Mercredi 30 décembre 2009 à 18:00

Ma chambre est sous les toits, chambre de bonne parisienne mal isolée, où l'on meurt de chaud en été et de froid en hiver. Et je résistais depuis début novembre, par une sorte de scarification, à utiliser le petit radiateur électrique. En accord avec Copenhague tout ça ; il faisait 14 encore dans la pièce, je dormais avec un pull et des chaussettes, c'était juste le différentiel sur/sous la couette qui empirait.
On a trouvé jeudi soir juste avant les vacances qu'il faisait un peu frais, et c'était clairement confirmé le lendemain. La température de ma chambre est passée en dessous de 10, samedi soir j'ai dormi dans le canapé du salon. L'espèce d'incompétent notoire qui est chargé des relations avec les locataires (nous), pourtant prévenu dès le vendredi matin, a dû avoir les oreilles qui ont sifflé tout le week-end. On a prêté le radiateur électrique aux voisins du 1er qui ont un bébé de 6 mois. On a du coup passé deux jours emmitouflés, on a ressorti les polaires, les plus gros pulls, les plaids, les bouillottes, et étudié avec attention le fonctionnement des espèces de coussins chauffants, qui est très bien expliqué sur
Finis Africae.
Samedi aprem je suis quand même allée ramer sur la Marne. En double, l'un des trucs les plus instables. Avec un mec un peu soupe au lait avec qui je rame peu souvent. Il faisait bien bien froid. L'eau avait une drôle de consistance, et on avait de gros problèmes d'équilibre. Bon, l'eau de la Marne, j'ai déjà tenté, ça ne m'a pas traumatisée, mais ce jour-là non. Ah non. La polaire me tenait tout juste chaud. J'avais l'impression que mes doigts (nus, on peut pas tenir correctement les rames avec des gants), allaient tomber en morceaux dans l'eau - ça s'est amélioré finalement pasqu'on bouge les mains du coup le sang circule toujours jusque là je pense...
Mais vraiment l'idée de tomber là-dedans c'était pas possible. En plus, comme j'avais tout bien lu les petites lignes de l'explication du coussin chauffant, je me suis dit que sûrement l'eau était en surfusion et que si je tombais ça ferait une onde de choc et tout allait se solidifer autour de moi comme pour les chevaux en Russie... 
Bon, on est pas tombés. M'enfin j'ai eu chaud, si l'on peut dire, et je ne trouvais pas d'explication à notre mauvais équilibre. Je sais que ce n'est pas mon point fort mais quand même.
Je n'ai compris qu'au retour : l'eau, bien froide, avait forcément une densité modifiée - ce qui se sentait même à chaque coup de rame - et du coup la portance était meilleure ! La ligne de flottaison plus basse, le bateau beaucoup plus instable.
Ah, ça sert un papa ingénieur.

Je suis retournée à la maison manger des papillotes en choeur pour contrer le froid. C'était bien comme début de vacances :o)

La suite aussi d'ailleurs. J'espère que vos Noël furent joyeux, chocolatés, avec ou sans pétard, souriants, un peu frais pour pouvoir s'emmitoufler, et se sentir bien chaud à l'intérieur.


(ah oui, et : le chauffage a été soudain réparé le lundi en fin d'après-midi, par des ouvriers qu'on n'a pas vus... La température de ma chambre, chauffée par l'immeuble en dessous, est repassée au dessus de la dizaine, m'enfin je ne tiens pas tellement assise à mon bureau pour bosser... C'est pour ça que j'ai rien fait, c'est pas ma faute !)

Samedi 12 décembre 2009 à 1:57

Tiens ça faisait longtemps que j'avais pas mangé à la cantine. Amusant. Enfin à l'expresse condition que ça ne se reproduise pas.

