Mercredi 29 septembre 2010 à 16:14

Commencer une nouvelle chorale, m'avouer que je ne suis pas enchantée par la tranche d'âge de la plupart de mes co-choristes, ni par le programme... Plaisir certes de faire du grand répertoire mais bon sans plus, encore une fois au(x) concert(s) je ne vais pas assumer de faire un truc aussi classique, aussi vieillot. J'aurais quand même dû retenir ça de ma dernière expérience de renfort de choeur en juin.
Une autre chorale serait possible, j'ai bien une idée qui me plairait (beaucoup) mieux, rien que sur les deux critères là-haut, mais ça fait deux rentrées que finalement je ne me bouge pas, pour me renseigner sur les conditions, l'audition le cas échéant...  Je me dis  que je n'ai pas le niveau sûrement, alors que ce serait peut-être possible, et tellement bien, mais je ne vais même pas vérifier...

Il faut que je fasse un mémoire encore, la responsable me parle des sujets en cours, des sujets possibles. J'en choisis un qui pourquoi pas, est intéressant, je ne vais pas faire ma difficile, mais qui pareil ne m'emballe pas. Trop proche, beaucoup trop proche de ce que je connais déjà, de la discipline dont je viens, alors que je voulais justement aller voir ailleurs ! (mais faut que ce soit cohérent avec ce que vous avez fait avant, et puis avec l'intitulé du master, dit-elle. Mais j'ai JAMAIS demandé à avoir une vie cohérente moi oh). Et je ne me défends même pas. A priori, là, je vais accepter ce truc.
Pasque bon, quand même, je ne vais pas aller faire des démarches et réclamer (et risquer d'obtenir ! damned), ce que je veux et ce dont j'ai envie ? Ca va pas la tête. C'est péché, c'est enfer et c'est damnation (sorry, ces choses-là sont expliquées dans un billet qui est dans ma tête et qu'il faut que j'écrive, bientôt bientôt). En plus, si ça marchait, ça serait très mauvais pour mes divers syndromes de l'imposteur.

Un peu comme le contact que j'ai dans un service néo-nat, ouvrant vers un monde qui m'intéresserait terriblement, vraiment vraiment. J'avais appelé il y a deux ans pour un stage mais l'hôpital était en plein travaux, c'était trop compliqué. Et depuis je n'ai jamais rappelé. De toute l'année dernière, et là depuis plus de dix jours, matin et après-midi, je me dis que, il faut, et je n'appelle pas. 
Pourquoi ? Parce que ça pourrait se faire, et puis s'arrêter, et je perdrais alors ce petit rêve que j'ai ? Parce qu'on me répondrait enfin clairement que non ça ne va pas être possible, ou bien que bon on veut bien te montrer une heure ou deux et puis c'est fini ? Mais ça pourrait marcher aussi non ?


- Troubles du comportement alimentaire, check
- Petite déprime sans objet, check
- Insomnies, atonie check
- Provocation gratuite, check
- Mauvaise humeur, check

Qui a dit que j'étais sortie de l'adolescence ?

Lundi 20 septembre 2010 à 23:39

Les ampoules cicatrisent peu à peu, les égratignures ont presque disparu, je n'ai pas eu tellement de courbatures, l'étrange bleu sous l'ongle de l'orteil mettra bien plus longtemps à partir. J'ai enfin complètement rangé les affaires sorties du sac qui traînaient au milieu de la chambre, pour faire durer le sentiment d'y être encore, en ayant sous les yeux ces quelques choses qui ont représenté toutes mes possessions pendant ces cinq jours. On doit faire très attention à ce qu'on met dans le sac pour pouvoir ensuite le porter toute la journée sur les chemins brûlants d'Espagne. Le strict minimum. Et on met longtemps aussi à apprendre ce que ça signifie, le strict minimum.
Alors ces quelques objets et ces quelques vêtements sont tous les jours sortis et représentent le voyage.
J'ai peu à peu remis d'autres habits, une fois rentrée.
C'est passé presque vite finalement, presque bien, à part les tous premiers jours du retour, la tête qui tourne en me demandant ce que j'ai fait, ce que je viens de faire, ce qui m'a pris de rester bloquée à mon programme, à ce que j'avais décidé au départ.
Une conversation qui part toute seule, interrompue pour ne pas gêner les voisins de dortoir. Un café partagé et quelques choses qui indiquent qu'on va faire un petit bout de chemin ensemble, au sens propre, ce matin. "Départ accompagnée" ai-je noté dans mon carnet à trous. Ce matin, ou plus finalement. L'inattendu et l'évidence.
Des pas et des pas, des montées, des descentes, du plat et des cailloux, du soleil, trop, pas d'ombre ou presque, l'étourdissement, de l'eau tiède, de l'eau froide qui jaillit en fontaines ou en gouttes et nous caresse la tête, des villages, des églises et des distributeurs de coca, refaire le monde, le parcourir un peu, millimètre par millimètre ici quand l'effort est trop dur. Sueur salée qui coule sur mes lèvres. Doigts gonflés par la chaleur je déteste ça, gorge nouée, respiration courte, le poids et la chaleur humide du sac dont les bretelles me blessent les épaules et les bras.
Et puis les jours d'après, quand on ne se lève plus pour marcher et se présenter confiant à ce nouveau jour. Après quand il faut construire soi-même ce jour qui paraît mièvre. Mais c'est passé presque vite. En suspens.

