Vendredi 30 janvier 2009 à 19:26

Ma tête continue à me faire des feintes, à trouver plein d'objets de concentration et de focalisation autres, je connais Friends par coeur maintenant, il faut changer un peu, je prends l'habitude de regarder NCIS, moi qui ne suis en rien une enfant de la télé, c'est bien la première fois que je connais la chaîne et l'horaire d'un programme. Ou bien rien, ou bien un livre, que je finis vite, trop vite, je ne fais plus que ça, il ne dure pas, il m'empêche de dormir, me fatigue, je ne le laisse pas reposer et l'histoire s'épanouir dans ma tête. Alors je ne dois pas en reprendre un autre, et puis je finis bien par en trouver un. 
   Doublé d'un stade de mollusque avancé, vraiment, le corps et l'esprit dans un état non solide, une limace, un mouchoir en papier morveux et mouillé de larmes. Dans un état glissant, dégoulinant, geignant, chouinant, tellement que j'en ai fait peur à un lutin expatrié je crois. Et la non motivation, l'incapacité de se soulever soi-même, de venir à bout des choses, de décider quelles étaient les choses dont il fallait venir à bout. Je me suis dit qu'il devait avoir envie de me ficher des baffes, monsieur le docteur à oreilles. Et de la peur, des pleurs, irrépressibles, comme des crises d'angoisse difficilement appaisables, contrôlables. Au moment où l'on veut reposer le corps, et où la tête refuse de lâcher prise, de laisser passer la nuit et le lendemain venir.
   Triplé de la loi de l'emmerdement maximum, comme dit Melle Moi. Des fois ça fait du bien d'enfermer les choses dans des mots, c'est drôlement soulageant de les circonscrire et de les détacher.

N'empêche : rentrant d'une après-midi d'aviron, je veux passer au supermarché acheter quelques yaourts que je sais manquer et remplacer une plaquette de chocolat que j'ai piquée de la réserve (secrète!) de mon père. A la caisse, 9 euros quelque chose, je fouille dans mon sac pour trouver mon portefeuille. J'en sors mon porte-monnaie, il n'y a pas assez, je replonge et farfouille pour trouver plus gros, ça commence à durer, c'est mon sac de sport, pas pratique pour y jeter un coup d'oeil, la fébrilité s'installe, ça attend derrière. Je fouille de plus belle, sortent à moitié ma polaire, mon collant noir, un tee-shirt mouillé de sueur, toujours pas d'argent. Je m'excuse pitoyablement, je n'ai pas mon portefeuille, je suis désolée, vraiment, excusez-moi, et je me précipite à la maison, inquiète de savoir si l'objet est là ou bien si je l'ai fait tomber au club, ou quelque part à Nogent... Non, il est bien dans mon sac à main, relatif soulagement, sauf que cela signifie que je suis partie sans, et que j'ai donc conduit la voiture sans permis. L'avouer à mon père sur son lit de mort peut-être. Je repars, reprends les mêmes articles exactement, me mets dans une file à l'autre bout du magasin pour ne pas tomber sur le même vendeur. J'avais pris avant les caisses rapides, se trouvent maintenant devant moi les courses de la semaine de la ménagère. J'attends presque un quart d'heure dans la queue, ce qui me laisse le temps de regarder de plus près le contenu de mon petit porte-monnaie, celui qui était déjà dans mon sac : et ben il y avait assez !

Emmerdement maximum, loi, la loi de l'emmerdement, maximum. 

*

Dimanche 18 janvier 2009 à 19:55

 C'est un problème d'organisation (aussi) qu'il dit, le docteur-qui-écoute :
je suis face à une muraille et il faudrait penser à en faire escalier, pasque escalader, là, ça va pô être possible.

Mais j'avoue que je sais pas bien faire, je me perds encore en sommeil, en réveils tardifs, en peurs subites, en stress(s?) comme une douche froide, en idées soudaines de ce qu'il aurait fallu faire, de ce que j'ai oublié de dire, de donner, d'expliquer, de faire. Jamais cru qu'on pouvait éprouver angoisse pareille. Je crois que ce n'est pas le bon mot en plus, mais j'ai déjà écrit stress et puis c'est un mot à tout faire ça, c'est plus très précis. Ca aussi donc, ne plus trouver le signifiant du signifié qui est dans ma tête, une difficulté aiguë à finir mes phrases, à l'écrit comme à l'oral.

Et puis une honte certaine à ne pas y arriver. Je ne devrais pas, enfin, voyons, chacun sait qu'on ne fout rien à la fac, je n'ai même pas vécu la prépa, le stress des concours (je l'ai eu sans m'en rendre compte, le concours). La prépa, ah, voilà la vraie école de la vie, là où tu comprends ce que tu vaux... Mais d'où me viennent ces idées-là, d'une insidieuse pression, hégémonie des cousins, tous entrés dans des écoles plus grandes les unes que les autres ; de la conscience, même si légère, pas appuyée par l'intéressé, d'avoir un père polytechnicien ?


Un mémoire de fin d'étude, lâchés par la fac heureuse de ne plus avoir à nous organiser de cours, qui n'a qu'à nous attendre au tournant à la fin, avec un plaisir torve (tiens comment il est sorti çui-là, de mot ?). Et puis ma directrice, lointaine, pas assez réactive à mon goût, qui a l'air de me laisser faire et dont je crains toujours plus un jour le réveil et le "mais c'était pas du tout ça". Déjà qu'elle m'a volé mes vacances d'été prochaines, avec un an d'avance rendez-vous compte, très fort. Jamais cru qu'on pouvait éprouver ça, cette peur, autant de peur sur quelque chose d'aussi long, d'aussi loin. Là vous vous dites ma pauvre fille t'as rien vu, et encore, c'est pas grand chose, et tout ça. 
Peut-être alors que j'aurai jamais cru que ça, ça allait être aussi dur. Aussi apeurant. A faire se rétrécir mon coeur et peser ma cage thoracique dessus quand j'y pense, comme un avertissement : si tu m'embêtes trop, j'arrête.

