Dimanche 29 juin 2008 à 12:35

Que c'est beau !

Attendue, accueillie, hospitalité allemande : ils nous pretent leurs propres vélos - et pas des moindres - nous guident, nous proposent, nous invitent, ou nous laisse faire selon notre envie...  Que c'est bien !
1er début de grandes vacances depuis longtemps, nous ne résistons pas au plaisir du sommeil ou de la somnolence matinale ; petit-déjeuner nourrissant, vélo...

Notre premier hote est à demi malade, il ne fera pas le concert ; nous allons à la Philarmonie (le nom est doux avec l'accent d'ici) pour la générale. La salle nous coupe le souffle, tellement elle est extra-ordinaire, d'abord difficilement appréhendable dans sa forme non symétrique, avec ses balcons  et ses avancées de sièges qui entourent la scène. Et le son ! L'acoustique, la résonnance, appelez ça comme il vous plaira, c'est juste parfait je crois. Nous nous sommes logées dans un petit coin au fond à droite entre les voix d'alti et les contrebasses de l'orchestre, avec une partie de l'harmonie. Sous ses dreadlocks le joueur de tuba, en attendant ses mesures est plongé dans un livre, et son instrument se tient debout à son coté. Les alti forment un bel ensemble, vibrant, qui nous protège des aigus quelques peu criards des sopranes, de l'autre coté ; et j'admire l'espèce de calme et de bonhomie des contrebasses, au mouvement posé des archets, quand les notes rapides que les violons égrennent nous parviennent par-delà les flutes et les clarinettes.
Le Requiem allemand de Brahms est quelque chose qui peut bien vous prendre aux tripes par moments. Les premiers passages portés par toutes les voix du choeur qui semblent vouloir prendre de l´élan, je crois que j'ai failli pleurer.

Et le lendemain soir, pour le concert, assises en loge princières, c'était encore plus beau. On peut suivre, avec les respirations du choeur, comme la légère vague qui soulève les partitions dans les mains des choristes, la tourne de page qui a l'air de déferler sur scène, les archets des violons tendus vers le ciel avant de se rabattre, et la lumière beige, douce, qui veux ne pas gêner.

      


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Dimanche 22 juin 2008 à 22:20

Oué, pasqu'il y a la métaphysique, et puis la métalinguistique, aussi. C'est quand tu refléchis à ce que tu dis dans sa forme langagière en fait, mais si tu vas voir c'est facile.

  Hier, au lieu de comme la plupart de tout le monde déambuler pour écouter de la musique ou bien faire de la musique en regardant déambuler les gens, j'ai regardé Bones sur M6 replay.
Oui je sais c'est pas normal, moi qui ne suis pas du tout intéressée par la télévision et tout ce qu'il y a dedans en règle générale, voilà que je vais chercher sur internet les épisodes que je n'ai pas pu voir, c'est très pas normal, mais ce sera pour un prochain post.

Et soudainement (ou pas, je sais plus), j'ai saisi tout le sens de l'expression "mettre en joue". Pour moi c'était tellement synonyme de "viser" que les deux mots ne faisaient plus qu'un dans leur signification probablement. J'avais plutôt imaginé que "joue" était l'écho d'un vieux vocabulaire visuo-occulaire aux racines oubliées, je n'avais jamais pensé au mouvement réel : pour viser avec un fusil, on appose la crosse contre sa joue. Et oui.
Cette expression n'est donc pas issue d'une symbolique de la vision, mais bien du geste nécessaire au soldat pour pouvoir viser.
Dingue !

Une autre : le terme "affection", il a l'air de rien comme ça, tranquille. Quand on s'aperçoit qu'il est utilisé dans deux contextes très différents : l'amitié, les relations entre les gens "j'ai de l'affection pour toi" ; et la médecine, la maladie, la gêne "il a été très affecté par..." "elle a une affection de poitrine" "vos capacités attentionnelles sont affectées par la dépression".
Mais alors comment comprendre cette - gentille (?) - expression de j'ai de l'affection pour toi ? Je te file une angine de poitrine en fait ? Je t'affecte, le sentiment que tu éprouves pour moi te gêne dans tes mouvements, embarasse ton développement  normal ?
C'est très stoïcien comme vision des choses : il ne faut rien éprouver, protégeons-nous des influences extérieures, surtout l'amour et l'amitié qui nous entravent. Parce qu'avoir de l'affection ce serait être affecté par un élément extérieur.
Si quelqu'un a une explication sur l'origine de ces termes, je suis preneuse !

Allez une dernière : ma "petite" soeur - 17 ans 1/2 - vient de réaliser que non non, on ne dit pas vacarNe mais vacarMe. En vrai de vrai :o)


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Mercredi 18 juin 2008 à 19:53

Pas tout à fait la quille, c'est juste qu'elle approche dans le temps ; mais vraiment j'avais imaginé ce mois de juin plus reposant... et je ne sais pas ce que j'en fait, mais je me trouve coincée encore, emprisonnée toujours dans des horaires, à devoir courir, à ne pas pouvoir dormir (le matin), à dormir quand même (l'après-midi) et à accumuler les retards, en stage, en baby-sitting, chez le médecin, et la palme : hier j'étais chez ma prof de chant à 18h30 au lieu de 17h :o)
   sachant d'ailleurs que le cours était initialement à 16h et j'ai appelé pour le décaler d'une heure : je voulais faire une siesteuh.


