J'ai mal encore au dos de la main gauche. J'ai griffé à droite aussi mais juste une fois, beaucoup moins, et ça ne me gêne pas trop. A gauche il y en a partout, dans tous les sens, de toutes les tailles et à tous les stades de cicatrisation. J'en refais de temps en temps, pour une raison ou pour une autre. J'ai pris un bain ce soir en espérant me détendre, mais les cicatrices piquent et brûlent dans l'eau chaude et après. J'ai mal quand je plie le poignet, dans un sens ou dans l'autre. Je ne sais pas comment j'ai réussi à ramer hier ; il faut dire qu'il faisait tellement froid... J'ai mal dès que je mets ou enlève mes gants, même si le gauche je le garde le plus possible.
C'est les gars de l'aviron finalement qui ont le plus remarqué. Ou demandé. A la fac pas trop. Ma tante a été beaucoup moins "judgmental" que j'aurais cru, en babysitt juste à l'évocation, sans voir, certains ont été très compréhensifs, pas choqués. Mais au club déjà la semaine dernière ils avaient demandé pourquoi le bandage sur ma main gauche, j'avais détourné la question, et un peu plus tard je le refaisais et ils ont vu, et ils ont insisté un peu plus, n'ont pas compris tout de suite, peut-être pas compris du tout. Cette semaine un autre me demande encore pour la bande, je dis que c'est moi, que je me suis griffé, avec quoi ? ma main droite. Il m'a prise par l'épaule et tourné ça en dérision un peu, c'était presque pire que l'incompréhension, je ne sais pas si c'était vraiment pour se moquer ou au contraire sa manière d'apporter un peu de soutien et de dire qu'il avait entendu.
Le soir au dîner de Noël je n'ai pas mis le bandage, me demandant finalement si ça n'attirerait pas moins l'attention ainsi. Mais non en fait, et d'autres ont demandé, et j'ai bafouillé un truc genre "c'est personnel". Je crois que ça voulait dire c'est entre moi et moi, ou ne vous inquiétez pas, personne ne m'a battue ou agressée, c'est juste moi, volontairement.
Pourquoi ai-je refusé de le voir, en ce 9 décembre enneigé ? Par fierté, pour ne pas être à sa disposition...? Lui peut-être aurait su, connaît peut-être ça, aurait compris. Il aurait pris doucement ma main et su dire les bons mots. Ou pas.
Je voudrais à la fois qu'on ne me pose plus de questions et garder les marques, ça me fait quelque chose auquel porter attention. J'aurais dû les faire à un endroit moins exposé. Je teste la douleur qui diffuse dans la peau quand je passe le doigt dessus, je gratte en peu les croûtes pour les récupérer à l'ongle ou aux dents, et rien ne me plaît tant que de voir dessous une goutte rouge se former pour dire que c'était trop tôt, que la croûte va revenir encore.
Mais vous vous faites mal à vous, insiste le docteur-à-oreilles. Ben ça doit être pour me punir de m'effondrer pour de telles broutilles.
Mon père en parle tranquillement à la ronde en appelant ça mes auto-mutilations sans avoir l'air de trouver ça anormal ou grave ou juste important.
Ce soir gros coup de mou, larmes faciles et chaudes, un peu subitement, probablement dû à l'oubli des petits bonbons du matin. Tentative de discussion, d'explications à mon papa après question directe de sa part - finalement. Mais je ne saurais dire ce qu'il a, et s'il a, compris.
Et, comme face à ma mère, je suis incapable de répondre à la question "qu'est-ce qu'on peut faire pour toi ? Dis-nous." Alors ils en restent là.
C'est les gars de l'aviron finalement qui ont le plus remarqué. Ou demandé. A la fac pas trop. Ma tante a été beaucoup moins "judgmental" que j'aurais cru, en babysitt juste à l'évocation, sans voir, certains ont été très compréhensifs, pas choqués. Mais au club déjà la semaine dernière ils avaient demandé pourquoi le bandage sur ma main gauche, j'avais détourné la question, et un peu plus tard je le refaisais et ils ont vu, et ils ont insisté un peu plus, n'ont pas compris tout de suite, peut-être pas compris du tout. Cette semaine un autre me demande encore pour la bande, je dis que c'est moi, que je me suis griffé, avec quoi ? ma main droite. Il m'a prise par l'épaule et tourné ça en dérision un peu, c'était presque pire que l'incompréhension, je ne sais pas si c'était vraiment pour se moquer ou au contraire sa manière d'apporter un peu de soutien et de dire qu'il avait entendu.
Le soir au dîner de Noël je n'ai pas mis le bandage, me demandant finalement si ça n'attirerait pas moins l'attention ainsi. Mais non en fait, et d'autres ont demandé, et j'ai bafouillé un truc genre "c'est personnel". Je crois que ça voulait dire c'est entre moi et moi, ou ne vous inquiétez pas, personne ne m'a battue ou agressée, c'est juste moi, volontairement.
Pourquoi ai-je refusé de le voir, en ce 9 décembre enneigé ? Par fierté, pour ne pas être à sa disposition...? Lui peut-être aurait su, connaît peut-être ça, aurait compris. Il aurait pris doucement ma main et su dire les bons mots. Ou pas.
Je voudrais à la fois qu'on ne me pose plus de questions et garder les marques, ça me fait quelque chose auquel porter attention. J'aurais dû les faire à un endroit moins exposé. Je teste la douleur qui diffuse dans la peau quand je passe le doigt dessus, je gratte en peu les croûtes pour les récupérer à l'ongle ou aux dents, et rien ne me plaît tant que de voir dessous une goutte rouge se former pour dire que c'était trop tôt, que la croûte va revenir encore.
Mais vous vous faites mal à vous, insiste le docteur-à-oreilles. Ben ça doit être pour me punir de m'effondrer pour de telles broutilles.
Mon père en parle tranquillement à la ronde en appelant ça mes auto-mutilations sans avoir l'air de trouver ça anormal ou grave ou juste important.
Ce soir gros coup de mou, larmes faciles et chaudes, un peu subitement, probablement dû à l'oubli des petits bonbons du matin. Tentative de discussion, d'explications à mon papa après question directe de sa part - finalement. Mais je ne saurais dire ce qu'il a, et s'il a, compris.
Et, comme face à ma mère, je suis incapable de répondre à la question "qu'est-ce qu'on peut faire pour toi ? Dis-nous." Alors ils en restent là.