Je me suis enfin inscrite à la bibliothèque de la ville d'à-côté, pas immense mais c'est déjà ça. J'ai emprunté six ou sept bouquins d'un coup. Alors que j'ai encore des choses qu'on m'a offertes il y a plusieurs années et que je n'ai pas lues, et puis d'autres livres que j'ai achetées récemment ou il y a plusieurs mois et qui ne sont toujours pas ouverts. En plus des bouquins qu'on m'a prêtés et qu'il faudrait quand même que je rende dans un délai raisonnable, donc les lire.
Je rentre en me disant que je vais tout faire ce soir, cette nuit. J'ai toujours l'impression au soir d'avoir devant moi un temps infini, et que je vais pouvoir réaliser des merveilles et que demain je serai apaisée.
En fait je tire sur la corde du sommeil. Les yeux tirés font partie de la lecture, de son plaisir peut-être, mais aussi de son exigence. L'impossibilité de lâcher un bouquin comme celui de lâcher le paquet de biscuits (qui m'est maintenant interdit, remplacé par des bonbons). Il est quelques livres que j'arrive à lire de manière raisonnable, mais c'est rare. Je ne suis pas une lectrice raisonnable, je déteste lire sagement, un chapitre par un chapitre. Même s'il doit m'arriver de dire que ça fait partie de mon idéal d'accomplissement, comme faire du sport et du chant tous les jours. Moi qui suis experte dans la retenue et la frustration de soi dans bien des domaines, je refuse de saucissonner les aventures des personnages, de leur assigner des horaires où je daignerai les rejoindre. Lire un roman ce n'est pas faire venir des vies nouvelles jusqu'à moi, c'est aller jusqu'à elles, me plonger dedans, et n'accepter d'en ressortir que par absolue nécessité, ou pour un soupçon de bienséance (les cours, les repas lors des vacances familiales). C'est moi qui vais vivre leurs vies avec eux. Ce ne sont pas leurs aventures qui vont déteindre sur ma terne existence.
J'essaye aussi d'exorciser ma nouvelle "rechute" de romans à l'eau de rose, ceux-là aussi se lisent extrêmement vite, ne nourrissent pas toujours suffisamment, et comme le paquet de bonbons qu'il m'arrive parfois au prix d'un grand effort de volonté de lancer sur le canapé hors de ma portée, j'aimerais pouvoir en arrêter ma consommation.
Je ne sais pas si je les considère comme indignes, peut-être, sûrement, je ne les inscris pas dans ma liste de bouquins en cours sur ce blog par exemple. Et surtout je me dis que dans une autre vie je n'en aurais pas eu autant envie.
Je me dis de temps en temps qu'il va bien falloir que je retourne mettre les choses à plat sur ce que je pense de ça, encore, maintenant. Puisque même le psy, qui était payé pour, n'a pas voulu en entendre parler. J'ai toujours peur de me monter la tête quand je dis ça, et en même temps j'en suis tellement sûre. C'était déjà dur pour moi, à dire, à formuler, à reconnaître, à savoir qu'en dire, à accepter d'en dire quelque chose. Et en même temps j'aurais tellement voulu en parler, le touiller, le secouer, l'ouvrir, le disséquer, en disséminer les morceaux, les ratatiner pour voir, même si ça devait bouger encore après tout ça.
Pense-t-on des choses en-dehors de notre rapport aux autres ? A ce que les autres en pensent ? Sûrement, mais ça n'a déjà plus grand chose à voir.
Je me dis que j'aurais dû raconter des petites choses d'ici, façon instantané de société, qui auraient sûrement pu rebondir les uns sur les autres, et l'actualité. Mais non je n'arrive qu'à gémir sur mon sort. C'est affligeant, attristant, déplorable, déprimant, désolant, émouvant, lamentable, pénible, pitoyable. pitoyable.
Je rentre en me disant que je vais tout faire ce soir, cette nuit. J'ai toujours l'impression au soir d'avoir devant moi un temps infini, et que je vais pouvoir réaliser des merveilles et que demain je serai apaisée.
