On a monté en même temps l'escalier de la sortie de métro, à Bercy, elle était à ma gauche je crois, 45 ans environ, un léger hâle, j'ai pensé qu'elle était des Antilles ou peut-être juste du Portugal, quelque chose dans son visage. Mince dans un long manteau beige chaud et on s'est retrouvées au même passage piéton, après un virage à angle droit.
On est plusieurs à attendre, dont un grand monsieur de bel allure, façon Villepin, la cinquante ou la soixantaine fière et la mèche blanche au vent, col du pardessus noir relevé, gansé de pourpre.
Trou de voiture, je passe la première moitié et attends sur l'îlot central, quatre mètres plus loin.
Derrière moi la conversation s'engage.
- Bonjour ma belle. Je peux vous appeler ma belle ?
Je n'entends pas la réponse.
Avant de comprendre que je n'entends pas de réponse. Qu'il n'y a pas de réponse, qu'elle est en train de balbutier, de chercher ses mots, de trouver quoi répondre à ça, parce qu'en fait non elle ne connaît pas ce monsieur contrairement à ce que j'ai pu croire il y a une seconde lorsqu'il a parlé.
J'ai tourné mon visage pour jeter un coup d'œil, discrètement.
Après le balbutiement le silence.
Et l'homme apparaît à ma droite. Puis passe avant moi, avant le vert la seconde partie du passage piéton et avance à grands pas vers le Ministère.
J'attends finalement sagement le feu, traverse, et remonte sans me presser dans la même direction, qui est la mienne.
Je vais presque lentement parce que je pense qu'elle m'a vue. Qu'elle a vu que j'avais vu, et qu'elle a peut-être envie de me parler, comme ça.
Oui. Je l'ai à peine vue venir, elle n'a même pas attendu d'être vraiment à ma hauteur pour commencer à parler, non mais vous avez vu, quelqu'un que je connais à peine, par un collègue, que j'ai vu une fois, et il me dit ça. J'ai 50 ans me dit-elle, je n'ai pas envie d'être traitée comme ça.
Cette scène a eu lieu il y a des mois, je ne garantis plus le mot par mot mais l'idée est là.
Que pouvais-je répondre dit-elle. Mon vieux ? Mon beau ? On suggère des choses, ça finit en rires, et on se sépare au pied de l'escalier du Ministère.
Et je suis contente d'avoir été là, d'avoir suivi la scène et qu'on ait pu parler, et qu'on ait pu se moquer de lui ensemble, qu'elle ne porte pas cette apostrophe grotesque et agressive sur les épaules toute la journée pour tenter de la raconter le soir à quelqu'un qui n'était pas là et qui ne saura pas forcément comment réagir.
On est plusieurs à attendre, dont un grand monsieur de bel allure, façon Villepin, la cinquante ou la soixantaine fière et la mèche blanche au vent, col du pardessus noir relevé, gansé de pourpre.
Trou de voiture, je passe la première moitié et attends sur l'îlot central, quatre mètres plus loin.
Derrière moi la conversation s'engage.
- Bonjour ma belle. Je peux vous appeler ma belle ?
Je n'entends pas la réponse.
Avant de comprendre que je n'entends pas de réponse. Qu'il n'y a pas de réponse, qu'elle est en train de balbutier, de chercher ses mots, de trouver quoi répondre à ça, parce qu'en fait non elle ne connaît pas ce monsieur contrairement à ce que j'ai pu croire il y a une seconde lorsqu'il a parlé.
J'ai tourné mon visage pour jeter un coup d'œil, discrètement.
Après le balbutiement le silence.
Et l'homme apparaît à ma droite. Puis passe avant moi, avant le vert la seconde partie du passage piéton et avance à grands pas vers le Ministère.
J'attends finalement sagement le feu, traverse, et remonte sans me presser dans la même direction, qui est la mienne.
Je vais presque lentement parce que je pense qu'elle m'a vue. Qu'elle a vu que j'avais vu, et qu'elle a peut-être envie de me parler, comme ça.
Oui. Je l'ai à peine vue venir, elle n'a même pas attendu d'être vraiment à ma hauteur pour commencer à parler, non mais vous avez vu, quelqu'un que je connais à peine, par un collègue, que j'ai vu une fois, et il me dit ça. J'ai 50 ans me dit-elle, je n'ai pas envie d'être traitée comme ça.
Cette scène a eu lieu il y a des mois, je ne garantis plus le mot par mot mais l'idée est là.
Que pouvais-je répondre dit-elle. Mon vieux ? Mon beau ? On suggère des choses, ça finit en rires, et on se sépare au pied de l'escalier du Ministère.
Et je suis contente d'avoir été là, d'avoir suivi la scène et qu'on ait pu parler, et qu'on ait pu se moquer de lui ensemble, qu'elle ne porte pas cette apostrophe grotesque et agressive sur les épaules toute la journée pour tenter de la raconter le soir à quelqu'un qui n'était pas là et qui ne saura pas forcément comment réagir.
Amusante, cette anecdote "fait vécu" ! A savoir s'il fait çà tous les matins ou soirs, aux feux rouges... Ce n'est pas de la "drague", mais de la pêche à la ligne : la saison est ouverte, avec celle de la chasse !