Ce soir j'ai probablement pour la première fois, depuis 2005 que je le parcours, marché tout ce long couloir sombre et un peu glauque de chambres de bonnes sans la lumière. Avec les bruits de la pluie sur les deux vasistas et contre les murs. Ce couloir de chambres vides et de greniers, avec des portes entrouvertes ou fermées à double tour. Le couloir vers les toilettes condamnées sur la gauche, le lavabo qui goutte, sans la lumière.
Les minuscules traits de lumière des interrupteurs à ma droite, ne pas se laisser tenter. Je peux le faire, la tête rentrée dans les épaules, le dos un peu voûté, la peur du noir qui est derrière moi, de ce qui pourrait en sortir.
Je parcours ce couloir à toutes les heures du jour et de la nuit, pieds nus, puis je descends les 36 marches des deux étages de l'escalier de service pour atteindre la porte de la cuisine.
J'y marche à minuit, à 2h, 5h du matin, mais avec la lumière, toujours.
Il est vide.
On ne sait jamais si les portes sont ouvertes ou pas.
La mienne est tout au fond, à l'opposé du décrochement du couloir.
La fenêtre loin en face de moi, qui diffuse une clarté bleue ou grise, sombre, avancer, continuer, avoir l'impression que cette traversée en luttant contre moi-même est hautement symbolique, qu'il va en sortir quelque chose.
Je laisse mes yeux se brouiller à regarder leur sapin clignoter.
J'étais furieuse tout à l'heure. Je ne maudis jamais plus mon niveau de piano que dans ces moments-là. Je voudrais faire plus de bruit, beaucoup plus de bruit. Je joue lentement, ça permet d'ajuster le tir. Je me suis fait mal à l'auriculaire droit.
J'ai parlé par monosyllabes quand il est rentré.
Ca va pas ? Ah bon.
Oui j'ai lu ton mail avait-il dit sur le quai du métro quand j'étais déjà au bord des larmes.
Si ce mail ne peut pas le faire réagir je ne sais pas ce que.
Je ne devrais pas être là. Je ne veux plus être là.
J'ai passé deux semaines avec une petite bouteille de liquide lentille dans mon sac, au cas où, pour chez le gars qui en avait cherché exprès pour que je puisse rester. Pour la prochaine fois.
Pour rien.
J'ai l'impression que ce fait va résumer ma vie.
Vu dans leurs étagères les Lettres d'amour d'un soldat de vingt ans.
Je n'ai pas écrit de telles lettres. Et je n'en ai pas reçu.
Je ne voudrais pas avoir une vie médiocre.
J'attends des réponses.
C'est très à la mode de ne pas me répondre, le dernier cri, je vous le conseille, c'est le truc dans le vent.
Aucun d'entre eux.
Par la fenêtre. On avait envie de passer ta soeur par la fenêtre.
Elle me l'a dit spontanément, et j'ai ressenti un soulagement immense, l'impression d'être tirée de quelque part où je m'enfonçais, j'avais peur d'être folle et je ne m'en étais pas rendu compte.
Paranoïaque.
Mais je ne sais pas ce que je veux maintenant, je veux que tout le monde me le dise, qu'on le crie sur les toits, qu'on l'écrive partout sur les murs, qu'on le lui fasse avaler à chaque repas.
"il ne faut pas enfermer les gens dans leur passé" me dit-il.
J'entends ça, mais j'en pleure, oui mais, elle n'est certainement pas enfermé, elle ne le connaît même pas ce passé, et pourquoi j'en pleure ? Pourquoi moi est-ce que j'y suis enfermée ? POURQUOI ?
Qu'est-ce que je voudrais ?
Je réfléchissais à un cadeau pour mon père, et puis je me dis que peut-être je ne devrais rien lui offrir.
Les minuscules traits de lumière des interrupteurs à ma droite, ne pas se laisser tenter. Je peux le faire, la tête rentrée dans les épaules, le dos un peu voûté, la peur du noir qui est derrière moi, de ce qui pourrait en sortir.
Je parcours ce couloir à toutes les heures du jour et de la nuit, pieds nus, puis je descends les 36 marches des deux étages de l'escalier de service pour atteindre la porte de la cuisine.
J'y marche à minuit, à 2h, 5h du matin, mais avec la lumière, toujours.
Il est vide.
On ne sait jamais si les portes sont ouvertes ou pas.
La mienne est tout au fond, à l'opposé du décrochement du couloir.
La fenêtre loin en face de moi, qui diffuse une clarté bleue ou grise, sombre, avancer, continuer, avoir l'impression que cette traversée en luttant contre moi-même est hautement symbolique, qu'il va en sortir quelque chose.
Je laisse mes yeux se brouiller à regarder leur sapin clignoter.
J'étais furieuse tout à l'heure. Je ne maudis jamais plus mon niveau de piano que dans ces moments-là. Je voudrais faire plus de bruit, beaucoup plus de bruit. Je joue lentement, ça permet d'ajuster le tir. Je me suis fait mal à l'auriculaire droit.
J'ai parlé par monosyllabes quand il est rentré.
Ca va pas ? Ah bon.
Oui j'ai lu ton mail avait-il dit sur le quai du métro quand j'étais déjà au bord des larmes.
Si ce mail ne peut pas le faire réagir je ne sais pas ce que.
Je ne devrais pas être là. Je ne veux plus être là.