Et je range d'anciens carnets que j'avais oubliés et je relis. 2005... Et je comprends que je ne suis pas du tout sûre d'avoir droit à ça, et que je ne me sens pas armée pour savoir ce que je peux attendre. J'ai encore un peu peur de ce que j'ai dans la tête, dans les deux sens. Tenir sur le fil. Espérer, attendre, et se réjouir quand même.

Vendredi 17 septembre 2010 à 0:54

J'ai commencé plein de rangements dans ma chambre, acheté même pour les anciens cours d'ortho dont les piles n'avaient pas bougé depuis un an des classeurs et des pochettes, j'ai jeté des fascicules, des brochures, je tente de trier aussi des documents dans l'ordinateur, et puis je commence à taper dans d'autres choses.
Comme par exemple ce pot de vernis à ongles qui traîne sur une étagère. Vérifions. Sec, complètement pâteux, inutilisable.
Pfff vraiment, ça vaut rien, alors que je m'en suis servi la dernière fois il y a à peine euh, voyons euh, deux ans et demi quoi.
Pour la soirée du 31 décembre 2007, absolument, j'avais poussé la perfection jusqu'à me faire les ongles, rouge foncé, ça rendait très bien.
Comme ça m'arrive à peu près tous les trois ans, j'avais voulu faire durer cette petite touche colorée, quitte à repasser discrètement sur les écailles. Et je me souviens que cet effort de féminitude n'était pas passé inaperçu.

Au Paris-Carnet de
janvier 2008 déjà, ça l'avait tellement marqué que Palpatine en avait discrètement parlé dans son compte-rendu. Mais on sait bien qu'il a le souci du détail.

Quelques jours plus tard en baby-sitting, Augustin, huit mois, est à plat ventre en turbulette sur le tapis du salon. Il se soulève sur les bras et regarde avec intérêt la main que j'agite devant lui, ainsi font font font. Il tend le bras pour attraper ces doigts qui gigotent, les regarder de plus près, il s'arrête sur la couche rouge et lisse de l'ongle, en porte un à la bouche et tente de mordre dedans pour voir un peu.

Un mardi matin de ce début janvier, dans le service de neuro-gériatrie où je suis en stage, je suis devant Mme D. Elle a 90 ans, une aphasie de Broca carabinée, elle ne peut donc rien dire, on essaye d'évaluer ce qu'elle peut comprendre, elle a une dissociation automatico-volontaire, une hémiplégie droite, elle n'a pas l'air très bien installée dans son fauteuil, elle a sûrement mal partout, la bouche sèche, et je dois absolument essayer de commencer à lui faire (re)produire des sons, première étape de mon boulot. Alors on compte, enfin je compte, j'ai la voix encourageante, je sens qu'elle veut bien s'appliquer mais qu'elle doute franchement du résultat, moi je veux y croire, je lui prends la main pour marteler les chiffres. Et alors je sens qu'elle détourne son regard de mon visage, elle retourne délicatement ma main, ouvre les doigts et dégage mes ongles qui étaient cachés dans sa paume, avec une ombre de sourire.