En fait je tire sur la corde du sommeil. Les yeux tirés font partie de la lecture, de son plaisir peut-être, mais aussi de son exigence. L'impossibilité de lâcher un bouquin comme celui de lâcher le paquet de biscuits (qui m'est maintenant interdit, remplacé par des bonbons). Il est quelques livres que j'arrive à lire de manière raisonnable, mais c'est rare. Je ne suis pas une lectrice raisonnable, je déteste lire sagement, un chapitre par un chapitre. Même s'il doit m'arriver de dire que ça fait partie de mon idéal d'accomplissement, comme faire du sport et du chant tous les jours. Moi qui suis experte dans la retenue et la frustration de soi dans bien des domaines, je refuse de saucissonner les aventures des personnages, de leur assigner des horaires où je daignerai les rejoindre. Lire un roman ce n'est pas faire venir des vies nouvelles jusqu'à moi, c'est aller jusqu'à elles, me plonger dedans, et n'accepter d'en ressortir que par absolue nécessité, ou pour un soupçon de bienséance (les cours, les repas lors des vacances familiales). C'est moi qui vais vivre leurs vies avec eux. Ce ne sont pas leurs aventures qui vont déteindre sur ma terne existence.
J'essaye aussi d'exorciser ma nouvelle "rechute" de romans à l'eau de rose, ceux-là aussi se lisent extrêmement vite, ne nourrissent pas toujours suffisamment, et comme le paquet de bonbons qu'il m'arrive parfois au prix d'un grand effort de volonté de lancer sur le canapé hors de ma portée, j'aimerais pouvoir en arrêter ma consommation.
Je ne sais pas si je les considère comme indignes, peut-être, sûrement, je ne les inscris pas dans ma liste de bouquins en cours sur ce blog par exemple. Et surtout je me dis que dans une autre vie je n'en aurais pas eu autant envie.
Je me dis de temps en temps qu'il va bien falloir que je retourne mettre les choses à plat sur ce que je pense de ça, encore, maintenant. Puisque même le psy, qui était payé pour, n'a pas voulu en entendre parler. J'ai toujours peur de me monter la tête quand je dis ça, et en même temps j'en suis tellement sûre. C'était déjà dur pour moi, à dire, à formuler, à reconnaître, à savoir qu'en dire, à accepter d'en dire quelque chose. Et en même temps j'aurais tellement voulu en parler, le touiller, le secouer, l'ouvrir, le disséquer, en disséminer les morceaux, les ratatiner pour voir, même si ça devait bouger encore après tout ça.
Pense-t-on des choses en-dehors de notre rapport aux autres ? A ce que les autres en pensent ? Sûrement, mais ça n'a déjà plus grand chose à voir.
Je me dis que j'aurais dû raconter des petites choses d'ici, façon instantané de société, qui auraient sûrement pu rebondir les uns sur les autres, et l'actualité. Mais non je n'arrive qu'à gémir sur mon sort. C'est affligeant, attristant, déplorable, déprimant, désolant, émouvant, lamentable, pénible, pitoyable. pitoyable.
Dommage que tu termines ainsi ton article, comme si ce que je venais de lire et de trouver suffisamment intéressant pour être lu et commenté (car ça m'a donné à penser) était disqualifié arbitrairement.
En tout cas j'aime bien lire l'expérience que représente la lecture pour les autres. Moi ça fait un sacré bout de temps que je n'ai pas réussi à lire un roman. Je lis beaucoup pour mon travail, je lis des livres jeunesses dont j'admire les illustrations, mais il y a comme quelque chose de tari dans ma lecture de fictions. Ça me manque !
Et en ce qui me concerne, moi ce sont les romans policiers que je ne peux pas lâcher, qui même s'ils ne sont pas formidables me font toujours un effet boeuf. Le suspense ça m'accroche tout de suite et je ne peux plus lâcher le livre!