Je suis sur un campus maintenant, c'est tout à fait particulier et assez agréable jusque là. Je fais un peu de sociologie sauvage, comme toujours. Et puis même moins sauvagement, guidée par une prof et une bibliographie...
Plein d'étudiants partout, des pelouses, des problèmes de salles, des machines à café. 
Découverte des cours, de ce que c'est qu'un enseignant-chercheur - en cours en tout cas pour le moment. La désorganisation. Les inscriptions. Mais queueter à l'administration en lisant Bartleby, ça a tout de même quelque chose de délicieusement doucement subversif.

Rencontrer, d'un coup, de nouvelles personnes. Se découvrir soi-même dans ces situations sociales, un peu, en apprendre sur ce qu'on est devenu, ou pas.
Me dire que j'ai choisi l'option la plus facile entre les 3 ou 4 principales de cette fin de cursus. Option Londres, option Berlin, option New-York même furtivement. Et puis celle de l'évidence des autres.
Alors retour au bercail, cohabitation familiale par moment de nouveau difficile. Il y a eu un choix.
Les joies du RER A... impressionnant Châtelet vu de l'intérieur du train, train qui s'avance doucement et frôle ces rangées de  gens qui me fixent, statues de cire sur le quai.
L'impression surtout d'avoir le droit d'être ici, et même que c'est bien là que je suis le mieux. Que je me sens le mieux.

Parce que certains jours je suis fascinée par la manière dont les mots extirpent la pensée du marasme et l'agence, et d'autres fois j'ai le vertige devant le gouffre entre les mots et la pensée, ou bien aussi le décalage, comme deux murs de briques mal alignés. Pas les yeux en face des trous quoi. Les yeux de la pensée en face des trous proposés par les mots.
Je suis enthousiasmée qu'il existe réellement un lieu avec des gens qui se posent des questions extraordinaires aussi loin semble-t-il des préoccupations terre-à-terre, et en même temps qui puissent, une fois la réflexion aboutie, nous faire saisir  un peu avec quoi l'on vit.  Et que j'ai le droit d'y être et de participer. C'est une joie ! L'impression d'avoir le droit de me balader dans les hautes sphères du délire universitaire - bon, ça va je sais, chuis pas spécialiste doctorissime d'aucune discipline hein.

Mais j'ai des hauts et des bas toujours. Ceux qui ont osé lire le billet précédent ont pu voir. Des coups de mou aussi. Je n'ai pas trouvé de chorale, celle dont m'avait parlé ma prof de chant n'a plus de place en soprane. Je ne suis plus très au clair dans mes finances, je ne sais pas si j'ai trop de quoi me payer un cours là, je n'ai pas chanté depuis un moment, je retournerai bien à Londres bosser tiens, dans les coups de mou je rêve que je m'abîme dans le travail, vous inquiétez pas ça va me passer, je n'y arrive généralement jamais, je crois que ça correspond juste à l'image idéale que j'ai de moi en tant qu'étudiante. Mais le délai avant la mise au travail est toujours là ; et certains jours je m'en deviens insupportable. Je me couche toujours tard à faire autre chose. Je ne me lève pas, pour peut-être récupérer d'une fatigue auto-générée. Je m'agace, comme avant.

Ce master me permet aussi de me rendre compte un peu de ce que j'ai pu apprendre, avant. Que j'ai, ce mot très à la mode, des "compétences transversales", de voir que je comprends même certains sous-entendus des profs, qui font appel à d'autres disciplines, plus loin ; bon, sauf en socio-ethno-linguistique hein. Réaliser ce que je sais et ce que les autres ne savent pas, construire et catégoriser à l'intérieur un peu.

J'ai toujours du mal à expliquer, à raconter ce que je fais à d'autres, je ne sais jamais d'où partir. Mais dans ma propre tête, pour moi, je sens quand même que ça s'élargit et que ça s'articule.

Approfondir. 



billet un brin décousu écrit sur un certain laps de temps et greffé au milieu d'ajouts de dernière minute... je ferai mieux demain

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