Lundi 13 septembre 2010 à 23:55

C'est la rentrée, c'est le jour de la rentrée, jeudi 2 septembre, 16h30, foule devant l'école. Les babysitters et les nounous arrivent de la crèche, avec la poussette, on entre dans la maternelle, en ressortant les grands du collège ont envahi le trottoir, premiers conseils de guerre à la sortie du premier jour. Les enfants du primaire passent la tête et se précipitent, nouveaux habits, nouveau cartable, marque des lunettes de soleil encore sur le nez. Beaucoup de parents sont là, se sont libérés quelques dizaines de minutes, quelques minutes parfois pour venir embrasser et demander et voir si ça s'est bien passé, double effectif donc autour de chaque enfant. Effervescence et foule, attente, sourires, espoirs, et les gens en costume et mallette qui sortent du métro et slaloment leur chemin.
On se dégage enfin et partons vers la maison. Les quatre mêmes. Les grandes ont des chemises neuves aux manches trop longues encore, qu'elles ont dû tenir à mettre aujourd'hui, il fait beau, on est encore en jupe comme en juin quand ça allait être la fin. Le dernier a grandi, il compte les marches de la crèche maintenant quand il les descend à pied (ce qui date de janvier dernier) : un, deux, trois, sept, douze, quatre...
Les filles je ne les ai pas vues depuis deux mois. CM1, CE1 et moyenne maternelle cette année. Et je m'entends poser la question qui tue (mais je vous assure qu'en fait on ne fait pas exprès, ça sort comme ça) : "Alors, c'était bien l'école aujourd'hui ?" Je m'en mords les lèvres, tente une autre formulation : "Qu'est-ce que tu as fait à l'école aujourd'hui ?" ou "Elle est gentille ta nouvelle maîtresse ?" Ouais allez tais-toi, laisse-les parler, ou ne pas. Le trajet, la porte, l'escalier avec la poussette, l'ascenseur, autant de moments vécus cent fois. Pas de devoirs ce soir, jeux qui ne dégénèrent pas, j'ai oublié mon bouquin, tellement rien à faire que je leur avance la moitié de la vaisselle. Se retrouver presque chez soi, avec ces enfants que je connais bien, chez ces gens avec qui je m'entends très bien.

Cette rentrée, les demandes de baby-sitting ont plu comme se vendent les petits pains (je ne trouvais pas d'expression à mon goût).
Je crois bien que c'est la première fois que je suis autant sollicitée si tôt en septembre voire fin août. Et c'est la première fois que ce sentiment de "un jour je vais arrêter" se fait clairement sentir. Non, je ne vais pas faire ça toute ma vie.
Et puis je deviens un peu grande peut-être, un peu trop, pour continuer ce petit job commencé parce que j'en avais le goût et que les occasions se présentaient.
Ces années d'expérience, huit ou neuf maintenant, et puis l'âge quand même, me mettent dans une position particulière dont je découvre seulement les côtés gênants. Il y a un couple chez qui je babysitte depuis près de deux ans je pense. Pas très souvent ni très régulièrement, une fille un garçon, trois ans et demi et un an en cette rentrée. Je sais que la maman a fêté ses quarante ans il y a quelques mois, le père je ne sais pas, disons entre trente-huit quarante-deux. Ce qui fait finalement d'eux les gens les plus "âgés" chez qui je travaille. Or ils ont des enfants petits. En fait ce sont des nouveaux parents.
Et c'est là que le rapport âge/expérience devient problématique. Ils ont quand même l'âge qu'ils ont et donc une certaine expérience de la vie, plus que moi, certes. Mais ils découvrent les détails et anecdotes de la vie de parents. Et du coup, dans les conseils ou histoires dont ils m'abreuvent, 85% sont loin (loin) d'être des scoops pour moi vieille routarde. Et je sens que je n'ai plus l'âge de m'émerveiller ou plus la naïveté des débuts de l'apprentissage. Certaines recommandations ou "trucs par eux récemment découverts"  commencent même à m'agacer. Et c'est là que je me dis que ce n'est pas la peine. Certes je ne suis pas parent. Je n'ai pas le 24/24, je n'ai pas le très long terme, je n'ai pas la fatigue, la vie entière autour avec eux au milieu, c'est différent. Mais j'ai quand même une expérience et des connaissances, et si au début ils ont eu l'air presque intimidés, maintenant je m'ennuie ferme. Et je sens qu'on n'a pas trouvé la bonne relation. Si je dis à leur retour "il a beaucoup pleuré", je ne parle pas comme quand j'avais 16 ans avec un air "je ne sais pas est-ce que c'est normal dites-moi", mais c'est comme ça qu'ils me répondent. Et j'ai envie de répéter : "écoute-moi, je te dis ça avec huit ans d'expérience, ton fils a beaucoup pleuré". Vous le connaissez mieux que moi, chaque famille a ses échelles d'évaluation et ses manières de s'exprimer, mais je te dis quand même quelque chose qui n'est pas une question cachée. Ou plutôt si. Le 31 août je les ai gardés la journée entière, en lui changeant sa couche j'ai cru voir quelque chose de nouveau : sur le thorax, une longue et fine cicatrice blanche, verticale, le long du sternum. 
Je n'y ai plus pensé le soir, la fois d'après je n'ai pas osé, mais la fois prochaine je vais demander. Ca par exemple, si l'explication n'est pas des plus simples (ce qui est toujours possible), c'est quelque chose que vous devez me dire.
Et puis il y a les autres choses qui m'agacent. Je suis leur seule et unique babysitter. Ils sortent si je suis libre. C'est gentil mais finalement un peu pesant. Au moment où ils ont mis les deux enfants dans la même chambre (oui ça se fait, non je ne vais pas vous dénoncer à la DDASS parce que vous mettez une soeur et un frère de 3 ans et 6 mois dans la même pièce de 10m²), ils ont commencé à envisager de déménager, dans le quinzième peut-être. Est-ce que vous... (est-ce que je connais des gens dans le 15ème ?), non, est-ce que je viendrais garder les enfants jusque là-bas !! (si si) Vous trouverez des jeunes filles de bonne famille dans ces quartiers pour vous garder vos gamins, ayez confiance. Ou alors vraiment, c'est que où va le monde.
Vendredi dernier au moment où je pars ils m'informent qu'ils rappelleront pour le mois prochain, on voudrait sortir un peu comme ça... (non mais vous faites ce que vous voulez oh, je vais pas retenir vos préoccupations à l'avance. C'est là aussi qu'il y a un rapport de faussé : je suis leur seule interlocutrice pour ce genre d'affaire, et eux sont très loin d'être mes seuls clients, déjà actuellement mais alors si on ajoute tous les couples chez qui j'ai pu passer...). Bon, ils ressortiront, c'est bien pour eux. Et je propose, pour simplifier, de donner un ou deux numéros d'amies intéressées. Pourquoi pas fait la maman, ah non ! j'aime mieux que ce soit vous dit le père.