Mais bientôt, bientôt ça va être bon...
Enfin on verra. Peut-être, mais je sens qu'à Berlin on ne va pas chômer, ils vont se venger c'est sûr, des kilomètres que je leur ai fait parcourir à pieds à Paris en février... et on va se coucher tard sûrement, papoter jusqu'à plus d'heure, refaire le monde en anglmand, mais ça c'est de la bonne fatigue ça, pour ça j'accepte de me lever tôt, comme dit l'autre là.

En attendant je vais encore courir. Dimanche il y aura peut-être une petite pause mais sinon je vais courir. J'ai cours demain et vendredi matin, je sors demain soir, je dois préparer mon anniversaire pour vendredi, je babysitte l'après-midi, j'ai stage lundi et mardi matin, encore baby-sitting, et ma valise pour mardi soir - est-ce qu'on a une valise en état d'ailleurs !?? - qu'il faut que je prépare parce qu'ensuite j'enchaîne sur presque un mois...

Ciao les gens, adieu Paris, allons voir ailleurs si l'air n'est pas meilleur et les gens plus légers, si la langue est plus douce en allemand, en anglais, les enfants plus riants et si la vie enfin m'aidera à retrouver quelque part au fond moi la motivation que j'ai perdue de vue.


(oups me revoilà en retard)

Vendredi 6 juin 2008 à 15:01

13h45, ma copine prépare son oral, on a déjà eu la présentation de l'école par un membre du directoire puis par les étudiants qui nous entourent sans faute depuis ce matin à la descente du train.
C'est assez impressionnant, et même si Dieum'enpréserve je n'aimerai pas du tout faire du commerce, ça donne presque envie. Tout le monde à l'air fort sympathique, ils ont des jolis sweat à leur nom, les locaux sont très bien, il y a plein de possibilités de formations et d'options différentes, plein de pays dans lesquels partir, plein d'encouragements pour pleins d'initiatives.
Bon la qualité des cours je sais pas ; mais je vois ma vieille fac pourrie où l'on se bat pour avoir le droit à des polys... que n'ai-je envie de faire du commerce !

Les oraux approchent, ils se sont tous bien sapés, et me voilà toujours en jean-converses, au milieu de tous ces commerciaux en puissance... ça me fait rire et ça m'inquiète en même temps : que deviendront-ils tous ? Des patrons sans scrupules - sans même s'en rendre compte, des chefs ne s'intéressant qu'au profit plutôt qu'à des employés humains, emportés par la machine "entreprise" qu'ils croyaient connaître et de l'intérieur de laquelle ils pensaient maîtriser la situation... ?
Bon c'est de la caricature là. Quoique, après tout il y en a bien qui existent des comme ça, et ils ont été jeunes étudiants au BDE.

***

Les Capulets et les Montaigus donc

vive ma petite soeur que j'ai dû remplacer pour une sortie d'école et qui m'a relayée en retard, je suis arrivée à l'Opéra l'ouverture déjà en train. Je n'ai pas pu avoir ma place et ai donc passé toute la première partie sans voir les sur-titres... J'ai donc décidé de me concentrer sur les voix.
Quand j'arrive ils sont un paquet à choyer leur épée, d'ailleurs y'a du sang partout, ça a éclaboussé le sol et les murs, apparemment ça fait que les conforter, ils lustrent leurs armes de plus belle, c'est la guerre.
Il y a conseil de famille semble-t-il, ici ils sont tous en rouge, les airs sont vindicatifs, les épées levées, petite accalmie pour le ténor qui évoque Juliette. En fait c'est Tybalt, bien sûr, je ne le comprends que plus tard, et il y a projet d'union pour Juliette et lui.
Arrive un jeune homme en noir. Surprise, le chant est féminin. C'est donc un rôle travesti. Elle doit agir en homme, ou en jeune homme plutôt, farouche et tendu, et jongle avec sa voix entre les registres. Ce n'est pas encore brillant, pas trop trop à l'aise aux extrêmes. 
 