J'ai passé deux semaines avec une petite bouteille de liquide lentille dans mon sac, au cas où, pour chez le gars qui en avait cherché exprès pour que je puisse rester. Pour la prochaine fois.
Pour rien.
J'ai l'impression que ce fait va résumer ma vie.
Vu dans leurs étagères les Lettres d'amour d'un soldat de vingt ans.
Je n'ai pas écrit de telles lettres. Et je n'en ai pas reçu.
Je ne voudrais pas avoir une vie médiocre.
J'attends des réponses.
C'est très à la mode de ne pas me répondre, le dernier cri, je vous le conseille, c'est le truc dans le vent.
Aucun d'entre eux.
Par la fenêtre. On avait envie de passer ta soeur par la fenêtre.
Elle me l'a dit spontanément, et j'ai ressenti un soulagement immense, l'impression d'être tirée de quelque part où je m'enfonçais, j'avais peur d'être folle et je ne m'en étais pas rendu compte.
Paranoïaque.
Mais je ne sais pas ce que je veux maintenant, je veux que tout le monde me le dise, qu'on le crie sur les toits, qu'on l'écrive partout sur les murs, qu'on le lui fasse avaler à chaque repas.
"il ne faut pas enfermer les gens dans leur passé" me dit-il.
J'entends ça, mais j'en pleure, oui mais, elle n'est certainement pas enfermé, elle ne le connaît même pas ce passé, et pourquoi j'en pleure ? Pourquoi moi est-ce que j'y suis enfermée ? POURQUOI ?
Qu'est-ce que je voudrais ?
Je réfléchissais à un cadeau pour mon père, et puis je me dis que peut-être je ne devrais rien lui offrir.
Faut-il traiter les gens comme on aimerait qu'ils vous traitent ou comme ils veulent être traités ?
Et mon cousin qui s'y met : mouais je suis pas trop Noël, ça me rend grognon, pourquoi on devrait se faire des cadeaux.
Oh non eh, tu vas pas suivre !!! C'est pas parce que c'est le seul exemple masculin que tu as sous la main qu'il faut le suivre. Ton oncle est un con, certains jours.
Et j'ai une copine qui me fait des raisonnements pareils.
Bande de cons.
C'est bien parce qu'il ne vous manque personne.
"La vie n'est qu'une longue perte de ceux qu'on aime" me dit Gérard Depardieu dans L'homme qui rit.
Et les gens qui continuent de se rouler des pelles dans les escaliers du métro.
Toutes des pétasses.
J'ai demandé le dossier médical de ma naissance. Juste pour vérifier.
Je ne rentrerai pas dormir.
Tiens maintenant je mets des lignes vides partout. Avant je faisais des gros pâtés bien serrés.
ma cousine se marie. elle m'a dit ça tellement soudainement hier, au téléphone, dans la nuit entre deux métros, une audition, j'ai du mal à enregistrer l'information. je ne connais pas le bonhomme, peu entendu parler de lui. rêvé plutôt positivement, mais je suis inquiète pour elle, je crois.
et lui, le dernier, lui non plus n'a pas répondu.
propose de venir "la semaine prochain". laquelle prochaine ai-je demandé.
rien.
et le pire c'est quand maintenant je sais faire. me désintéresser, attendre une réponse qui pourra me faire partir d'un côté ou d'un autre. pfft. sans états d'âmes.
j'ai peur d'être déjà morte.
ils ne veulent pas, ils ont peur de devenir comme lui me dit ma collègue à propos de ses fils et de leur père mourant.
moi aussi je ne veux pas. et j'ai peur que ce soit déjà trop tard.
comment ça se peut que je comprenne mes deux parents et que je sois malheureuse dans les deux configurations.
Et j'ai une copine qui me fait des raisonnements pareils.
Bande de cons.
C'est bien parce qu'il ne vous manque personne.
"La vie n'est qu'une longue perte de ceux qu'on aime" me dit Gérard Depardieu dans L'homme qui rit.
Et les gens qui continuent de se rouler des pelles dans les escaliers du métro.
Toutes des pétasses.
J'ai demandé le dossier médical de ma naissance. Juste pour vérifier.
Je ne rentrerai pas dormir.
Tiens maintenant je mets des lignes vides partout. Avant je faisais des gros pâtés bien serrés.
ma cousine se marie. elle m'a dit ça tellement soudainement hier, au téléphone, dans la nuit entre deux métros, une audition, j'ai du mal à enregistrer l'information. je ne connais pas le bonhomme, peu entendu parler de lui. rêvé plutôt positivement, mais je suis inquiète pour elle, je crois.
et lui, le dernier, lui non plus n'a pas répondu.
propose de venir "la semaine prochain". laquelle prochaine ai-je demandé.
rien.
et le pire c'est quand maintenant je sais faire. me désintéresser, attendre une réponse qui pourra me faire partir d'un côté ou d'un autre. pfft. sans états d'âmes.
j'ai peur d'être déjà morte.
ils ne veulent pas, ils ont peur de devenir comme lui me dit ma collègue à propos de ses fils et de leur père mourant.
moi aussi je ne veux pas. et j'ai peur que ce soit déjà trop tard.
comment ça se peut que je comprenne mes deux parents et que je sois malheureuse dans les deux configurations.
Le première fois, je crois, que je lis sur ton blog. Bonne suite...