèvres. Doigts gonflés par la chaleur je déteste ça, gorge nouée, respiration courte, le poids et la chaleur humide du sac dont les bretelles me blessent les épaules et les bras.
Et puis les jours d'après, quand on ne se lève plus pour marcher et se présenter confiant à ce nouveau jour. Après quand il faut construire soi-même ce jour qui paraît mièvre. Mais c'est passé presque vite. En suspens.
Et je range d'anciens carnets que j'avais oubliés et je relis. 2005... Et je comprends que je ne suis pas du tout sûre d'avoir droit à ça, et que je ne me sens pas armée pour savoir ce que je peux attendre. J'ai encore un peu peur de ce que j'ai dans la tête, dans les deux sens. Tenir sur le fil. Espérer, attendre, et se réjouir quand même.
Alors ces quelques objets et ces quelques vêtements sont tous les jours sortis et représentent le voyage.
J'ai peu à peu remis d'autres habits, une fois rentrée.
C'est passé presque vite finalement, presque bien, à part les tous premiers jours du retour, la tête qui tourne en me demandant ce que j'ai fait, ce que je viens de faire, ce qui m'a pris de rester bloquée à mon programme, à ce que j'avais décidé au départ.
Une conversation qui part toute seule, interrompue pour ne pas gêner les voisins de dortoir. Un café partagé et quelques choses qui indiquent qu'on va faire un petit bout de chemin ensemble, au sens propre, ce matin. "Départ accompagnée" ai-je noté dans mon carnet à trous. Ce matin, ou plus finalement. L'inattendu et l'évidence.
Des pas et des pas, des montées, des descentes, du plat et des cailloux, du soleil, trop, pas d'ombre ou presque, l'étourdissement, de l'eau tiède, de l'eau froide qui jaillit en fontaines ou en gouttes et nous caresse la tête, des villages, des églises et des distributeurs de coca, refaire le monde, le parcourir un peu, millimètre par millimètre ici quand l'effort est trop dur. Sueur salée qui coule sur mes lèvres. Doigts gonflés par la chaleur je déteste ça, gorge nouée, respiration courte, le poids et la chaleur humide du sac dont les bretelles me blessent les épaules et les bras.
Et puis les jours d'après, quand on ne se lève plus pour marcher et se présenter confiant à ce nouveau jour. Après quand il faut construire soi-même ce jour qui paraît mièvre. Mais c'est passé presque vite. En suspens.
Et je range d'anciens carnets que j'avais oubliés et je relis. 2005... Et je comprends que je ne suis pas du tout sûre d'avoir droit à ça, et que je ne me sens pas armée pour savoir ce que je peux attendre. J'ai encore un peu peur de ce que j'ai dans la tête, dans les deux sens. Tenir sur le fil. Espérer, attendre, et se réjouir quand même.