Dimanche 19 décembre 2010 à 22:53

J'ai mal encore au dos de la main gauche. J'ai griffé à droite aussi mais juste une fois, beaucoup moins, et ça ne me gêne pas trop. A gauche il y en a partout, dans tous les sens, de toutes les tailles et à tous les stades de cicatrisation. J'en refais de temps en temps, pour une raison ou pour une autre. J'ai pris un bain ce soir en espérant me détendre, mais les cicatrices piquent et brûlent dans l'eau chaude et après. J'ai mal quand je plie le poignet, dans un sens ou dans l'autre. Je ne sais pas comment j'ai réussi à ramer hier ; il faut dire qu'il faisait tellement froid... J'ai mal dès que je mets ou enlève mes gants, même si le gauche je le garde le plus possible.
C'est les gars de l'aviron finalement qui ont le plus remarqué. Ou demandé. A la fac pas trop. Ma tante a été beaucoup moins "judgmental" que j'aurais cru, en babysitt juste à l'évocation, sans voir, certains ont été très compréhensifs, pas choqués. Mais au club déjà la semaine dernière ils avaient demandé pourquoi le bandage sur ma main gauche, j'avais détourné la question, et un peu plus tard je le refaisais et ils ont vu, et ils ont insisté un peu plus, n'ont pas compris tout de suite, peut-être pas compris du tout. Cette semaine un autre me demande encore pour la bande, je dis que c'est moi, que je me suis griffé, avec quoi ? ma main droite. Il m'a prise par l'épaule et tourné ça en dérision un peu, c'était presque pire que l'incompréhension, je ne sais pas si c'était vraiment pour se moquer ou au contraire sa manière d'apporter un peu de soutien et de dire qu'il avait entendu.
Le soir au dîner de Noël je n'ai pas mis le bandage, me demandant finalement si ça n'attirerait pas moins l'attention ainsi. Mais non en fait, et d'autres ont demandé, et j'ai bafouillé un truc genre "c'est personnel". Je crois que ça voulait dire c'est entre moi et moi, ou ne vous inquiétez pas, personne ne m'a battue ou agressée, c'est juste moi, volontairement.

Pourquoi ai-je refusé de le voir, en ce 9 décembre enneigé ? Par fierté, pour ne pas être à sa disposition...? Lui peut-être aurait su, connaît peut-être ça, aurait compris. Il aurait pris doucement ma main et su dire les bons mots. Ou pas.

Je voudrais à la fois qu'on ne me pose plus de questions et garder les marques, ça me fait quelque chose auquel porter attention. J'aurais dû les faire à un endroit moins exposé. Je teste la douleur qui diffuse dans la peau quand je passe le doigt dessus, je gratte en peu les croûtes pour les récupérer à l'ongle ou aux dents, et rien ne me plaît tant que de voir dessous une goutte rouge se former pour dire que c'était trop tôt, que la croûte va revenir encore.

Mais vous vous faites mal à vous, insiste le docteur-à-oreilles. Ben ça doit être pour me punir de m'effondrer pour de telles broutilles.

Mon père en parle tranquillement à la ronde en appelant ça mes auto-mutilations sans avoir l'air de trouver ça anormal ou grave ou juste important.

Ce soir gros coup de mou, larmes faciles et chaudes, un peu subitement, probablement dû à l'oubli des petits bonbons du matin. Tentative de discussion, d'explications à mon papa après question directe de sa part - finalement. Mais je ne saurais dire ce qu'il a, et s'il a, compris.
Et, comme face à ma mère, je suis incapable de répondre à la question "qu'est-ce qu'on peut faire pour toi ? Dis-nous." Alors ils en restent là.

Mardi 7 décembre 2010 à 21:04

Gros sentiment d'échec. Bien sûr on peut dire qu'il s'agit seulement d'un nouveau palier difficile, mais je ne peux m'empêcher de penser que j'ai stagné, même pas évolué, ou bien tourné en rond, retour au point de départ. Petites pilules du matin re-bonjour.
Je m'étais dit que je ne pleurerais pas en allant chez elle, je l'aime bien ma médecin traitant, mais j'y suis allée pendant des années version madeleine humide et ruisselante, et mercredi j'ai failli réussir à ne pas. Et c'est sur le sujet que je croyais réglé, décortiqué, dépecé, admis, que ça s'est déchiré. J'étais en colère déjà, sur d'autres choses, et là les grandes eaux. 
Alors elle m'a reproposé les médicaments. 
J'ai fini par dire oui.
Je suis allée dans une autre pharmacie pour ne pas tomber sur le petit jeune qui me fait toujours des sourires gentils.