Alors mon cerveau me fait des feintes, il se met à réfléchir sur des questions existentielles terribles : pourquoi il y a des gens qui mettent les tablettes de chocolat au frigo, pourquoi il y a des gens qui mangent du pain et du chocolat avec du beurre sur le pain, comment marche le système de rimes anglo-saxon ; par exemple dans Friends (oui je sais, j'ai de très hautes références), ils disent que Rachel et dreidel ne riment pas, alors que phonétiquement si, pourquoi il y a une polémique sur faut-il mettre de l'huile dans l'eau de cuisson des pâtes, pourquoi les pâtes ça refroidit très vite alors que le chou-fleur pas, phénomène auquel Fred Vargas a enfin donné toute son importance dans le livre Sans feu ni lieu : "Mange, dit Marthe. Les pâtes, ça ne reste pas longtemps chaud, et on ne sait pas pourquoi. En revanche, le chou-fleur, oui. Pose la question à qui tu veux, tu trouveras personne pour t'expliquer des choses comme ça."  

Mais comme donc je regarde ma muraille sans savoir ni oser commencer, et comme je n'avance probablement pas, et que le soir venu ma conscience réprobatrice me fait comprendre qu'un jour se finit et qu'un nouveau va commencer et que je n'aurai toujours pas fait ce qu'il fallait faire (mais que fallait-il faire ?) alors je veux absolument achever ce que je fais, ce que j'ai trouvé autour de moi quand je tournais, et fuyait, évitait, le pot.

Et alors je veille jusqu'à plus d'heure, forçant mes yeux à rester ouverts, mon cerveau à lire, à réfléchir encore un peu, ma tête à se tenir, mes yeux encore, je veux les fermer mais non, je veux finir.

Je me perds dans des livres policiers, des Fred Vargas que je relis, des Agatha Christie avec une préférence pour Hercule Poirot, ou des sudokus. C'est presque la même chose, je vous expliquerai. Je cherche ma dose journalière dans les gratuits récupérés dans le métro, soustraits délicatement de la corbeille papier même, un peu crades parfois. Et je ne veux pas lâcher prise et dormir et laisser le lendemain venir, voir s'éloigner un jour où je n'aurai rien fait, et je suis épuisée au matin, et mon cercle est bien fait, vicieusement.

Et puis me prennent quelques bouffées de motivation, d'optimisme même. 
Mais encore l'inquiétude, et le sentiment d'errer dans le labyrinthe des connaissances que je devrais acquérir. Tellement que je n'ose commencer, de toute façon je ne sais pas par où.

Samedi 10 janvier 2009 à 20:28

 
Comme dit Incompréhensions, c'était un Paris Carnet pour les intimes. Un petit PC. Un PC cocon, tout doux, en petit comité pour commencer doucement l'année et échanger tout plein de sourires.
J'ai vu Gilda, Kozlika qui m'a fait la bise avec les mains, Nim enfin, fin du suspense du "à quoi il ressemble avec les cheveux courts (!?)", et ben il est très bien Nim, voilà. Et Goon, et Alecska, et Melle Moi avec d'autant plus de bonheur qu'elle avait fait planer un petit suspense sur sa venue (elle était encore alors d'humeur cochon peut-être). Je me suis calée avec eux au fond près de la cuisine, et on a mangé un peu en décalé. De l'autre côté Aggelos et Kerdekel, et plus devant Oh!91 avec qui j'avais un trafic de place d'opéra en cours, et qui est venu se renseigner un peu plus avant sur comment-ça-se-passe-vraiment-cette-affaire-de-queue-avec-les-fous-à-Bastille. Alors j'ai raconté un peu. En attendant Lady Macbeth de Mzensk, de Chostakovitch, l'opéra en question cette fois-ci.
J'ai découvert aussi qu'il y a des gens qui lisent mes billets en entier, même quand ils sont (trop) longs et qu'ils parlent d'amitié terminée. Le sujet est un peu resté, et on a un peu déprimé Nim, peut-être. Incompréhensions a trouvé du réconfort, et puis on a ri quand même avec le fictionnaire d'Alain Finkielkraut. Alors j'ai proposé un crumble aux pommes à Nim pour le remonter, et ça a dû marcher parce qu'il était vraiment très (très) bon. D'autant qu'avec la nouvelle année le menu a changé, il va falloir tout essayer de nouveau ! Et ça commence bien.

C'était doux et agréable, c'était chaud et réconfortant. Merci les amis :o)


Dimanche 4 janvier 2009 à 12:47

 
Bon tout de même, pour ne pas vous laisser sur le post précédent, je vais faire un petit post de début d'année.

J'aime bien cette période où l'on se sent tout plein d'espoir, de motivation étonnamment revenue devant cette grande plage libre qui s'offre à nous. Certes les projets ne sont peut-être pas précis, où alors fort peu changés depuis la fin décembre voire début septembre, mais enfin une espèce de chance de repartir du bon pied, d'envie de voir des choses nouvelles qui nous souffle dessus son air frais !

Alors je vous souhaite de commencer, re-commencer au besoin, ou continuer si vous êtes en bonne voie, votre aventure de vie quotidienne à vous.
Avec enthousiasme !


vous pouvez relire le post 5, il y a un petit poème de circonstance.
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