Le premier truc qui m'est venu à l'esprit c'est dites donc, je vais pas garder vos enfants jusqu'à leur majorité, mais je me suis retenue, parce qu'on risquait effectivement de cesser toute collaboration séance tenante.

J'ai quand même été surprise, parce qu'en parlant d'autres babysitter à mettre à leur disposition j'avais déjà l'impression de faire une suggestion appuyée. Et je n'ai pas du tout réussi à répondre posément et à mettre en avant mon point de vue.
Depuis je ressasse l'histoire avec la situation entière, du coup vous y avez droit aussi.
Et maintenant je vais chercher la manière de me faire comprendre sans être vexatoire ou blessante.

Mais vraiment, un conseil : nouveaux parents, prenez un petit jeune pour garder vos gosses. Vous le formerez à votre goût, et il daubera pas sur vous comme je fais là (je vous jure je fais pas ça d'habitude !! :D), quant à moi, je vais déjà arrêter de prendre des nouveaux gens, avec l'impression de repartir en arrière à chaque fois et de vivre dans un monde où les enfants ne grandissent pas.
Eh bien je préfère les voir grandir, et avoir la suite de leurs aventures.

Lundi 6 septembre 2010 à 23:11

Bon, pour contrebalancer la très jolie du billet précédent :
Je me suis longtemps demandé si l'arroi de la féminité était imposé aux femmes par les hommes, ou adopté par les femmes parce que tel était leur plaisir et leur instinct. Par "arroi", j'entends le parfum, le maquillage, la coiffure, la toilette, et jusqu'aux chaussures à hauts talons, paroxysme d'inconfort et de laideur.

J'ai été consternée. Mais mes parents pas, ce qui m'a amenée à découvrir qu'on peut être encore plus consterné que consterné. Surtout venant de ma maman, incarnation de la féminité telle que décrite ci-dessus dans tous ses attributs jusqu'au bout des ongles (ahah, voix lourde d'ironie moqueuse, rire jaune et humour noir aux dents). Mais euh, du coup, ça ne t'amène pas à reconsidérer ton appartenance au genre féminin non ? C'était méchant, je ne l'ai pas dit.

Pasque voyons c'est bien connu, les femmes ont un instinct génétiquement conçu pour vouloir se peinturlurer la face.

Allez, on relit Albert Jacquard pour se rassurer :
puisque tout enfant, quel que soit son sexe, a un père et une mère, les gènes ont nécessairement la même fréquence dans les deux sexes.
Créer un podcast