Lundi 28 mars 2011 à 23:08

Il paraît que chanter c'est prier deux fois.

Et de toute façon je préfère chanter. Et pour l'instant c'est ce qui reste pour moi de plus facile, de plus évident, de plus naturel comme appel à l'espoir.

Alors si ça vous tente, je vous convie à ça :


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C'est mercredi de la semaine prochaine, à 20h30,
ce n'est pas si loin du métro Porte d'Orléans, ça vaudra vraiment le coup d'oreille.
Et si vous me prévenez un peu vite je vous aurai des places à 5 euros.

(et il faut faire un Paris Carnet Rougemontois et pi c'est tout).

Jeudi 17 mars 2011 à 22:57

Non mais quelle idée.
Papa qui rentre lundi soir avec ton alliance au bout de l'auriculaire, les nouvelles de toi sont mauvaises, et papa qui, pour la première depuis des mois qu'il ne montre rien et qu'on nous demande comment il va lui, papa, pour la première fois de ma vie, papa qui sanglote.
Tu sais que tu es en train de lui faire vivre son pire cauchemar ? Ou tout au moins le prélude.
Cette nuit-là j'ai rêvé qu'on te retrouvait devant ce paysage que tu aimes tant, la Chartreuse à gauche le Vercors à droite, tranquille dans une chaise-longue (toi dans la chaise longue bien sûr), qui t'étonnait de l'agitation, mais non tout va bien ils ont exagéré à l'hôpital. Et je t'engueulais comme du poisson pourri parce qu'on s'était fait un sang d'encre.
Et encore ce n'était que lundi.
En novembre j'avais eu un choc en te voyant dans un lit d'hôpital ; là pas tant que ça, je savais assez bien à quoi m'attendre, j'ai déjà vu des gens avec assistance respiratoire pendant des opérations, le visage renversé et la bouche ouverte.
C'est toi c'est bien toi je te reconnais ce mardi après-midi, ça me fait plaisir de te voir.
Et finalement c'est bien le seul élément qui rend la situation réelle et imaginable. Puisque c'est bien toi dans ce lit, alors le discours des médecins, de l'infirmière - Morgane, comme la fée -  doit bien être vrai, alors le branle-bas de combat qui a lieu autour de nous doit s'y rattacher, les appels innombrables, les mails, les textos. Mais après tout ce ne sont que des réponses à ce que nous avons dit et diffusé. Mais dit parce qu'on t'a vue et qu'on a pensé que c'était vrai, que c'était grave. Les gens répondent à leur manière, beaucoup proposent de prier, parce qu'ils y croient fort ou bien même si ça fait longtemps. Pablo a fait des dessins pour toi, j'ai une amie qui a mis une petite bougie quelque part. Il y a des gens qui demandent ton âge. Il y a les gens qui appellent trop, il y a les gens qui n'osent pas répondre et qui ont mis dix heures à trouver les mots. Il y a celle qui ne te connaît pas et parle de toi comme si déjà... Il y a celle que je n'ai sciemment pas prévenue et qui pense qu'il est à propos de m'écrire - erreur. Celle qui demande si le chirurgien est dans ses petits souliers.

Ceux qui te connaissent sont effondrés. C'est un indice aussi, ça participe de la réalité, de la véracité.
Tu sais ce que je pense de temps en temps ? Je me dis "j'ai une amie qui en train de perdre sa mère, c'est dur, ça doit être dur pour elle." Et puis je me dis que c'est moi, que d'abord tu es encore en vie, je crois, et que ce qui nous paraitrait à nous le moins surprenant serait que tu te lèves en demandant si on y va.
Perdre sa mère, on ne se rend pas vraiment compte de ce qu'il y a là-derrière en fait hein ? Même si on s'en doutait. Et si ça se trouve, toi, tu ne sauras peut-être jamais ce que c'est. Alors que, dans un élan d'égoïsme presque pur, ma chère maman, je préfèrerais beaucoup que tu perdes ta mère avant que je perde la mienne.
Le soir depuis trois jours je cherche la musique qui va le mieux, du classique toujours. Et je mets deux bougies dans des petits photophores rouges. Elles brûlent pendant que je m'endors et je les retrouve éteintes au matin. Hier soir je les ai prises en photo. Je les ai toutes utilisées maintenant il faut que j'en rachète.
Mais quelle idée. Tu te souviens, c'est ce que tu m'avais dit à propos du piercing.

Pourquoi on n'a jamais su que c'était aussi grave, pourquoi on a négligé ce qui paraissait accessoire. J'étais confiante en janvier, tu étais prise en charge, on allait te soigner, on pourrait bientôt considérer ça comme un épisode difficile et tu vivrais encore vingt ou trente ans. Ce midi l'hypothèse aussi que tu ne nous a pas tout dit. C'est vrai ? Tu nous a menti ? Est-ce que tu as menti à Papa ?
Ta maman est en état de choc il paraît.
Ton papa est mort en mars je crois mais je ne sais plus quel jour. Bien avant nous, c'était dans ta vie d'avant, ta "vraie" vie comme dit papa en riant.
Tu sais que tes neveux sont bouleversés ? Même que Grégoire s'est mouché dans son T-shirt, sans vouloir cafter.
On a le moral et la conscience qui font du yoyo. Hier soir j'ai pensé que je devrais te chanter quelque chose à l'hôpital. Camille arrive mieux que moi à te parler.
Je ferai le compte plus tard de comment ce sera si vraiment tu meurs, même si j'ai des flashs de temps en temps, déjà j'y pense, je pense que quand je rentrerai de tel concert je ne pourrai peut-être pas te le raconter ; alors que je t'ai raconté que j'avais pris une place.
On se voit pleurer dans le métro, le bus, au milieu du restaurant, d'une répétition, d'un cours, et les gens à côté de nous ont l'air de penser que c'est normal, ça aussi c'est mauvais signe. Et puis on fait des phrases "pendant ces heures terribles", "entre la vie et la mort"... Tu sais que tu m'empêches de suivre ce qui se passe au Japon, en Lybie et qui, c'est ce qui m'est très étonnant, continue.
Mais toute cette histoire ne paraît toujours pas possible, pas réelle, dégueulasse surtout. Tu as encore tellement de choses à faire, tellement de choses à vivre, et tant de gens pour lesquels tu comptes.
Je n'ai de réel que cette vision de toi endormie dans ce lit de réanimation, la bouche ouverte pour les tubes, avec les dents du haut en suspens.
Mais quelle drôle d'idée, ma petite maman chérie que j'aime, quelle idée, cet arrêt cardiaque.



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Dimanche 6 mars 2011 à 23:18

Parfois - souvent - je cherche, tout à fait consciemment, à faire rire mon psy (ouais de temps en temps je dis mon-psy, ça fait lectrice de ELLE à qui tout appartient et qui a tout ce qu'il faut pour vivre à fond le monde moderne) ; par la manière ou la tournure ou le vocabulaire ou juste la mimique appliqué(e) à ce que je raconte. Parce que par les sujets c'est limité, je viens surtout pour me plaindre hein. Mais enfin j'aime bien, faire rire, c'est très important pour moi.

Et effectivement, il rit, ou tout comme.

Alors là alternative : soit je le fais vraiment rire. Et donc je l'aime bien, parce qu'il rit à mes blagues pourries, et c'est un sacré critère de sympathie.
Soit il SAIT qu'il doit rire à mes blagues pourries. Et ça, c'est-y quand même pas le nec plus ultra de l'intelligence clinique, des fois ?!

Bref, je le garde :D
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