La scène suivante nous découvre Juliette, seule dans sa chambre. Elle chante bien sûr. Mais Juliette a un amoureux et pas moi, alors je ne vois pas de quoi elle se plaint d'abord, elle ne m'intéresse pas. Mais Anna Netrebko si. Déjà elle a des beaux cheveux, une belle robe, et sa voix, ronde et légère comme une bulle de savon pêche qu'on carresserait de la joue. Ce n'est pas toujours absolument égal, mais pour une phrase ou deux le son est magnifique. Certes ses [a] sont un peu trop postérieurs, c'est le russe ça, on l'entend pas mal respirer. Ca me gêne au début et puis ça s'insère dans le personnage.
Lorenzo le prêtre ami introduit alors... Roméo ! Mais c'est mon travesti (ben non j'avais rien compris, mais j'avais pas les sur-titres vous dis-je !) !
Alors voilà qui est étrange. Roméo et Juliette se retrouvent et s'enlacent, se disputent aussi un peu (je n'ai toujours pas les sur-titres), et sont joués par deux femmes. Même si Joyce DiDonato a fait un travail ciselé pour les attitudes, les gestes qui évoquent vraiment le jeune homme encore mince, le petit chef de famille, tendu par le devoir vers son destin mais qui est entièrement amoureux d'Elle ; dès qu'elle chante on ne peut ignorer son timbre tout à fait féminin. L'effet est bizarre, d'autant que Roméo se retrouve plus petit et fluet que Juliette, femme.
Je ferme les yeux un peu, pour essayer de ne qu'entendre la scène. Peut-être qu'ainsi on accède juste à l'expression de l'amour réciproque, qu'il paraisse doublement féminin en en représentant un autre ou des autres...
Je m'inquiète de n'entendre pour l'instant qu'un dialogue, que des chants alternés, je ne voudrais pas me mettre à comparer les voix, qui sont à la fois trop proche et trop différentes. Qu'est-ce que ça donnerait avec un ténor ? Un baryton ?
Enfin voilà qu'elles se mêlent, s'enrubannent, et ça marche bien. C'est beau ! que c'est beau.

Une église maintenant, la confrontation s'annonce ardue, la colère paternelle dévastatrice, l'affrontement imminent, sanglant.
On a là un quintette de luxe, 3 voix d'hommes - Tybalt, Lorenzo et le père de Juliette - 2 voix de femmes - Juliette et Roméo. Et elles survolent en alternance, la maîtrise est très agréable, les voix sont mieux chauffées (surtout chez Roméo, même s'il a du mal à se faire entendre en médium). 

Au retour de l'entracte je réccupère ma place officielle, avec sur-titres.
Juliette erre dans l'église, entourée de combattants morts. C'est là que Lorenzo lui propose son poison, lui expliquant que la gravité de la situation exige qu'elle ait ce courage. Bien sûr nous on sait. Que ça va mal finir. Mais on sait qu'elle se réveillera de ce semi-poison, mais elle s'inquiète, cette expérience proche de la mort, une peur la saisit. Elle ne pourra plus rien voir, plus rien maîtriser. Et si ça se passait mal ?
Mais c'est la seule solution. Elle absorbe la drogue et avant de tomber, supplie son père, qui ne veut rien entendre, de la pardonner. Il reste droit dans sa sévérité, dans son histoire de guerre et de bataille qui se transmet, et sa fille s'écroule à ses pieds.

Roméo attend. Il ne sait rien encore. C'est au moment de croiser le fer avec Tybalt, que l'amant et l'amoureux, ô ironie du sort, apprennent ensemble la mort de Juliette.
Il y a concours d'anéantissement et de douleur, Roméo supplie Tybalt de l'achever.

Et puis il y a la scène du caveau. Le caveau familial de ses ennemis, taché de sang encore, dans lequel Roméo devient fou de douleur. Si jeune, si c'est pas malheureux. Mais il n'acceptera pas de vivre encore, dans un monde pareil, s'il n'y a pas Juliette. La voix de Joyce DiDonato donne enfin sa rondeur aussi, pleine et touchante. Il croit qu'elle se réveillera, il voudrait le croire, mais bien sûr il divague. Il fait sortir ses compagnons d'arme et boit le poison. La douleur l'assoit loin du corps. Ce corps qui semble respirer ; et Juliette qui l'appelle, se redresse (mes voisins japonais ne devaient pas maîtriser l'histoire, ils ont été très surpris).

Et c'est ça qui est terrible dans Roméo et Juliette, c'est qu'on s'est déjà désespéré avec Roméo sur la mort de Juliette, et rebelote quand elle se réveille et comprend le sacrifice de Roméo. Et mort compte triple quand, Roméo abattu sur la dalle du cimetière, Juliette choisit la même issue.
Arrivent les deux clans, et comme il n'y avait pas de lettre explicative pour calmer tout le monde, les soupçons se portent de partout et ils avancent menaçants, les épées tendues, face à face piétinant les cadavres de ces deux-là.


Les applaudissements furent torrentiels, c'est Roméo qui salue en dernier, je pensais que ce serait Juliette. Le chef aussi.
Robert Carsen a fait une mise en scène sobre mais pas insupportablement "je fais moderne avec rien de rien sur scène". Costumes qui recadrent dans une époque révolue romantique. Tout de même bien loin heureusement d'Heidi à la montagne que nous avait offert Louisa Miller.
L'épée et ses bruits, le rouge éclaboussé placeront le contexte. Les mouvements sur scène n'handicapent pas les chanteurs, renforcent le texte. 

Je comprends que Traou pense que c'est le (?) meilleur qu'on ait pu voir ici.


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Jeudi 5 juin 2008 à 23:36

de retour tout juste de l'Opéra
trop crevée pour compte-renduter
j'essaye de tout garder en tête ; escapade demain à Strasbourg ; puis promis j'écris !







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