I knew it.
J'avais même essayé de l'expliquer, au début, à copain malheureusement plus fan d'informatique que de musique qui me vantait les mérites du MP3 : "mais, si comme tu me l'expliques, tout le génie du truc est qu'il tient moins de place, et que pour ce faire on coupe des bouts à l'intérieur, alors ces bouts, ils manquent !".
Mais non m'avait-il dit.
Quand même, j'étais restée perplexe.
Avec un gros bon sens de base je me disais bien que si on enlevait des choses, c'était plus pareil.
J'utilise mon lecteur mp3 par périodes. Et par moment je ne le supporte pas bien. Il y a des jours où l'idée de m'infliger cette pâle copie de ce qu'est un son, phénomène normalement éminemment physique, est insupportable.
J'ai donc été triomphante et relativement soulagée de découvrir dans le Monde2 n°237, du 30 août, un article intitulé "le mp3 mutile le son et l'audition."
> "le format musical numérique favori d'internet représente un bien étrange progrès puisque ces qualités sonores sont inférieures, quoi qu'en pensent les inconditionnels, à celles du bon vieux CD. Et pour ne rien arranger, le mp3, couplé à d'autres manipulations phoniques à la mode, rend sourd."
Paf.
L'article rappelle que tous les débats qui ont pu avoir lieu sur ce format "ne se sont focalisés que sur les problèmes juridiques [qu'il] soulève." Droit d'auteur et piratage par exemple. On en a oublié les aspects sanitaires, techniques, et surtout même celui de la qualité musicale !
En fait, le principal (et seul ?) atout du mp3, c'est que c'est "pratique".
"Avant [...] le culte de la hi-fi et du "beau son" [...] supposait l'acquisition d'un matériel souvent volumineux et les sacrifices financiers qui allaient avec [...] avec cette illusion naïve et belle de toucher à la meilleure reproduction sonore possible."
(bon je voulais faire un truc intelligent, mais je vais surtout citer/reformuler l'article pour faire un peu plus court, mais allez le lire en entier !)
Eh oui, "l'écoute était une activité noble à laquelle on sacrifiait du temps. Aujourd'hui s'installe une "écoute nomade" de la musique", car grâce à sa capacité de stockage, le mp3 permet une chose nouvelle - et qui semble être son but - "l'accumulation furtive, c'est-à-dire la capacité à posséder toujours plus de musique mais à en profiter toujours moins, puisque désormais le temps de l'écoute se superpose à d'autres occupations."
Et c'est maintenant qu'on comprend mieux :
"Le mp3 est juste un format d'encodage des données audio permettant de diviser par dix le poids d'un fichier informatique. Ainsi dématérialisée, la musique peut plus vite d'ordinateur à fichier à baladeur numérique. Mais au prix d'une mutilation indiscutable du signal d'origine et d'une perte de qualité drastique. C'est ce qu'explique Lionel Risler, l'un des ingénieurs du son les plus respectés pour son travail d'orfèvre en matière de restauration d'anciens enregistrements : "Dans le cas du mp3, on choisit arbitrairement d'enlever du signal tout ce qui est constitué comme superflu. Mais sur des critères très discutables. On réduit les informations pour gagner de la place de stockage."
Cette compression des données, qui a aussi ses partisans, s'ajoute à un autre traitement du son, pratique depuis bien longtemps dans les musiques populaires : la compression dynamique. Schématiquement, la compression dynamique consiste à relever les niveaux faibles et à abaisser les niveaux forts, bref à gommer les contrastes qui donnent tout son relief à la musique. L'intérêt ? Réduire le volume d'informations, en vue d'un stockage ou d'une diffusion sur une bande passante limitée - radio ou Internet par exemple -, tout en induisant une sensation de puissance sonore, partiellement artificielle."
S'ensuit un certain nombre de considérations acoustiques d'où il ressort que ces manipulations nous poussent à écouter plus fort pour retrouver des contrastes, et ça c'est pas bien pour les oreilles. Et ne croyez pas que ça se sache tant que ça, Melle Moi donnait l'année dernière des cours de phonétique dans lesquels elle a expliqué le fonctionnement de l'oreille externe/moyenne/interne ; et ses étudiants ont compris ce jour-là (enfin on espère) que non, la musique trop forte qui abîme irrémédiablement les cellules cilliées de l'oreille interne, ce n'est pas une légende urbaine inventée par les parents !! (sic).
Pour faire mes études tout près de ces sphères-là je vous le dis : audio-prothésiste est un métier d'avenir !
Petit exemple tiré du même article résultant d'études et de "mesures sur l'évolution de la compression dynamique en trente ans. le résultat est édifiant : le morceau Rock and Roll de Led Zeppelin, perçu au début des années 1970 comme l'une des choses les plus violentes jamais enregistrées, n'est que faiblement compressé en comparaison de... Quelqu'un m'a dit, premier tube de Carla Bruni."
Alors, pour sauver la musique, amas de sons réellement et physiquement produits qui répond aux lois de l'acoustique, n'utilisez votre mp3 que comme un baladeur, et pas trop fort !
(ceci dit, c'est vrai qu'on se met à faire des prothèse auditives design :o)
Pour appréciez les qualités d'un morceau, trouvez un autre moyen.
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