Et je les prends bien comme il faut.
On va dire que ça a officialisé le truc. Je ne sais pas pourquoi je suis dans cet état-là, je me dis qu'il n'y a pas de raison, que plein de gens vivent pire et n'en font pas un fromage pour autant, mais ce n'est peut-être pas la première question ici. Alors j'ai arrêté de répondre bêtement ouioui aux gens qui demandent comment ça va, j'ai quitté un cours jeudi après-midi (mon cours le plus intéressant de la semaine) parce que je n'en pouvais plus et que j'étais incapable de me concentrer, j'ai annulé ma participation aux concerts de dimanche et mardi avec ma deuxième chorale, qui imposait des répétitions vendredi et samedi soir - je n'ai toujours pas écrit pour m'expliquer/m'excuser - et j'ai dormi quasiment tout le week-end.
J'avais une place pour le Lac des Cygnes dimanche où j'ai lutté contre le sommeil pendant trois heures, je me couche tôt, je ne me lève pas plus tôt pour autant, je dors dans le salon parce qu'il fait 13° dans ma chambre et que j'ai des plaques eczémateuses qui sont apparues et ma médecin dit que c'est le froid, et puis comme ça je dors moins crispée. Je regarde ma maman gémir encore de douleur de temps en temps, en croisant les doigts pour que ça s'arrête après l'opération jeudi, ma main gauche est couverte de croutes et griffures que je bande de temps en temps pour ne pas faire peur aux gamins que je babysitte, mon père a commencé une phrase sur le sujet qui paraissait tellement désobligeante que je ne l'ai pas laissé finir mais à part ça il s'en fout. J'ai fait ça pour que ça se voit que ça ne va pas je crois, ai-je dit au docteur-à-oreilles.

Je dors et j'accuse le coup, je n'ai même pas vraiment préparé mon entretien de demain pour mon mémoire j'espère juste de toutes mes forces que ça va marcher. Je me demande ce qu'il faudra que je fasse après, pour les gens autour. Pour l'instant je m'en fous je suis trop fatiguée. Blessée aussi je crois, faut-il toujours recommencer.

Mercredi 1er décembre 2010 à 16:50

J'ai plusieurs maux de ventre en même temps, diffus, dont aucun n'arrive à un quelconque aboutissement. Comme un bruit de fond à thèmes.
J'ai mal au dos de la main gauche. Ca ne se voit pas autant que j'aurais cru cette nuit mais je ne pensais pas que ça me gênerait comme ça, en tirant la peau mal cicatrisée dès que je bouge le poignet. Je n'avais pas les ongles très longs. Je n'avais jamais fait ça je crois, pas tellement de souvenirs, c'est intéressant, lentement sans bruit on peut se concentrer sur la douleur physique millimètre par millimètre, le long du mouvement griffu, avec application, attention, ça bloque le reste dans le cerveau.
J'ai l'impression d'être toute coincée de partout et de préférer crever là que de bouger mes fesses. Des montagnes à soulever de tous les côtés. Et je me barricade plutôt que de risquer la douleur. Je me racrapote sur moi pour diminuer les risques, parce que j'ai déjà vu ça, j'ai déjà fait, et je sais que ça fait trop mal quand on va regarder dehors et qu'on tombe sur ce qu'on ne supporte finalement pas de savoir. J'ai tenté cette fois-ci de maintenir des fenêtres plus longtemps. Mais l'effet ne diminue pas. Et dans la situation opposée, la seule amie probablement avec qui j'ai un accord pour qu'on n'en parle pas, ce qui me permet d'être à peu près détendue et en sécurité, me rappelle soudain comme un reproche que ça existe quand même dans sa vie et que je rate des choses si je ne veux pas en entendre parler. Je suis coincée.
Ou alors j'inverse, pour elle j'accepte d'entendre et de souffrir et pour les autres je coupe tout.

Il paraît que je voudrais empêcher les autres de vivre.
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